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Le blog de Xiu
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17 juin 2008

Yin Xu

Le site archéologique de Yin Xu, proche de la ville d'Anyang, à quelque 500 km au sud de Beijing, fut une ancienne capitale de la fin de la dynastie des Shang (XVIe-XIe siècle av. J.-C.). Il témoigne de l'âge d'or de la culture, de l'artisanat et des sciences de la Chine antique, une période de grande prospérité de l'âge du bronze chinois. Beaucoup de tombes et palais royaux, prototypes de l'architecture chinoise postérieure, ont été mis au jour sur le site, dont l'aire du palais et les sanctuaires ancestraux royaux, où sont rassemblées plus de 80 fondations de maisons et la seule tombe d'un membre de la famille royale de la dynastie des Shang encore intacte, le tombeau de Fu Hao. Un grand nombre de superbes objets funéraires y porte le témoignage du niveau avancé de l'artisanat des Shang. Les inscriptions sur les ossements trouvés à Yin Xu et utilisés pour les oracles ont une valeur testimoniale immense sur le développement du plus ancien langage systématique écrit, sur les croyances et le système social anciens.
- Comité du patrimoine mondial, Unesco. Ce site a été inscrit en 2006.

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Une fosse où ont été déterrées des inscriptions sur os Inscriptions sur os

YIN Xu couvre une superficie d’environ 24 km2. Traversé par la rivière Huanhe, le site comprend des palais, des sanctuaires, des tombes, des ateliers d’artisanat, de même que des habitats de gens ordinaires et d’esclaves. Alors que les anciennes capitales chinoises étaient emmurées et divisées en sections, la disposition de Yin Xu est différente : elle est centrée sur le palais et les sanctuaires ancestraux royaux, et les autres sites sont disposés en cercles concentriques. Les zones inscrites dans la liste du patrimoine culturel de l’Unesco comprennent principalement les tombes royales ainsi que les palais et sanctuaires ancestraux royaux.

L’histoire

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Le ding simuwu, un chaudron à quatre pieds en bronze

Autrefois, Xiaotun (le lieu exact de découverte du site, près d’Anyang) portait le nom de Yin. Pour alléger les contradictions sociales et renforcer la gouvernance de la famille royale, à la fin du XIVe siècle av. J.-C., Pan Geng, un roi des Shang, transféra la capitale de Yan (Qufu, au Shandong) à Yin. Depuis lors, on appelle cette dynastie Shang Yin. Au XIe siècle av. J.-C., le roi Wu des Zhou lança une expédition punitive contre son homologue Di Xin, dernier roi des Shang. La dynastie des Shang fut anéantie et sa capitale, Yin, fut désertée et réduite en ruines. C’est l’origine du nom de Yin Xu (ruines de Yin).

Les zones principales

Les tombes royales

La zone des tombes royales se trouve sur la rive septentrionale de la rivière Huanhe et s’étend sur environ 450 m d’ouest en est et 250 m du nord au sud. Dès les années 1930, on a successivement déterré treize grandes tombes royales et plus de 2 000 autres tombeaux de domestiques, fouillé des fosses sacrificielles et des fosses de chars, ainsi que déterré un grand nombre d’objets en bronze, jade, pierre et poterie. Mentionnons, entre autres, le ding simuwu, un chaudron à quatre pieds en bronze, le plus grand objet en bronze à avoir été déterré dans le monde.

À titre de centre principal des tombes royales et des rites sacrificiels de la dynastie des Shang, les experts internationaux surnomment ce site « la deuxième Égypte ancienne », et il peut être considéré comme étant du même niveau que les Sept Merveilles du monde. De plus, ces tombes royales sont les plus anciennes et les mieux conservées en Chine.

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Une fosse à chars et chevaux des Shang (XVIe-XIe siècle av. J.-C.)

Plus de 2 000 tombes de moindre envergure sont disséminées parmi les tombes royales. Ce sont principalement des tombes de serviteurs et des fosses sacrificielles dans lesquelles étaient jetées les victimes que les rois des Shang offraient à leurs ancêtres. Cette coutume d’utiliser des êtres humains comme victimes sacrificielles se maintient jusqu’à l’époque des Printemps et Automnes (770–476 av. J.-C.) et s’est transformée en utilisation de guerriers et chevaux en terre cuite durant la dynastie des Qin (221–206 av. J.-C.).

