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Le blog de Xiu
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18 janvier 2008

Les relations, la base de la vie du village

Un village chinois sous la loupe
Une série d’articles qui vous dévoilera la vraie vie des habitants du village de Baishibu, en Chine du Nord. Un aperçu bien vivant de la campagne chinoise.

Baishibu est un village de 1 500 personnes. Il se trouve à l’ouest de la ville de Laiyang, préfecture de Yantai, province du Shandong. Pour s’y rendre à partir de Laiyang, il faut faire tout d’abord 6 km de route en ciment et puis 1 km de route de terre.
Ce village a trois rues importantes, mais elles ne sont pas bien pavées. Des maisons basses sont alignées et chacune a une grande cour en ciment où l’on étend les céréales pour les faire sécher. Tous les champs cultivés sont en dehors du village.
Dans ce patelin de 420 familles, 99,9 % des habitants portent les noms de famille Yan ou Fang et tous vivent principalement de la terre. Ces dernières années, toutefois, grâce au développement économique de la Chine, certains ne font plus seulement la production de céréales et leur niveau de vie s’est amélioré : ils font de la pisciculture, vendent des légumes ou revendent sur le marché une partie de la récolte d’autres familles.

DANS la Chine d’aujourd’hui, la réforme et l’ouverture ont entraîné un développement économique rapide, ce qui a amélioré sensiblement la vie des gens, surtout dans les grandes villes. Toutefois, ces derniers ont de plus en plus tendance à rester isolés les uns des autres, parce qu’ils ne se font pas confiance. Alors que les citadins se plaignent des relations de plus en plus distantes qui existent, même entre voisins, les villageois de Baishibu mènent une vie tout à fait différente. Ils quittent souvent leur maison sans même fermer la porte à clé, car tout le monde se connaît et entretient des relations simples et cordiales avec les autres. Par exemple, les gens s’entraident souvent et vont même jusqu’à aider les célibataires à se trouver un ou une partenaire. En général, leurs relations sont basées sur les liens familiaux et l’amitié, mais elles s’ajustent aussi selon les différentes circonstances de leur vie.

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Une noce, l’occasion de rassembler cinq générations d’une même famille Que c’est agréable de bavarder de tout et de rien!

Les relations familiales : importantes dans les grands moments

Lors des mariages, des funérailles ou de la naissance d’un enfant, c’est le lien de parenté qui joue un rôle crucial. Cependant, les relations se passent différemment selon le niveau où elles ont lieu dans la grande hiérarchie familiale. Cette hiérarchie est d’abord formée du clan, constitué par toutes les familles portant le même nom; puis il y a la lignée, qui regroupe cinq générations de familles nucléaires; et la famille nucléaire (à laquelle s’ajoutent souvent les grands-parents).

Au sein du clan, les relations sont à leur strict minimum et se manifestent seulement en deux occasions : à la fête du Printemps et lors d’un décès. À la fête du Printemps, chaque personne doit offrir ses vœux de bonne année à tous les aînés du clan auquel elle appartient. Et si un membre de ce clan décède, il faut ajouter son nom sur le rouleau de la généalogie familiale. Expliquons-le un peu. Il ressemble à une grande peinture sur rouleau illustrant Yudi (l’Empereur de jade) et de sa femme Wangmu (déesse de l’Immortalité); ce couple incarne les plus lointains ancêtres de la famille. Le rouleau montre aussi une scène de célébrations de la fête du Printemps, ainsi que les noms des hommes décédés et de leur épouse.

Lors de la fête du Printemps, ce rouleau est suspendu à la fenêtre nord de la salle principale de la maison appartenant à l’aîné des hommes qui occupe la place la plus importante au sein de sa lignée respective. Citons un exemple. Fang Congli a deux frères cadets et une sœur cadette. Comme ses parents sont déjà décédés, c’est lui qui est responsable de garder le rouleau de la généalogie.

Un fait est à remarquer: lors du décès d’une femme, son nom n’est pas inscrit sur le rouleau. En effet, selon la tradition locale, après leur mariage, une fille devient membre de la famille de son mari et est considérée comme une « eau jetée » (po chu qu de shui). C’est donc sur le rouleau de la généalogie de la famille de son mari que son nom sera inscrit, à titre d’épouse.

Au sein de la lignée, les relations s’avèrent plus étroites que celles dans le clan, en particulier dans les moments les plus importants. Par exemple, lors du décès de l’un des membres d’une lignée, les personnes des cinq générations qui la composent doivent aller présenter leurs condoléances aux gens de la famille immédiate du défunt. Si une personne se blesse, les gens de la même lignée doivent aller la voir et lui offrir des cadeaux. Lors de la fête du Printemps et de la fête de la Mi-Automne, il faut échanger des cadeaux entre les membres de la lignée. Par exemple, on offrira du poisson, du poulet ou du lait aux aînés.

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Un dur labeur

Au sein d’une telle lignée, chaque famille a sa place dans l’ordre des générations. Celle-ci se reflète dans le prénom de l’homme ou de la femme (mais la place de l’homme est plus importante). Règle générale, le prénom chinois est composé de deux ou trois caractères, et à Baishibu, on utilise le premier caractère pour faire connaître son rang dans l’ordre des générations. Citons l’exemple de M. Yan Gaoli. Tous les Yan dont le premier caractère du prénom (ici, Gaoli) est « gao » sont de sa génération, et il doit les appeler frère ou sœur. Ceux ayant « de » comme premier caractère appartiennent à la génération qui précède la sienne et il doit les appeler oncle ou tante. Ceux ayant « gang » sont de la génération qui suit la sienne, et il doit les appeler neveu ou nièce. Ceux ayant « sheng » sont de la génération qui suit les « gang », et il doit les appeler petit-fils ou petite-fille. Ainsi, quand ils se rencontrent, les villageois s’interpellent en fonction de la génération à laquelle chacun appartient, au lieu de le faire simplement par leur prénom.

