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Le blog de Xiu
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28 septembre 2007

Pourquoi cet intérêt croissant pour l’histoire ?

De plus en plus de gens considèrent la visite d’un musée comme un cours d'histoire.

p16Un documentaire de 12 épisodes intitulé Renouveau des grandes puissances a été diffusé sur la chaîne de l’économie de la Télévision centrale de Chine vers la fin de 2006. La vente du livre du même nom a eu lieu au même moment. Il semble que ce documentaire ait offert aux Chinois un nouvel horizon à leur intérêt croissant pour l’histoire: la Chine dans le cadre de l’histoire mondiale.

On dit que l’attitude des Chinois envers l’histoire est contradictoire. D’un côté, ils sont fiers de leur brillante histoire plusieurs fois millénaire, mais de l’autre, ils souffrent toujours des humiliations de l’époque contemporaine. Au milieu du XIXe siècle, défaite pendant les deux guerres de l’Opium, la Chine a été forcée de signer nombre de traités inégaux, de céder des terres et de verser de l’argent aux envahisseurs étrangers. Or, chose intéressante, l’histoire de cette époque est devenue une partie importante des « recherches de l’heure sur l’histoire ». Des personnages historiques jadis détestés et perçus comme haineux font leur apparition à tour de rôle sur le petit écran et dans des livres et racontent leur propre histoire.

Chérir l’histoire

Les Chinois gardent toujours la tradition d’avoir une haute estime de l’histoire. Certains experts sont allés jusqu’à dire que la Chine prend l’histoire comme une religion. L’histoire des dynasties a toujours été racontée dans des Shilu (Récits). Par exemple, les Ming Shilu (Vrais récits des Ming) comprennent 133 volumes et ceux des Qing, 60 volumes.

La position des historiens chinois était relativement indépendante. On dit que même les empereurs n’avaient pas le droit de lire les Récits portant sur leurs faits et gestes. Évidemment, ce n’est qu’une légende. L’empereur Qianlong, le grand favori des épisodes télévisés, est celui qui a le plus remanié les Récits. Il faut souligner que la Chine ne manque pas d’historiens fidèles à l’histoire. Sima Qian (env.145 ou 135 av. J.-C.) auteur de la plus importante œuvre historique intitulée Shiji ( Mémoires historiques ), en est un exemple éloquent. Mécontent de sa fidélité aux principes historiques, l’empereur l’a torturé. Cela n’a point ébranlé la conviction et les principes de Sima Qian qui a finalement terminé cette grande œuvre.

Le Pr Yi Zhongtian écrit des livres sur l’histoire et donne des conférences sur ce sujet; tous sont hautement appréciés du grand public.

p17En Chine, l’histoire rédigée par des autorités s’appelle l’histoire officielle, et celle transmise par des voies populaires est nommée l’histoire non officielle. Les gens du commun ne recevaient pas toujours une éducation officielle sur les connaissances historiques. Dans la plupart des cas, ils les acquéraient à travers des conteurs populaires et des opéras traditionnels. Résultat : ils connaissaient mieux l’histoire non officielle. Certaines populations apprenaient l’histoire dans des activités de loisirs. En tant que sociologue, M. Lei Yi estime que, au sein de la population chinoise, la tradition de l’histoire récréative a trouvé une nouvelle plateforme contemporaine : la télévision. M. Er Yuehe est celui qui, dans la partie continentale de Chine, a perçu la plus forte somme en droits d’auteur; pourtant, il n’a commencé sa création littéraire qu’à 40 ans. Ce montant important est dû à ses séries romancées sur les différents empereurs. Ses œuvres comme Kangxi Dadi (L’empereur Kangxi) et Yongzheng Huangdi (L’empereur Yongzheng) ont toutes été adaptées pour des séries télévisuelles de fiction. Certes, dans le milieu littéraire, des doutes et interrogations existent sur ses œuvres. Il faut tout de même avouer que cet écrivain conserve toujours une attitude sévère envers ses œuvres. Ce n’est qu’après avoir consulté quantité de documents historiques qu’il commence à écrire. Cela est bien différent des œuvres d’autres écrivains qui veulent surtout parler des secrets et anecdotes juteuses sur les empereurs, les querelles entre les impératrices et les concubines; ces futilités ne correspondent guère à la réalité historique.

