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Le blog de Xiu
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2 janvier 2009

La Chine de l’éternel changement « Plus ça

La Chine de l’éternel changement

« Plus ça change, plus c’est pareil », dit-on souvent. En Chine, cela ne semble pas être le cas. Depuis sa campagne de réforme et d’ouverture, le pays se métamorphose à un rythme accéléré, tout en essayant de conserver sa spécificité. Encore plus depuis que la Chine a remporté sa candidature aux Jeux olympiques, les Occidentaux découvrent avec étonnement ce pays qui se révèle sous un jour qu’ils n’avaient jamais imaginé.

«QUAND je suis venue pour la première fois en Chine, en 1986, Beijing était une ville sans édifices en hauteur. Les vélos peuplaient les rues, il n’y avait à proprement parler aucun véhicule personnel, et même les véhicules de fonction étaient rares. Le rythme de vie était lent; nulle part les gens ne m’avaient semblé travailler très fort », me confie une amie qui vit à Beijing depuis un an. Quand je suis moi-même arrivée à Beijing, en 1994, cette situation n’avait pas encore beaucoup changé. Il y avait des taxis en grand nombre et les grues de construction parsemaient le ciel de la capitale. Les constructions en hauteur poussaient comme des champignons, car il était urgent d’améliorer la situation de l’habitation. En effet, à cette époque, beaucoup de Chinois devaient encore s’entasser dans des logements vraiment très exigus.

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L’avenue Chang’an en 1980

Après des années de développement économique, les voitures privées ont envahi les grandes villes chinoises.

Dans ces années-là, on parlait beaucoup des entreprises publiques et de leur nécessaire passage à l’économie de marché, et on étudiait divers moyens de le faire sans trop bouleverser la vie des travailleurs. On procédait à tâtons, par essais et erreurs. Xia hai ou plonger dans la mer de l’économie de marché pour s’enrichir commençait timidement à attirer les fonctionnaires de l’ancienne économie planifiée.

Le grand déclic de la consommation

Au tournant du millénaire, couplés au phénomène grandissant de la mondialisation (qui a fait entrer en Chine de plus en plus d’entreprises et d’enseignes étrangères qui étaient attirées par son vaste marché) et à l’intégration de la Chine dans l’OMC en 2001, les profits, plutôt que l’aspect social, sont devenus la préoccupation centrale des entreprises chinoises, et l’enrichissement, celle des particuliers. La société chinoise est alors entrée dans un tourbillon de développement et a été prise d’un appétit de consommation. Les investissements boursiers ont également attiré beaucoup de Chinois qui y ont vu un moyen plus rapide de s’enrichir. Avec la réforme du logement, plusieurs ont acheté l’appartement qui leur était auparavant fourni à très bas prix par l’employeur ou en ont acheté un neuf au prix du marché. Des centres commerciaux ultramodernes ont remplacé les magasins où la notion de marketing semblait n’avoir jamais existé, et les restaurants ont cessé de fermer tôt en soirée pour accueillir les clients qui arrivaient de plus en plus tard. Beijing est peu à peu devenue une grande ville internationale où, comme partout dans le monde, les soirées ne se passent plus nécessairement à la maison devant le téléviseur.

De prime abord, c’est donc une évolution très matérielle qui frappe l’étranger qui vit depuis un certain temps dans la société chinoise. « Il y a onze ans, à mon arrivée, se rappelle un de mes amis, la vue de ma fenêtre d’hôtel était plutôt triste. Sur l’autoroute en contrebas, il n’y avait à peu près que des Volkswagen Santana bordeaux ou bleu marine. Aujourd’hui, l’automobile est devenue accessible à la classe moyenne chinoise, et le client a le choix entre toutes les marques du monde et les modèles les plus récents. Même chose pour l’architecture. Il y a dix ans, on construisait déjà beaucoup, mais la plupart des bâtiments en chantier restaient encore très stéréotypés. Aujourd’hui, les grandes villes chinoises font appel aux plus grandes signatures de l’architecture mondiale pour se reconstruire. »

