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7 mai 2009

Le jade sous toutes ses couleurs Les amateurs de

Le jade sous toutes ses couleurs

Les amateurs de jade seront certainement d’accord avec le dicton chinois suivant : « L’or peut être estimé, mais le jade est inestimable. » Pourquoi donc cette pierre suscite-t-elle un tel engouement? Réponses puisées dans la vie d’hier et d’aujourd’hui.

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Dragon en jade de Hetian Un ruishou (animal porte-bonheur) en jade blanc et bleu

L’INCRUSTATION d’un disque de jade dans les médailles d’or des Jeux olympiques de Beijing 2008 avait une signification bien particulière. Pour les Chinois, l’or est le symbole de la noblesse, et le jade, celui de l’élégance. L’incrustation du jade dans l’or est la combinaison de l’or et du jade, soit noblesse et élégance, ce qui, dans la culture traditionnelle chinoise, signifie l’union parfaite. Avoir choisi de fabriquer les médailles de cette façon reflète donc l’estime que vouent les Chinois à l’esprit olympique et l’honneur qu’ils confèrent aux sportifs.

L’inestimable valeur du jade

Ces années-ci, le prix du jade augmente à un rythme surprenant en raison de la rareté croissante de la matière première et de l’accroissement rapide de la demande. Selon des statistiques, le jade blanc de Hetian coûtait 100 yuans le kilo à la fin des années 1970, 6 000 yuans en 1995, et plus de 10 000 yuans en 2000. Son prix dépasse aujourd’hui 1 million de yuans le kilo et continue encore d’augmenter. Par rapport au jade blanc que l’on trouve en Chine, la jadéite du Myanmar est plus coûteuse; son prix peut être dix fois et même cent fois supérieur à celui du jade blanc.

Plaque_en_jade_de_Hetian
Plaque en jade de Hetian

En Chine, pays riche en jade, la culture entourant cette pierre a une histoire de plus de 7 000 ans. Dans l’État de Chu, pendant la période des Printemps et Automnes (770 – 476 av. J.-C.), un sculpteur de jade nommé Bian He vit un phénix tomber sur une pierre dans une montagne. Puisque, selon la légende, le phénix est considéré comme un oiseau divin et ne devrait donc pas tomber sur une pierre ordinaire, Bian He jugea que cette pierre devait être un jade. Il alla donc offrir cette pierre au roi de son État. Toutefois, le maître de jade de la cour identifia ce jade comme une pierre ordinaire. Très en colère, le roi fit couper le pied gauche de Bian He qui fut accusé d’avoir voulu tromper le roi. Après le décès du roi, Bian présenta aussi cette pierre au successeur du roi défunt. Le nouveau roi la fit également examiner par le maître de jade de la cour, et ce dernier arriva à la même conclusion que la fois précédente. Bian He dut alors se résigner à perdre son pied droit. Après le décès de ce deuxième roi, son fils, le prince Wenwang, monta sur le trône. Tenant la pierre dans ses mains, Bian alla pleurer au pied de la montagne pendant trois jours et trois nuits. Ayant appris ce fait, le roi Wenwang fit demander pourquoi il était si triste. Bian He répondit : « Je ne pleure pas la perte de mes deux pieds, mais le fait que ce jade soit considéré comme une pierre ordinaire et qu’un homme loyal soit considéré comme un fourbe et soit condamné. » Le roi Wenwang fit alors tailler et transformer cette « pierre ». Effectivement, elle s’avéra être un trésor précieux, même au niveau mondial. Cette pièce de jade fut alors baptisée He shibi, du nom de Bian He.

Par la suite, cette He shibi fut transportée dans l’État de Zhao. En 283 av. J.-C., apprenant que cette pierre se trouvait dans cet État, le puissant État de Qin proposa de l’échanger contre quinze villes. C’est ainsi que la He shibi tomba finalement dans les mains de l’État de Qin. C’est de cet événement qu’est né le proverbe Jia zhi lian cheng qui signifie littéralement « avoir la valeur de plusieurs villes »; on l’utilise pour désigner une chose qui a une valeur inestimable.

La He shibi devint ainsi le sceau d’État des Qin. Puis, le dernier empereur de cette dynastie des Qin (221 – 207 av. J.-C.) offrit le sceau à Liu Bang, premier empereur de la dynastie des Han de l’Ouest (206 av. J.-C. - 24 apr. J.-C.). Dans les dernières années de cette dynastie, quand se produisirent des disputes pour le pouvoir, le sceau en jade de l’État, symbole du pouvoir impérial, tomba par terre et un de ses angles se brisa. Les artisans décidèrent alors de réparer la partie cassée avec de l’or, ce qui donna naissance à nouveau type d’artisanat : l’incrustation de l’or dans le jade, un procédé que l’on a employé dans la fabrication des médailles des Jeux olympiques de Beijing.

Les cinq « vertus » du jade

Sur terre, on trouve des milliers de types de roches, mais seulement quelques centaines sont appelées « jade ». Dans le Shuo Wen Jie Zi, le premier dictionnaire chinois, Xu Shen (de la dynastie des Han de l’Est, 25-220) a défini le jade comme une jolie pierre dotée de cinq vertus. Cependant, les critères d’évaluation du jade ont différé selon les périodes. Plusieurs facteurs contribuaient à les déterminer, notamment le niveau culturel, le type de traitement, le niveau scientifique, l’idéologie, la conception esthétique, ainsi que les besoins de la société. Avec le développement social, des pierres qui n’étaient pas du jade furent quand même considérées comme du jade. Citons les cas du jade de lis, du corail et des stromatolites. Ces pierres, qui étaient destinées à la cuisson de la chaux, au pavage des routes ou à la construction des bâtiments, étaient considérées comme du jade en raison de leurs particularités comme fossiles d’êtres vivants, de leurs jolis motifs ou de leur signification acquise au cours de l’histoire.

