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Le blog de Xiu
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8 juin 2008

De simples paysans à volontaires modèles : une métamorphose en 19 jours

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Au début de février dernier, alors que beaucoup de Chinois retournaient dans leur famille pour célébrer la fête du Printemps, la Chine du Sud (et particulièrement le Hunan) subissait les pires rigueurs climatiques des dernières décennies; des routes et des tronçons de chemin de fer ont été bloqués par la neige et des villes et villages ont connu de longues pannes de courant. De nombreux Chinois ont envoyé des dons aux gens des régions sinistrées, mais treize paysans du village de Dongbalipu (ville de Tangshan, province du Hebei) ont décidé de faire plus : ils se sont rendus à leur frais au Hunan et ont offert gratuitement leurs services. Tangshan ayant été, en 1976, pratiquement détruite par un séisme, ils ont senti qu’en retour de l’assistance qu’ils avaient alors reçue, ils devaient aller sur place aider leurs semblables à traverser cette épreuve.

TROIS jours avant la fête du Printemps, Yin Fu, 60 ans, faisait comme d’habitude sa promenade matinale dans les rues en terre de son village. Il était alors bien loin de se douter que sa vie était tout juste sur le point de prendre un nouveau tournant. C’est que, depuis quelques jours, Song Zhiyong mijotait un plan : se rendre au Hunan avec des collègues paysans pour offrir de l’aide. Selon lui, les dons en argent ne pouvaient pas tout régler. Il avait même déjà puisé dans ses économies pour louer une camionnette et acheter des pelles, des pioches et des gants. Ce matin-là, malgré l’avis de sa femme qui doutait de la réussite de son plan, il avait décidé de trouver d’autres paysans du village qui accepteraient de le suivre dans son expédition. Quand il en a parlé à Yin Fu, ce dernier a immé-diatement acquiescé. Et, dans les trente minutes qui ont suivi, il allait en être de même pour onze autres paysans, âgés de 19 à 62 ans.

Une expérience de vie mémorable

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Song Zhiyong et ses collègues n’ont pas hésité à accomplir les travaux les plus durs.
Photos fournies par le département des communications du district de Yutian (Hebei)

Le départ a eu lieu le lendemain. Au volant de la camionnette bien identifiée « Équipe paysanne de lutte contre la catastrophe de neige », il aura fallu vingt-cinq heures à Song Zhiyong (le seul à pouvoir conduire) pour couvrir les quelque 3 500 km séparant Dongbalipu de Changsha (capitale de la province du Hunan). Sur place, les autorités ont été surprises de l’offre du groupe, mais elles ont indiqué que les besoins les plus pressants étaient à Chenzhou (une ville plus au sud) : des lignes électriques situées dans les montagnes étaient à reconstruire et le Bureau de l’électricité avait besoin de 2 000 personnes. « J’ai eu l’impression de gagner à la loterie », confie M. Song, pour exprimer ses sentiments quand il a appris qu’on avait du travail pour eux. Malgré leur joie, les treize paysans allaient avoir la vie dure pendant leur séjour au Hunan : travailler au moins dix heures par jour (et parfois jusqu’à seize) dans les montagnes, devoir s’habituer à une nourriture pimentée et dormir dans une petite auberge humide sans chauffage; travailler avec des vêtements détrempés qu’on arrive difficilement à faire sécher le soir; et, bien sûr, l’éloignement de leur famille durant la fête la plus importante de l’année pour les Chinois. Ces paysans ont travaillé comme manœuvres dans une vingtaine de chantiers et réparé une dizaine de pylônes. De l’avis de la plupart, le transport des pylônes était une tâche particulièrement complexe. « Dans ces moments-là, malgré les douleurs ou la fatigue, personne ne pouvait lâcher, car cela aurait été catastrophique pour les autres, confie Wang Jinlong, 19 ans. Certains jours, nous étions tellement fatigués que nous nous couchions sans même prendre le temps de manger. » Les villageois se sont montrés particulièrement chaleureux envers ces paysans : ils leur ont offert 36 000 yuans et suffisamment de choses pour remplir leur camionnette. Toutefois, chacun a pris soin de remettre volontairement ces dons à des œuvres caritatives locales. « Nous y étions allés pour donner, pas pour recevoir », déclare fièrement M. Song. Lors de leur départ, près de 1 000 personnes sont venues les saluer et les remercier.

Le tourbillon médiatique

Aujourd’hui, ces treize paysans ne songent qu’à reprendre leur travail habituel, mais la presse les talonne pour connaître plus de détails sur leur expérience. Dans leur région, les autorités aux différents échelons et la Croix-Rouge ont déjà souligné leur dévouement en leur remettant des certificats honorifiques. Toutefois, des internautes ont mis en doute leurs motivations. Philosophe, M. Song répond aux critiques en disant : « Chaque chose a un bon et un mauvais côté. C’est à chacun de juger. » Une phrase de Wang Baozhong, un membre du groupe, traduit bien les sentiments de tous : « En tant que paysans, notre tradition, c’est de s’entraider. » Et Yang Guoming de renchérir : « Ensemble, on peut résoudre toutes les difficultés. » Une belle leçon pour nos sociétés où règne l’individualisme... 

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