Bien évidemment, ce sont dans les familles nucléaires que les relations sont les plus étroites, et chaque membre de la famille a ses propres obligations. On dit que l’homme s’occupe de l’extérieur, c’est-à-dire gagner l’argent, alors que la femme s’occupe de l’intérieur. Cela signifie élever les enfants, nourrir et vêtir toute la famille, prendre soin des beaux-parents et entretenir de bonnes relations avec les autres villageois pour bien « sauver » le menmian (la face) de la famille. Règle générale, le fils est plus important que la fille. En effet, lors du décès des parents, c’est lui qui héritera de toute la fortune. En revanche, le fils devra subvenir aux besoins des parents, alors que la fille n’a pas cette responsabilité. Cependant, sous d’autres aspects, comme l’éducation, les deux sont égaux.

Les relations au travail : surtout basées sur l’amitié

Au travail, les familles proches n’ont pas l’obligation de s’entraider, car les relations se fondent surtout sur l’amitié.

Comme chaque famille nucléaire cultive environ 10 mu (1 mu = 1/15 ha), durant la saison de la culture, incluant celle des récoltes, tous ses membres sont très occupés. Cependant, si l’une de ces familles a terminé les travaux des champs avant les autres, elle aide souvent les autres familles avec lesquelles elle a forgé de bonnes relations. Par exemple, Yan Gaoli est le bon ami de Fang Congjun qui n’est ni un parent, ni un voisin. Au printemps, puisque M. Fang n’a pas d’instruments aratoires, quand M. Yan a fini de labourer ses champs, il aide la famille de M. Fang à labourer les siens. Alors, au moment de la fête de la Mi-Automne et de la fête du Printemps, M. Fang offre toujours des cadeaux (poisson, alcool, poulet, etc.) à M. Yan. De temps à autre, ce dernier aide également d’autres familles à labourer leurs champs. Alors qu’autrefois il recevait souvent des cadeaux en compensation de son aide, depuis deux ans, en raison du développement économique, l’argent a remplacé les cadeaux.

Ces dernières années, on observe aussi un nouveau phénomène. Au temps de la moisson, des gens qui ont fini leur récolte vont travailler temporairement dans d’autres villages pour gagner de l’argent. Ils gagnent généralement de 30 à 50 yuans par jour.

Des relations étroites dans les temps libres

En dehors du travail, les liens de parenté ou d’amitié sont moins importants dans les relations entre les villageois. Tôt le matin, il n’est pas rare de voir des hommes bavarder de tout et de rien dans les rues du village. En soirée, le divertissement principal est de regarder la télévision, de rendre visite aux amis et de jouer aux cartes, puisqu’il n’y a pas de parcs, de bars, de restaurants ou de karaokés dans le village.

Prenons encore l’exemple de Yan Gaoli. En été, il préfère fréquenter les magasins du village, parce que les villageois s’y réunissent souvent pour jouer aux cartes. Durant la saison de la récolte, après le dîner, il va tout de suite chez d’autres villageois pour bavarder et rentre chez lui vers 20 h 30. En hiver, comme il n’y a pas de travaux dans les champs, il joue aux cartes jusqu’à 23 h avec d’autres villageois.

Règle générale, les femmes ne sortent pas le soir, parce qu’elles doivent faire le ménage et s’occuper des enfants. Le jour, toutefois, elles aiment se réunir sous un arbre pour bavarder. Leurs sujets de discussion concernent toujours leur propre famille ou d’autres familles du village : quelle famille a un nouveau bébé; qui a réussi ou a échoué à l’examen d’entrée à l’université; qui se marie avec qui; etc. Par exemple, la fille de M. Yan travaille à Beijing, loin de la région, et sa femme se fait souvent poser des questions: « Où ta fille travaille-t-elle ? Combien gagne-t-elle? Est-elle mariée ? Combien gagne son mari ? » Bien sûr, ces femmes n’ont pas de mauvaises intentions, elles sont tout simplement curieuses.

L’économie de Baishibu est beaucoup moins développée que celle des grandes villes, mais les habitants s’y sentent très heureux. Voici une anecdote révélatrice à ce sujet. En mai dernier, la fille de M. Yan a invité ses parents à venir habiter chez elle pendant un an. Or, seulement un mois plus tard, ils étaient déjà rentrés dans leur village. En fait, dans le quartier de Beijing où habite leur fille, les habitants ne communiquent guère entre eux. Alors, quand M. Yan ou sa femme tentaient de parler avec d’autres (même avec des voisins), ils ne voyaient guère de sourires. Malgré une vie matérielle plus aisée, ils regrettaient la vie simple de Baishibu et se disaient: « La vie ne serait-elle pas plus heureuse si les gens pouvaient réussir à enlever leur masque et à communiquer, ne serait-ce d’abord qu’avec leurs voisins? »

Big-bisous à toutes et à tous. @+Domi&Xiu.ReporterchineXiu

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