Le système d’inhumation, la composition des tombes, les objets funéraires et les rituels sacrificiels sont des témoignages importants permettant d’étudier l’organisation sociale, le système hiérarchique et les relations familiales à la fin de la dynastie des Shang. Ces tombes royales représentent le niveau le plus élevé de construction des tombes royales de la Chine ancienne, et ce type de construction a été adopté comme modèle par les dynasties suivantes.

Les palais et sanctuaires ancestraux royaux

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Une fosse sacrificielle de Yin Xu (ruines de Yin)

La zone des palais et sanctuaires ancestraux royaux se trouve près du village de Xiaotun, à 5 km du centre-ville d’Anyang. C’est là que les rois des Shang résidaient et traitaient les affaires de l’État. Depuis 1928, on y a découvert les fondations de plus de 80 palais et sanctuaires ancestraux. À l’époque, pour la construction de ces bâtiments, on utilisait du lœss damé et du bois pour les fondations, des poutres de bois pour étayer la structure et du lœss damé pour les murs. Ce mode de construction a exercé une influence importante dans le développement des premières architectures de la Chine ancienne.

Le long des côtés ouest et sud de cette zone se trouve une tranchée défensive de 10 à 20 m de large et de 5 à 10 m de profond; elle est longue de 1,1 km du nord au sud et de 650 m d’est en ouest. De plus, les extrémités est et nord de cette tranchée sont reliées avec la rivière Huanhe, alors que le tout encercle le site des palais et sanctuaires ancestraux royaux. Ainsi, non seulement ce fossé joue un rôle défensif (à la manière de remparts), mais il sert aussi de mécanisme efficace de contrôle des inondations.

Les 53 fondations déterrées avant 1937 constituent la partie principale de la zone des palais et sanctuaires ancestraux royaux et sont le centre de la structure de la capitale de Yin. Les archéologues les divisent en trois groupes. Le premier comprend 15 fondations des plus anciennes constructions qui sont considérées comme les palais et résidences des rois. Le deuxième groupe est constitué de 21 fondations dont la plupart sont très grandes et reliées les unes aux autres : ce sont les sanctuaires ancestraux royaux. Finalement, le troisième groupe est formé de 17 fondations qui sont considérées comme des autels de la famille royale. Toutes ces fondations sont alignées selon la disposition typique de l’architecture palatiale de la Chine antique, avec les salles principales à l’avant, les chambres à l’arrière, les sanctuaires ancestraux à gauche et les autels à droite.

Les principaux attraits

La tombe de Wuguan

D’une superficie de 340 m2, c’est la plus grande tombe de Yin Xu. Elle a été déterrée en 1950 et a la forme du caractère chinois“中”.

Cette tombe avait été pillée avant le début des fouilles scientifiques, mais on y a quand même trouvé des objets précieux, notamment une shiqing (pierre sonore) portant le dessin d’un tigre. Cette shiqing a été sculptée sur une pierre entière, longue de 84 cm et épaisse de 2,5 cm. C’est l’un des plus anciens instruments de musique chinois à être conservés intacts.

Les fosses sacrificielles

Dans la zone des tombes royales, la fosse sacrificielle est le lieu où les rois des Shang offraient des sacrifices aux ancêtres, et autour de la zone, on en a découvert environ 2 000.

Durant la dynastie des Shang, les rois offraient des êtres humains et des animaux en sacrifices aux ancêtres et aux dieux. La plupart des êtres humains sacrifiés étaient des prisonniers de guerre, et les autres, des esclaves. Les rois et les propriétaires d’esclaves sacrifiaient des êtres humains lors de la construction de palais et pour implorer la pluie. Dans 191 fosses sacrificielles déterrées en 1976, on a découvert 1 178 squelettes humains. Dans les fosses sacrificielles d’animaux, fouillées au printemps de 1976, on a découvert des animaux que l’occupant de la tombe utilisait ou aimait, notamment des chevaux (on en a découvert 117), des bovins, des moutons, des chiens, des éléphants, des porcs et des renards.