Jad_ite_vitreuse_laokeng
Jadéite vitreuse laokeng

Après son traitement, le jade naturel se répartit en plusieurs catégories. Prenons l’exemple de la jadéite (feicui, en chinois). La jadéite naturelle qui n’a pas connu d’autres traitements que le coupage, la sculpture et le polissage appartient à la catégorie A. Cette jadéite de catégorie A conserve ses caractéristiques naturelles pour ce qui est de la couleur, de la structure ainsi que de la matière. La jadéite qui est traitée par un blanchiment acidoalcalin et dont les petits orifices ont été remplis de résines synthétiques appartient à la catégorie B. Sur le marché, cette jadéite B est également appelée « jadéite blanchie » ou « jadéite baignée ». En général, son certificat de contrôle de qualité contient les termes suivants : « Traitement de blanchiment et remplissage ». La jadéite teinte est de catégorie C et on trouve aussi la jadéite dite « couverte de membranes ». Notons que la qualité de la jadéite doit être évaluée sous six aspects : couleur, transparence, structure, pureté, ciselage et poids.

Le confucianisme, une philosophie importante dans la culture chinoise, estime que le jade est noble et qu’il a cinq vertus, tel que le rapportait Xu Shen dans son dictionnaire. L’homme qui possède les cinq vertus du jade compte parmi les sages. Xu Shen a comparé les cinq qualités de l’homme aux cinq caractéristiques dynamiques et visuelles du jade. Pour lui, la brillance du jade représente la bienveillance de l’homme sage; la transparence, sa droiture; la sonorité, son intelligence. Pour ce qui est de la densité et de la dureté du jade, elles évoquent le courage du sage et les angles arrondis symbolisent son intégrité et son autodiscipline. « Pour les sages, le jade est comparable aux vertus. » Ainsi, les gens qui aiment le jade doivent agir selon les cinq vertus du jade et éviter les comportements immoraux.

Le jade dans la vie courante

Dès l’Antiquité, le jade a joué un rôle important dans la société chinoise. Les objets en jade comprenaient, entre autres, des ornements, des bibelots, des ustensiles et des articles servant aux rites.

Les parures en jade étaient les objets les plus populaires. Dans l’Antiquité, le jade était considéré comme la règle à respecter pour se perfectionner et se cultiver, mais également comme un porte-bonheur pouvant chasser les malheurs et les démons. En Chine, le port du jade est devenu nettement à la mode pendant les dynasties des Ming (1368-1644) et des Qing (1644-1911). Sous les Ming, son port était très répandu et faisait partie du mode vestimentaire et des joyaux de la couronne. Le jade se retrouvait aussi dans la tenue impériale lors du couronnement, ainsi que sur les habits de cérémonie de l’impératrice. Les membres de la famille impériale et les officiels civils et militaires portaient, selon leur grade, des ornements à base de différents types de jade. Aujourd’hui encore, on trouve des ceintures et des boucles de ceinture en jade. Sous les Qing, les parures en jade étaient plus diversifiées. On en trouvait sur des petits sacs, sur les banzhi (objet rond et étroit d’un côté qui était porté au doigt du tireur à l’arc), sur les boucles de ceinture et les barrettes à cheveux. Les ornements en jade datant des Qing portent souvent des motifs porte-bonheur tels que double poisson, cœur et héros. Les ornements en jade les plus populaires aujourd’hui sont les pendentifs et les bracelets, mais ils sont moins compliqués que ceux d’autrefois.

Sur le marché chinois, les jades les plus populaires sont le jade de Hetian et la jadéite. Le jade de Hetian est originaire de la ville de ce nom, au Xinjiang. Toutefois, ce jade est également trouvé dans d’autres régions de la Chine (notamment au Qinghai, au Liaoning, au Sichuan et à Taiwan), ainsi qu’en Pologne, en Allemagne, aux États-Unis, au Canada, en Nouvelle-Zélande et en Russie. Le jade russe est considéré comme le meilleur.

Selon la couleur et les motifs, le jade de Hetian peut être divisé en jades blanc, bleu, blanc et bleu, noir, jaune et floral. Plus transparent et de texture huileuse, le jade blanc est appelé « jade de suif ». C’est le meilleur jade de cette région. À cause de la surexploitation, le jade de Hetian, le plus répandu sur le marché, est menacé de disparition.

Le mot feicui (jadéite) tire son origine de l’oiseau portant ce nom. Le mâle est rouge, et est appelé feiniao (oiseau Fei); la femelle, verte, est appelée cuiniao (oiseau Cui). Comme la jadéite naturelle est surtout rouge et verte, on lui a donné le nom de feicui. La découverte de la jadéite date de la fin des Ming et du début des Qing, il y a près de 300 ans. Après les Qing, la jadéite s’est peu à peu répandue et est devenue synonyme de jade de première qualité. Dans le passé, les Chinois prenaient le jade vert comme porte-bonheur, croyant que le fait de le porter pouvait chasser les démons et protéger des dangers. Il s’agissait d’une aspiration à la vie heureuse, mais également d’un souhait de longévité. Cette tradition populaire est encore bien vivante.

Des experts ayant effectué de nombreuses recherches sur la jadéite ont découvert qu’elle a un effet sur la santé. Ses éléments chimiques permettent de renforcer l’immunité et le métabolisme, fortifiant ainsi le corps et améliorant la santé.

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