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Le blog de Xiu
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29 juillet 2008

Le 14 décembre 2005, à Guilin (Guangxi), le

Le_14_d_cembre_2005

Le 14 décembre 2005, à Guilin (Guangxi), le célèbre cinéaste Zhang Yimou a mis en scène « Impression de Liusanjie », une représentation donnée dans un décor naturel de montagne et de rivière de Guilin et inspirée par les chants folkloriques zhuang.

Le chant folklorique chinois a été un trésor caché pendant des millénaires. Avec l’ouverture de la société, il a révélé sa beauté artistique. Cependant, il n’est pas sorti indemne de son choc avec le monde contemporain. D’un côté, le chant folklorique doit être protégé comme un héritage culturel, de l’autre côté, il faut qu’il s’adapte pour être plus populaire dans le pays et dans le monde entier. Ce paradoxe est le défi auquel doivent faire face les musiciens chinois de chants folkloriques.

C’EST une mélodie qui sort de presque toutes les lèvres et des téléphones portables. La chanson Yueliang zhishang (Sur la Lune) du duo Fenghuang chuanqi (Légende du phénix) fait un carton auprès des jeunes Chinois. Sur un rythme de rap, elle mêle mélodie pop et chant foklorique mongol en langue mongole. Cet assemblage hétéroclite de styles semble être la nouvelle mode de la chanson actuelle, baptisée xin minge (new folk).

Le_17_d_cembre_2007
Le 17 décembre 2007, la chanteuse populaire Zhang Liangying chante Molihua (Le Jasmin) au Poly Plaza, à Beijing.-------------------------------CFP

Le tube Yueliang zhishang est non seulement répété en boucle à la radio et à la télévision, mais il a été aussi l’un des premiers téléchargés sur Internet en 2007. Il n’est pas le seul à profiter de l’engouement du public pour le new folk. Beaucoup d’autres chansons de ce style sont populaires parmi les jeunes. Les chants folkloriques reviennent sur le devant de la scène musicale chinoise. Comment expliquer ce nouvel engouement?

Mai Tian, un Chinois de 26 ans, donne son explication : « Quand j’étais enfant, ma mère me chantait souvent des chants folkloriques comme Zaina yaoyuan de difang (À un endroit très lointain) de Wang Luobin. Je ne connaissais pas le sens des paroles, mais sa mélodie était vraiment belle. Maintenant, j’ai compris l’histoire d’amour qu’elle racontait et désormais elle est gravée dans ma mémoire. » Il se met à fredonner doucement cette chanson puis continue : « Quand j’étais à l’école, j’écoutais souvent Xintianyou (un chant de ma région dans le nord de la province du Shaanxi) à la radio et à la télévision, et j’ai chanté aussi cette chanson pendant une soirée de classe. Les mélodies des chants folkloriques ont bercé toute mon enfance. »

La passion du chant folklorique ne date pas d’hier. Le véritable engouement remonte à une vingtaine d’années, lorsque le chant folklorique a été redécouvert. Cette mode a d’abord touché la génération des parents avant celle des enfants.

Dans les années 1980 et 1990, le chant folklorique est sorti de son isolement. Né dans les petits villages de campagne, il est entré dans les villes grâce à la radio et à la télévision. Il s’est même propagé dans le monde entier. Zaina yaoyuan de difang a été repris par Paul Robinson aux États-Unis et par le ténor espagnol José Carreras. De plus, cette chanson figure dans les manuels du Conservatoire de Paris. L’influence du chant folklorique chinois en Occident semble même remonter plus loin puisque le célèbre opéra Turandot de Puccini (1924) comprend un couplet reprenant un chant folklorique des Han de la province du Jiangsu intitulé Molihua (Le Jasmin).

Une tradition millénaire

Populaire aujourd’hui, le chant folklorique chinois a pourtant connu ses heures de gloire par le passé. Sa première trace date de la Période des Printemps et Automnes (770 av. J.-C.- 476) durant laquelle des paroles de chants ont été rapportées dans le Livre des Odes. Sous la dynastie des Han de l’Ouest (206 av. J. C. – 24 apr. J.-C.), l’empereur a fondé un département baptisé Yuefu, spécialement dédié à la collecte des chants folkloriques. Grâce au travail de ce département, le chant folklorique ancien a pu être conservé et classé dans des registres. Durant les dynasties suivantes, comme les Tang (618-907), Song (960-1279), Yuan (1271-1368), Ming (1368-1644) et Qing (1644-1911), chaque dynastie possédait des chants folkloriques typiques à elle. Le contenu du chant folklorique chinois reste riche, évoquant tous les aspects de la société, tels que la religion, l’amour, la guerre, le travail, le loisir, le sacrifice, etc.

La_statue_de_sable Le_28_octobre_2007
La statue de sable de Wang Luobin, considéré comme le "père du chant folklorique moderne chinois", dans la Cité des sculptures de sable du site désertique Kumtag de la ville de Yurpan (Xinjiang)
Le 28 octobre 2007, le duo Fenghuang chuanqi (Légende du phénix) donne une représentation au Festival international du chant folklorique de Nanning (Guangxi). -----------------------------------------------

Cependant, la diversité des langues et des ethnies ainsi que les distances géographiques ont limité la diffusion des chants folkloriques dans la société. De style varié, les chants issus des 56 ethnies qui composent la population chinoise se sont cantonnés à leur région. Il faut attendre les années 1930 et 1940 pour voir ces barrières linguistiques et culturelles levées grâce à un musicien de Beijing, Wang Luobin.

