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Le blog de Xiu
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3 avril 2009

Voyage au pays du thé Plongée dans l’univers des

Voyage au pays du thé

Plongée dans l’univers des thés les plus anciens et les plus célèbres de Chine.

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Une plantation de thé Oolong au Fujian

CHAQUE année, le mois de mars est la saison de la première cueillette du thé en Chine. Les villages, paisibles les jours ordinaires, s’activent subitement. La gaieté anime les foyers. Les outils de tout genre pour la cueillette sont prêts. Dans certains villages, des cérémonies traditionnelles sont organisées pour remercier la manne du ciel. Le thé en cette saison coûte extrêmement cher, en raison de sa qualité, de ses propriétés riches et multiples et aussi de sa quantité limitée.

Depuis l’Antiquité, la Chine est réputée pour sa production de thé. Sur la route de la Soie reliant l’empire du Milieu à la région arabe et à l’Europe, le thé était une marchandise d’aussi grande valeur que la soie. La Chine produit une grande variété de thés, parmi lesquels le thé Oolong (thé semi-fermenté), le thé vert et le thé noir sont les plus connus. Les régions productrices se trouvent essentiellement dans les montagnes reculées de la Chine du Sud et du Sud-Ouest. Elles sont cernées par de hautes montagnes, baignées dans des nuages et des brumes, offrant un panorama magnifique.

Xishuangbanna au Yunnan : pays du thé Pu’er

Shaiqing
Shaiqing (faire sécher le thé fraîchement cueilli), une étape du processus de production du thé Pu’er

Le Xishuangbanna a toujours été une célèbre région touristique du Yunnan par ses paysages naturels et mystérieux et ses coutumes de l’ethnie dai. Ces dernières années, avec le commerce croissant du thé Pu’er, un nouvel itinéraire touristique s’est dessiné, comprenant les six montagnes boisées de vieux théiers, notamment les régions de Jinghong, Yiwu, Xiangming, Mansai et Mengyang.

Les six montagnes racontent l’histoire, plusieurs fois millénaire, du thé Pu’er. Parmi les nombreuses montagnes du sud du Yunnan, il en existe six d’environ 1 000 m d’altitude reliées entre elles. Les vieux théiers se concentrent essentiellement dans la forêt vierge, située à 800 m d’altitude et couvrant une superficie de plus de 20 000 km2. D’après la légende, le théier serait né dans cette région.

À partir du milieu du XXe siècle, on a commencé à trouver progressivement, notamment dans les régions de Pu’er, Banna et Lincang, les théiers vivants les plus vieux du monde. Le plus jeune est âgé de 700 ans, et le plus vieux, de 3 200 ans.

Yiwu
Dans le district de Yiwu du Xishuangbanna, la cour de la famille Che renferme un panneau doré offert par la cour impériale, au milieu du XIXe siècle.

La vente du thé à l’extérieur de la région du Xishuangbanna pourrait remonter à l’époque antérieure aux Qin (221 av. J.-C.). Mais selon les archives historiques, ce commerce a réellement commencé pendant la dynastie des Tang (618-907). Les principales zones de débouchés étaient la Plaine centrale de Chine, le cours inférieur du Yangtsé, le Sichuan, le Tibet et l’ancienne Inde. Sous les dynasties des Ming (1368-1644) et des Qing (1644-1911), le thé Pu’er étant devenu le thé de la cour impériale, sa célébrité a atteint son apogée. Aujourd’hui encore, dans le district de Yiwu du Xishuangbanna, la cour de la famille Che renferme un panneau doré offert par la cour impériale, au milieu du XIXe siècle, en l’honneur de la contribution de ce thé à la dynastie. Encore aujourd’hui, les habitants de cette région en sont fiers.

À cette époque, Pu’er était le centre de collecte et de distribution du thé. La cour impériale avait créé une administration spéciale chargée exclusivement de la production et du commerce du thé à Pu’er, d’où son nom, qui désigne une variété de thé vert. Durant cette période, le commerce du thé Pu’er couvrait déjà toute la région du Sud-Est asiatique et une partie de l’Asie du Sud. Le transport du thé Pu’er y était très actif. La province du Yunnan étant une région montagneuse boisée, les mabang et niubang (caravanes de chevaux et de bœufs), assuraient l’acheminement du thé. Il y a environ 1 300 ans, de nombreuses mabang, conduites par des Han, s’activaient déjà entre le Yunnan et d’autres provinces chinoises. Aujourd’hui, beaucoup d’habitants du district de Yiwu ont des ancêtres ayant été caravaniers.