Malgré l’aspect positif de cette évolution matérielle, nul ne peut fermer les yeux sur les problèmes qui ont surgi à la suite de ce développement à grande vitesse : pollution, disparité de revenus entre les villes et les campagnes et fossé entre les nouveaux riches des tours d’habitation de luxe et tous les gens pauvres, dont les travailleurs migrants. Par contre, on ne peut nier que, depuis la réforme et l’ouverture, le gouvernement a sorti des millions de personnes de la pauvreté. À l’heure actuelle, pour créer un développement équilibré, gage d’une véritable société harmonieuse, le gouvernement travaille à mettre en place un système de sécurité sociale pour tous et à améliorer le sort des paysans. Sa tâche est toutefois bien loin d’être terminée…

La transformation des mentalités

grands_parents
Les grands-parents veillent toujours à la cohésion de la famille.

Les trente dernières années ont donné beaucoup plus que des changements matériels. « Mon salaire a augmenté de plus en plus, mais mon statut a aussi changé. Avant la réforme, les travailleurs intellectuels n’étaient pas très bien vus. Après, je suis devenu un travailleur à part entière », me confi

e un ancien collègue de travail. En effet, dans de nombreux domaines, les valeurs, la mentalité et les habitudes des Chinois ont effectivement changé. L’Occident a également cessé d’être un ailleurs mystérieux.

Sur ce dernier point, le pas franchi a été passablement grand, si l’on en juge par ce témoignage d’une Chinoise qui vit maintenant à l’étranger : « Il y a trente ans, j’avais découvert une revue sur le bureau de mon père. C’était Shijie Zhichuang (Fenêtre sur le monde). Les photos en noir et blanc me montraient des paysages d’autres continents et les articles me parlaient de gens dont les yeux et les cheveux n’étaient pas de la même couleur que nous, qui ne mangeaient pas de riz à chaque repas, ni de jiaozi pour le réveillon du Nouvel An... Bref, c’était un monde lointain. »

Alors qu’il y a une dizaine d’années encore, même dans les plus grandes villes, un Occidental attirait les regards, il passe maintenant inaperçu. Grâce aux médias et aux contacts directs avec des gens de toutes les nationalités, les Chinois ne les idéalisent plus. Une normalisation des rapports de même que des échanges beaucoup plus fructueux en ont découlé.

Par ailleurs, malgré la séduction qu’exerce toujours un grand nombre d’habitudes occidentales (vêtements, alimentation, etc.), une fierté grandissante dans le potentiel de la nation chinoise a aussi vu le jour au sein de la population. Le confucianisme n’est plus fustigé et on se rend compte que la culture chinoise classique peut avoir une utilité, peut-être autant que l’apprentissage de l’anglais qui est pourtant très en vogue. Même les gens ordinaires sont de plus sensibilisés aux problèmes auxquels est confronté leur pays et beaucoup participent à la recherche de solution. La question de l’environnement et l’importance grandissante des ONG dans ce domaine en est un bon exemple.

Finalement, dans le grand cadre mondial, la Chine affirme de plus en plus sa place actuelle et celle qu’elle pourra occuper dans l’avenir. Par ricochet, au cours de ce processus d’ouverture où la Chine coopère de plus en plus avec des institutions de l’étranger, l’Occident découvre également une Chine avec laquelle il va devoir vivre : plus sûre d’elle-même et offrant des valeurs différentes. Toujours un peu exotique, parfois menaçante, mais de plus en plus attirante.

Alors, est-on désormais en présence d’une Chine éternelle ou d’une Chine de l’éternel changement? Quoi qu’il en soit, on peut d’ores et déjà dire qu’il y a encore des gens qui font du taï chi au petit matin ou qui chantent de l’opéra de Pékin dans les parcs. De plus, les grands-parents veillent toujours à la cohésion de la famille, une valeur de base en Chine, tout en s’occupant du rejeton des jeunes parents qui souffrent de plus en plus du stress qu’impose leur nouveau rythme de vie…

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