L’écrivain Wu Si est un spécialiste du roman historique. Il pense que l’intérêt actuel des Chinois pour l’histoire est un phénomène tout à fait normal. C’est une tradition historique. Dans une certaine mesure, c’est un contre-courant à l’idéologie figée sur la littérature historique qui a été prônée à partir des années 1950 et surtout pendant la « révolution culturelle ». D’après M. Er Yuehe, à l’époque, beaucoup de problèmes historiques ont été politisés. Des chercheurs sur l’histoire, effrayés par les sanctions qui auraient pu découler de leur inattention, n’arrivaient plus à réfléchir et à choisir indépendamment et de leur plein gré. Certains mouvements politiques de l’époque ont été justement à l’origine de recherches et discussions sur des évènements historiques.

À partir des années 1980, la liberté s’est accrue en matière de recherches littéraires. Des experts et des gens ordinaires avaient la possibilité de regarder l’histoire sous tous les angles. « Nous devons ce changement à notre époque. On a pu enfin prendre connaissance des points de vue de recherches autres que celles des manuels officiels d’histoire », révèle M. Er Yuehe. Le Pr Xiao Hong, directeur adjoint du Centre d’éducation artistique de l’université Qinghua, ajoute : « On éprouve de la curiosité, on cherche, on sent même de la révolte. On ne sera jamais satisfait des connaissances historiques qui seront fournies à travers des systèmes et des canaux stricts et officiels. L’époque où l’historien écrit l’histoire est révolue à jamais. »

La fièvre de l’histoire non officielle

Dans une société traditionnelle, il semble que l’on s’intéresse davantage à l’histoire non officielle. Cela est prouvé par le tirage des ouvrages historiques. Actuellement, les ouvrages historiques représentent 30 % des succès de librairie, immédiatement après les ouvrages littéraires. L’intérêt des gens pour l’histoire se traduit souvent dans leur passion pour des ouvrages, des films, des séries télévisuelles sur le sujet. « Certains films ou séries télévisuelles deviennent parfois très populaires pendant un court laps de temps, l’attention des gens se porte vers des personnages historiques ou certaines dynasties », nous explique M. Liu Kai, rédacteur en chef adjoint de la Maison d’édition Jinghua.

Des étudiants de l’université de Beijing participent à une cérémonie traditionnelle au moment où ils atteignent l’âge adulte

p18De nombreux historiens chinois considèrent les œuvres de l’historien Ray Huang (1918-2000), qui a reçu une formation stricte en histoire aux États-Unis, comme la référence. Adoptant le style de la fiction, son ouvrage 1587, A Year of No Significance, achevé en 1976, a été refusé par plusieurs éditeurs des États-Unis et a finalement été publié par la maison d’édition de l’Université Yale en 1979. Ce livre a été publié en 1982 par la Maison d’édition Zhonghua, celle qui, en Chine, fait autorité pour les livres historiques. Le premier tirage de 27 500 exemplaires a été rapidement vendu et on n’a cessé de rééditer cet ouvrage. 1587, A year of No Significance n’est pas facile à lire; il faut beaucoup de connaissances historiques de cette époque. Pourtant, ce livre présente aux auteurs et amateurs de livres historiques un autre style de rédaction et de lecture. L’écrivain Wu Si fait le commentaire suivant : « Pour moi, les livres de Ray Huang libèrent l’esprit. Après avoir lu ses œuvres, mes pensées se sont libérées et j’ai eu la sensation que mes yeux s’ouvraient. Je comprends que l’histoire puisse être écrite ainsi. »

Jusqu’aujourd’hui, les auteurs de livres historiques en vogue sont pour la plupart des écrivains non professionnels. Par exemple, l’auteur des livres historiques qui sont le plus vendus, le Pr Yi Zhongtian, enseigne l’esthétique. Il est devenu une vedette de la télévision en donnant des conférences sur les personnalités historiques dans une émission sur la chaîne de l’éducation de la Télévision centrale de Chine. Plusieurs maisons d’édition voulaient acheter le droit de publication d’un de ses livres. Ce professeur a déjà touché cinq millions de yuans, rien que pour le premier tirage de 550 000 exemplaires. Il explique l’histoire par la théorie de « la nature humaine ». Selon lui, « pour toute personne, quels que soient sa position sociale et ses succès personnels, la nature humaine est inchangeable et éternelle. »