Yiwu est un petit bourg du Xishuangbanna, célèbre pour son thé. En 736, une mabang dirigée par un Han, Liu Hancheng, parvint avec peine à la forêt vierge située à 1 300 m d’altitude dans le nord du district de Mengla du Xishuangbanna, et s’y arrêta pour ouvrir des maisons de thé appelées Tongqing. Ce fut les premières maisons de thé du coin. Au cours des deux siècles suivants, beaucoup d’autres maisons de thé ouvrirent leurs portes. L’apparition de ces magasins et le commerce florissant du thé transformèrent entièrement cette forêt vierge en bourgs. Ce commerce juteux incita de plus en plus de gens à s’y installer.

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Le transport de thé Pu’er est effectué par un caravanier, comme autrefois. Un gâteau de thé Pu’er

Sous la dynastie des Qing, Yiwu était un célèbre centre de production et d’exportation du thé provenant des six montagnes de vieux théiers. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. On peut voir partout des maisons délabrées et des herbes sauvages qui témoignent de la splendeur perdue et permettent d’imaginer la prospérité d’antan.

Ne soyez pourtant pas nostalgiques. On peut visiter de vieilles maisons de thé et voir le processus de production du thé Pu’er au printemps ou en automne. À l’heure actuelle, des fabricants de Yiwu traitent encore le thé Pu’er de façon manuelle, alors que cette production s’effectue déjà à la machine dans beaucoup d’autres endroits.

Le magasin de la famille Gao, qui remonte déjà à près d’un siècle, est une des maisons où le thé est encore traité manuellement. Cette famille possède une plantation de thé de plusieurs centaines de mu (1 mu = 1/15 ha). La plupart des théiers y ont plus de 100 ans. L’ancienneté de ces arbres attire même des commerçants venus de Taiwan. Aujourd’hui, la famille ne compte que trois membres. Ils se partagent la tâche du traitement du thé. La femme du patron est chargée du shaqing, c’est-à-dire de faire évaporer l’eau et l’odeur nauséabonde des feuilles de thé en les faisant sécher à haute température. Ensuite, la fille fait cuire le thé pour l’amollir, puis l’emballe dans un tissu de gaze en forme de gâteau. Elle le confie ensuite à son père, le patron.

La production d’un gâteau de thé, dernière étape du processus, est un moment crucial qui doit être achevé par l’homme. M. Gao, soulevant une grosse pierre de 10 kg, affirme : « Pour que le thé ait une forme définitive, on doit mettre une pierre sur le thé pendant au moins une demi-heure ». Cette tâche, apparemment simple, n’est pas facile du tout. D’abord elle requiert de la force. La famille Gao possède 20 grosses pierres. Il n’est pas aisé de les mettre sur les gâteaux de thé d’un seul coup. Ensuite, la technique est très importante. Comment met-on ces pierres? Et combien de temps la pierre doit-elle rester sur le gâteau de thé? Tout cela exige un savoir-faire.

Les monts Wuyi : pays du thé Dahongpao

Le thé Dahongpao, planté à Jiulongke (le foyer des neuf dragons) dans les monts Wuyi (Fujian), classés au patrimoine mondial, est un thé Oolong de première qualité.

Jiulongke est une vallée longeant le versant nord des monts Wuyi, flanquée de neuf parois en formes de dragons, d’où son nom. Le long de la vallée se tiennent six vieux théiers, plantés à même la roche. Âgés de 350 ans, ces théiers sont entourés de pierres, pareils à des bonsaïs. Bien que ces théiers ne soient pas tape-à-l’œil, ils produisent un thé à prix d’or. Une pincée de 20 g coûte 200 000 yuans. Autrefois, des soldats armés en assuraient la garde.

En fait, les théiers plantés dans les roches des monts Wuyi sont beaucoup plus nombreux. Mais depuis des siècles, grâce à son arôme fort et persistant, le thé Dahongpao est réputé être le meilleur.

Pourtant, la cueillette libre du thé Dahongpao n’est plus autorisée. En 2006, le gouvernement local en a interdit la cueillette. Le thé qu’on peut trouver sur le marché actuel provient des arbres plantés au début des années 1980.

Le temple Tianxinchan est aussi célèbre que le thé Dahongpao. Construit sous le règne de l’empereur Dezong (785-804) de la dynastie des Tang, il est le plus grand temple existant aujourd’hui dans les monts Wuyi. Les six vieux théiers Dahongpao, qui se trouvent non loin du temple, lui ont appartenu et ont été protégés par les bonzes. Chaque année, ils cueillaient des feuilles et préparaient le thé pour eux-mêmes. La technique de préparation des bonzes était réputée excellente. D’après la légende et les documents historiques, le thé produit par les bonzes était apprécié par l’empereur, ce qui a accru la notoriété de ce genre de thé.

De loin, le temple apparaît enturbanné par une brume qui laisse découvertes, çà et là, des parties de son architecture. De plus près, on peut apercevoir de hauts pins et des bambous luxuriants qui l’environnent. Le paysage est empreint de calme et de solennité. Aujourd’hui, de nombreux touristes viennent au temple y prendre le thé. Si l’on est chanceux, on peut déguster le thé produit il y a 5 ans, rencontrer les maîtres bouddhistes et parler de thé avec eux.