Ayant voyagé à travers toute la Chine avec une troupe d’artistes et l’armée chinoise, il a eu l’occasion de découvrir la diversité des chants locaux. Il a adapté, en 1938, Qingchun wuqu (La Danse de la jeunesse), chant traditionnel du Gansu et Dabancheng de guniang (La Fille de Dabancheng), de l’ethnie ouïgoure du Xinjiang ; et en 1939, Zaina yaoyuan de difang, un chant local de la province du Qinghai. Ces chansons sont considérées comme des précurseurs du chant folklorique moderne chinois. Son initiative a permis de le faire connaître à un large public.

Ses albums sont restés populaires jusque dans les années 1980. Wang Luobin a fait beaucoup d’émules qui sont partis dans les villages isolés de Chine à la recherche de chants purs et authentiques. Un trésor abondant était en train d’être redécouvert. Tout en voulant diffuser le chant folklorique dans la société, Wang Luobin souhaitait en conserver l’authenticité. Ses œuvres montrent qu’il a toujours privilégié la mélodie d’origine.

Différence de goût entre les générations

C’est sous cette forme traditionnelle que le grand public a découvert le chant folklorique. Mais aujourd’hui, il revient dans un style mélangé, le new folk. S’il a gagné le cœur des jeunes Chinois, il a perdu celui des adultes. Par exemple, la chanson Yueliang zhishan ne fait pas l’unanimité auprès des personnes de 40 ans et plus. « J’aime beaucoup le chant mongol Aobao xianghui (Rencontre devant le Aobao, monticule de pierres gravées de soutras, NDLR), et je vais souvent au karaoké avec mes amis. Mais je ne peux pas du tout accepter Yueliang zhishang, je le trouve un peu bizarre... », confie Mme Zhang Limin, 50 ans, qui aime par ailleurs les chansons pop à la mode de Hong Kong et Taiwan. Pour d’autres adultes, le new folk mélange trop de styles et empêche d’apprécier les chants folkloriques chinois dans leur authenticité.

Wang_Yadi
Wang Yadi, devant la porte de l’École de musique du Conservatoire de Shanghai.

Les musiciens d’aujour-d’hui, conscients de cette différence de goût, sont pris entre leur devoir de protéger le trésor folklorique et les nécessités commerciales. Ayant rencontré des musiciens contemporains de chanson folklorique, le journaliste Duan Xiaowei explique : « En fait, ces musiciens connaissent bien leur responsabilité dans la préservation du chant folklorique, mais ils savent aussi que ces chants sont un peu archaïques et n’attirent pas les jeunes. Or, le marché musical s’adresse essentiellement aux jeunes. Et paradoxalement, les jeunes Chinois réclament de la chanson pop mêlée de folklore. Donc les musiciens d’aujourd’hui s’adaptent en composant des chansons au style mélangé. »

Wang Yadi, qui étudie le chant fol-klorique au Conservatoire central de Chine, regrette cette tendance : « Nous voulons diffuser le chant authentique et pur, mais nous, professionnels du chant folklorique, ne pouvons le faire connaître qu’à un petit public d’amateurs. Par exemple, les programmes de chant folklorique à la CCTV ont beau être nombreux, leur audience n’est pas bonne. Même si beaucoup de concerts ont lieu à Beijing et dans toute la Chine, on retrouve souvent le même public d’amateurs. »

Le chant folklorique est, à l’image de l’histoire de la Chine, millénaire et nourri par de nombreuses influences qui ont façonné la culture chinoise. Il fait partie intégrante de l’identité des Chinois, et comme elle, il s’adapte en permanence à son époque. Le trésor folklorique est encore loin d’être épuisé tant la richesse de son patrimoine est grande. Exploré inlassablement, il suscite toujours l’intérêt des Chinois. Les controverses de goût qu’il provoque sont la meilleure preuve de sa vitalité. ?

Wang Luobin, « le père du chant folklorique moderne chinois »

Wang Luobin est né en 1913 à Beijing. En 1934, il a été diplômé du département musical de l’École normale supérieure de Beijing.

En 1937, il entre dans la Troupe artistique de la région Nord-Ouest de la Chine et participe à la résistance contre le Japon dans le Gansu où il découvre les chants folkloriques authentiques. En 1949, Wang Luobin entre dans l’armée. Il est en garnison dans le Xinjiang.

Ayant étudié la musique pendant plusieurs années, le jeune Wang tombe tout de suite sous le charme des chants folkloriques. Il décide de les faire connaître au grand public. Il collectionne, arrange, adapte et traduit plus de 700 chants folkloriques appartenant à une dizaine d’ethnies. Il écrit également quantité de chants folkloriques influencés par le style de l’Ouest de la Chine et publie 8 albums de chansons folkloriques. Son travail permet aux chants folkloriques de l’Ouest de se répandre non seulement en Chine mais aussi à l’étranger. Il est considéré comme « le père du chant folklorique moderne chinois ».

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