Internet constitue un autre médium permettant de satisfaire l’intérêt du public pour l’histoire. Un auteur actuellement très en vogue, qui écrit dans Internet des articles sur l’histoire, est en réalité un fonctionnaire de 26 ans. Ses articles ont déjà été lus par plus de 6 millions de personnes. Son livre a été vendu à 200 000 exemplaires. Il écrit l’histoire d’une façon populaire ou romancée. Il considère les personnages historiques comme des « personnes » comme les autres et réfléchit à partir de leur propre point de vue.

                                                         Le documentaire Le Palais impérial

p19Cette façon d’écrire est appréciée du public, mais ne l’est pas par les milieux scientifiques. Un célèbre critique nommé Qin Xiaoying estime que, à strictement parler, les livres de cette nature sont une autre forme de contes, car ils sont trop empreints de subjectivité. Cela dit, ce genre d’ouvrages correspond aux besoins de lecture du grand public. Selon une enquête, 62 % des lecteurs lisent des livres historiques pour être guidés dans leur vie actuelle. Avec l’élévation du niveau de vie, les gens s’intéressent de plus en plus à l’histoire. Soixante-huit pour cent des lecteurs lisent ce type de livres pour enrichir leurs connaissances. Les œuvres professionnelles difficiles à comprendre ne sont certainement pas leur premier choix. Ils préfèrent des livres, films, documentaires, séries de télévision populaires et faciles à comprendre.

Beaucoup d’amateurs d’histoire veulent, à travers les connaissances historiques, trouver des solutions à leurs problèmes actuels et libérer leur sentiment de mécontentement découlant des difficultés de la vie actuelle. L’écrivain Xu Zhiyuan, qui tient une rubrique dans un journal, estime que, dans l’idée que se fait le public sur l’histoire, celle-ci est réduite à des luttes, manœuvres et machinations, et la cruauté y a sa place. On s’intéresse beaucoup aux « règlements dissimulés », une expression inventée par l’écrivain Wu Si. Ce dernier pense que ces règlements secrets, ou pas assez convenables pour être déclarés ouvertement, décident en quelque sorte du processus de l’histoire. Dans la société chinoise actuelle, ces règlements sont largement utilisés, dans la concurrence commerciale par exemple. Pour M. Xu, cette fièvre actuelle pour l’histoire va, en fin de compte, contre l’esprit même de l’histoire. À travers ces règlements, les gens essaient de trouver tout autant des consolations valables pour expliquer les échecs qu’ils essuient dans la vie actuelle que des arguments théoriques pour donner une légitimité à leurs gestes. Il faut dire que la vraie valeur de l’histoire réside dans sa richesse et son ouverture. Aucun élément ne peut jouer à lui seul un rôle absolu dans des incidents historiques.

Connaître la véritable histoire

Tout le monde ne peut pas devenir historien professionnel. Toutefois, beaucoup de personnes cherchent à s’informer sur la véritable histoire et cet intérêt des gens devient la force motrice qui fait avancer la recherche dans ce domaine. Dans la vogue de la lecture de livres historiques, de nombreux classiques de ce type de littérature ont été réédités et ont obtenu des succès de vente remarquables. Même parmi les téléfilms, certains essaient de s’appuyer sur des recherches historiques sérieuses. Citons un exemple : le téléfilm Vers la république. Il présente la tentative d’établissement d’une république avant la chute de la dynastie des Qing (1644-1911), dernière dynastie de la Chine. En 2005, il a suscité beaucoup de discussions dans la population.

Faxian (Découverte), une émission de documentaires historiques, attire un groupe relativement stable de téléspectateurs en Chine. À la surprise générale, le documentaire Le palais Impérial a obtenu une cote d’écoute très élevée. Renouveau des grandes puissances est un autre documentaire très apprécié du public. À travers ce téléfilm, on s’est aperçu que, grâce au progrès de sa propre force, la nation chinoise est de plus en plus confiante en elle-même; parallèlement, elle commence à prêter attention à l’histoire mondiale et à sa place dans ce grand cadre.

Big-bisous à toutes et à tous. @+Domi&Xiu.ReporterchineXiu

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