Xiamei
Le village de Xiamei était le centre de collecte du thé Oolong produit dans les monts Wuyi et destiné à l’exportation.

Xiamei, situé dans la partie est des monts Wuyi, est un petit village réputé pour son thé. Entouré de montagnes vertes et parcouru de ruisseaux, il offre une vue charmante. Les petits ponts, les cours d’eau et les vieilles maisons richement ornées évoquent un village du sud du Yangtsé.
Ce village était le centre de collecte du thé Oolong, produit dans les monts Wuyi et destiné à l’exportation. Des marchands venus de tous les horizons s’y réunissaient, achetaient le thé et le transportaient jusqu’aux pays du Sud-Est asiatique, voire même en Europe. Selon un document historique, durant la 19e année du règne de l’empereur Kangxi (1681), au moment où le marché du thé prospérait, trois cents bateaux partaient du village de Xiamei chaque jour.

Autrefois, il fut une étape pour les caravaniers du Shanxi qui acheminaient le thé de Wuyi vers les régions frontalières du Nord, créant une route commerciale du thé entre la Chine et la Russie.

Le commerce du thé est à l’origine de grandes fortunes à Xiamei et a formé un grand nombre de marchands. La famille Zou était réputée assez riche pour prêter à la cour impériale 500 millions de taëls en une seule fois. Sa richesse était équivalente à la moitié du trésor impérial. Il n’est donc pas étonnant que les empereurs Kangxi et Qianlong se soient rendus dans le village de Xiamei à plusieurs reprises dans l’espoir de devenir parents par alliance avec la famille Zou. Ces alliances matrimoniales étaient un fait exceptionnel dans l’histoire de la dynastie des Qing alors que, selon la loi, il était interdit à un homme mandchou d’épouser une femme han. Aujourd’hui, la visite du magnifique sanctuaire des ancêtres permet de se rendre compte de la gloire et de la richesse de cette famille.

Qimen dans l’Anhui: pays du thé noir

Le thé de Qimen, celui de la région de Darjeeling en Inde et celui du district d’Uva au Sri Lanka sont considérés comme les trois grands thés noirs dans le monde. En 1915, le thé noir de Qimen a été exposé à la Foire universelle de Panama et a obtenu la médaille d’or. Dès lors, sa réputation n’a cessé de s’étendre et ne s’est jamais ternie depuis près d’un siècle. Sur le marché international, le thé noir de Qimen est un thé haut de gamme. En Europe, il figure parmi les meilleurs thés de 16 h. On pense humer l’air odorant du printemps en le dégustant.

Dans le district de Qimen, qui se trouve dans la région touristique des monts Huangshan (Anhui), classés au patrimoine mondial, les familles travaillant dans la culture du thé représentent au moins 90 % de la population totale du district.

Chaque année, au printemps, les femmes cueillent du thé en chantant dans les montagnes boisées, tandis que les hommes s’affairent du matin au soir à torréfier le thé. Son arôme, fruité et suave, se répand dans l’air du district de Qimen et de ses environs. Autrefois, au moment de la cueillette, on donnait congé aux écoliers pour qu’ils aident leurs parents dans leur tâche. Aujourd’hui, de nombreuses écoles rurales ont conservé cette tradition.

Qimen
Qimen dans l’Anhui, pays du thé noir

En ville comme à la campagne, les habitants de Qimen ont l’habitude de boire du thé, surtout pour les occasions extraordinaires. Par exemple, au Nouvel An, on doit boire du thé pour souhaiter la prospérité du marché; au début du printemps, le thé est indispensable à la cérémonie de lancement du repiquage des plants de riz; au début de l’été, on prend le thé pour dissiper la chaleur; lors de la fête de la Lune, la dégustation du thé est aussi de rigueur; en plein hiver, boire du thé chaud à côté du fourneau est un moment agréable. En fait, les règles sont nombreuses et exigeantes : un kiosque à thé doit être installé à chaque carrefour important, ou encore, il faut prendre le thé lors d’une discussion d’affaires ou de réconciliation des différends.

Outre la dégustation du thé à Qimen, les touristes peuvent également admirer le paysage de cette région. Le site naturel de Guniuxiang, jouissant de la réputation des « monts Huangshan ouest », est bien apprécié par les visiteurs. Guniuxiang fait partie de la chaîne ouest de ces monts. Héritier de tous les beaux paysages de Huangshan, il en a conservé le calme et l’état naturel primitif. Des plantes de tous genres, des fleurs et des herbes couvrent presque tous les sentiers montagneux. On trouve, au pied des montagnes, des maisons de thé à l’atmosphère reposante. On peut y goûter de célèbres thés verts comme le Wuliqing, le thé sauvage que préparent les cultivateurs du coin, et admirer le spectacle de la cérémonie du thé.

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