Les inscriptions sur os

La découverte d’inscriptions sur os a été une étape significative dans l’histoire scientifique moderne de la Chine. Pour l’instant, la plupart de celles déterrées en Chine l’ont été à Yin Xu. Ces inscriptions sont des caractères gravés sur des omoplates de bovidés et sur des carapaces de tortues. Elles rapportent les activités sociales des rois et des nobles (notamment la divination) et elles retracent les activités en agriculture et en astronomie, les rituels de culte, les affaires militaires et les excursions de chasse. Elles constituent le plus ancien système linguistique écrit – et l’un des principaux dans le monde – et elles nous ont fourni des documents précieux pour étudier la dynastie des Shang. Ces inscriptions sont surnommées les « archives les plus anciennes » de la Chine.

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La tombe de Fu Hao -----------------------------------------------------------

Les fosses où ont été trouvés les inscriptions sur os de Yin Xu se trouvent principalement dans la zone des palais et sanctuaires ancestraux royaux. Depuis la première découverte, à la fin de XIXe siècle, quelque 150 000 pièces d’ossements ont été déterrées. Les fosses les plus célèbres à cet effet sont les suivantes : la YH127 (découverte en 1936); celle au sud de Xiaotun (découverte en 1973); et la H3 (découverte en 1991).

Durant la dynastie des Shang, la divination occupait une place très importante dans la société, les rois ayant recours à la divination pour à peu près n’importe quoi. Après cette dynastie, les inscriptions divinatoires sur os ont toutefois perdu progressivement de leur importance.

La tombe de Fu Hao

La tombe de Fu Hao se trouve dans la zone des palais et sanctuaires ancestraux royaux de Yin Xu. C’est l’une des plus importantes découvertes archéologiques à avoir été effectuées depuis 1928. D’après l’inscription « Fu Hao » sur la majorité des objets en bronze découverts dans cette tombe, les archéologues ont confirmé que cette dernière appartenait à Fu Hao, femme du roi Wu Ding des Shang. C’est la seule tombe parfaitement intacte d’un membre de la famille royale des Shang qui ait été déterrée depuis le début des fouilles scientifiques à Yin Xu.

Cette tombe est longue de 506 m du sud au nord, large de 4 m de l’est à l’ouest et profonde de 7,5 m. On y a déterré les squelettes de 16 humains sacrifiés, de même que 1 928 objets funéraires. Parmi ces derniers, 468 sont en bronze, 755 en jade et 564 en os; 6 800 sont des cauris. Ce grand nombre d’objets funéraires et leur superbe qualité prouvent l’état avancé de l’artisanat des Shang de l’époque.

Les Shang forment la deuxième dynastie chinoise de l’âge du bronze et ce ding est le plus grand objet en bronze déterré en Chine jusqu’aujourd’hui. Par rapport aux autres civilisations comme l’Égypte, Babylone et l’Inde, la culture du bronze de Yin Xu possède un caractère typiquement chinois : elle est basée sur des objets rituels et on y avait développé un système de rites dont le cœur était la hiérarchie qui a existé pendant quelques milliers d’années en Chine. C’est un phénomène unique dans la civilisation mondiale de l’âge du bronze.

Ce ding massif a été découvert dans la zone des tombes royales (dans la tombe M 260). Il a 1,33 m de haut, pèse 832,84 kg et son ouverture a 1,1 m. C’est le ding le plus grand et le plus lourd à avoir été déterré. Il représente le plus haut niveau technique des objets en bronze de la Chine ancienne; il est conservé au Musée national de la Chine.

Le corps et les pieds de ce ding ont été coulés en une seule fois. Le coulage d’un si gros objet aurait nécessité au moins une tonne de métal et un four d’une grande capacité. Ce ding illustre bien le niveau avancé dans la technique du coulage du bronze sous les Shang. Sa fabrication a été ordonnée par un roi des Shang pour offrir des sacrifices à sa mère.

Ainsi, dans l’histoire de l’archéologie chinoise moderne, Yin Xu est le site ayant donné lieu aux fouilles les plus nombreuses, les plus longues et ayant la plus grande envergure. La culture de Yin Xu fournit des preuves de traditions culturelles disparues, et elle a influencé la formation et le développement de la culture chinoise. 

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