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Le blog de Xiu
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26 février 2008

Les Jardins classiques de Suzhou

Le paysagisme classique chinois, qui cherche à recréer des paysages naturels en miniature, est représenté de façon exceptionnelle dans les neuf jardins de la ville historique de Suzhou, universellement reconnus comme étant des chefs-d'œuvre du genre. Aménagés du XIe au XIXe siècle, ils reflètent dans leur conception méticuleuse la grande importance métaphysique de la beauté naturelle dans la culture chinoise.
Comité du patrimoine mondial, Unesco. Ce site a été inscrit en 1997 et 2000.

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Le jardin Zhuozheng (Humble Administrateur)

SUZHOU est un endroit fertile et pittoresque situé au bord du lac Taihu, province du Jiangsu. Dès l'époque des Printemps et Automnes (770 -- 476 av. J.-C.), la ville était déjà très développée, tant sur le plan culturel que sur le plan économique. En 514 av. J.-C., elle est devenue la capitale du royaume de Wu (env. VIe s. -- 473 av. J.-C.), l'un des plus puissants de son époque. Durant la dynastie des Song (960-1279), des énoncés célèbres ont commencé à faire leur apparition pour la caractériser : Sur Terre, il y a Suzhou; dans le Ciel, il y a le paradis et À elles seules, les récoltes exceptionnelles de Suzhou suffisent à toute la nation.

En effet, grâce au bon réseau de voies de transport fluvial et terrestre sur son territoire, les lettrés et les marchands affluaient dans la ville. Ce sont eux qui ont créé et fait prospérer la culture de Wu, réputée pour son élégance et son raffinement, un terreau favorable à l'aménagement de jardins. Tout compte fait, on peut dire que, si Suzhou a vu émerger tant de jardins, c'est à cause de ses conditions naturelles propices de même qu'aux sommes énormes d'argent que les lettrés et les officiels ont dépensé pour leur construction. L'histoire des jardins classiques de Suzhou remonterait donc aux jardins de ce royaume de Wu, alors que les registres les plus anciens des jardins privés font état de l'époque des Jin de l'Est (317-420). Beaucoup plus tard, durant les dynasties des Ming (1368-1644) et des Qing (1644-1911), on en trouvait partout dans la ville. D'après les documents, Suzhou possédait près de 200 jardins, dont les jardins Canglangting (Pavillon des vagues), Shizilin (Forêt du lion), Zhuozheng (Humble Administrateur) et Liuyuan (Attardez-vous) peuvent représenter respectivement les quatre styles différents des dynasties des Song (960-1279), des Yuan (1271-1368), des Ming et des Qing.

Suzhou a toujours été un lieu privilégié par les lettrés. Dans cet endroit magnifique, ces derniers menaient une vie confortable et en harmonie avec la nature. Cette ambiance en a fait de grands poètes, peintres ou calligraphes. Leur style de vie et leurs œuvres ont à leur tour exercé eux aussi une grande influence sur le développement des jardins privés.

Les caractéristiques de ces jardins

Les plus beaux jardins - tels que le Zhuozheng, le Liuyuan, le Wangshi (Maître des filets ) et le Huanxiushanzhuang (Villa de la montagne étreinte de beauté) - sont des chefs-d'œuvre de l'art des jardins et des modèles du genre pour ce qui est de l'atmosphère, de la délicatesse de la composition, de l'élégance et de la connotation culturelle. Selon le Comité du patrimoine mondial de l'Unesco, dans ces quatre jardins, " [...] l'art, la nature et les idées s'intègrent parfaitement pour créer des ensembles d'une immense beauté et d'une paisible harmonie, et [qu'] ils font intégralement partie du plan urbain historique ". Puis, en 2000, les jardins suivants ont été ajoutés à la liste du patrimoine mondial : Canglangting, Shizilin, Ouyuan (Couple retraité), Tuisi (Retraite et Méditation) et Yipu (Art). Tous en font partie pour les quatre raisons suivantes :

La philosophie de l'art paysager. L'architecture des jardins de Suzhou a des origines historiques communes avec la littérature et les beaux-arts chinois, particulièrement avec les peintures des lettrés des Tang (618-907) et des Song.

L'excellence de leur espace de vie et d'habitation. Les jardins de Suzhou intègrent la résidence familiale et le paysage, tant pour les activités de la vie quotidienne que pour le simple plaisir. Ce sont des îlots d'intimité et d'harmonie dans un paysage urbain densément peuplé et d'une beauté naturelle limitée.

La forte connotation de la culture sociale. Ces jardins sont des porte-étendards de la philosophie chinoise. Appellation des jardins, plaques d'identification des salles et sentences sur les piliers, gravures et décorations ne sont pas que des éléments décoratifs : ils constituent un véritable trésor de richesses culturelles, philosophiques et scientifiques. Certains éléments font référence au confucianisme, au boud-dhisme et au taoïsme, alors que d'autres préconisent des principes de vie et de culture de la personnalité. Enfin, les calligraphies bien préservées de ces jardins sont d'autres trésors culturels inestimables.

Le rôle de modèle en aménagement de jardins. Les jardins de Suzhou démontrent la particularité et l'avancement des Chinois dans le paysagisme. Ils sont aménagés dans une zone restreinte en utilisant des techniques de contraste, de repli et de panorama, alors que la partie révèle le tout et que " le moins " appelle " le plus ". Ils combinent des maisons, des tours et des pavillons dans un paysage en miniature, pour créer un espace idéal de " paysage urbain montagneux " et un " environnement amical qui place l'homme en harmonie avec la nature ".

En fait, ces jardins sont généralement petits et délicats et donnent l'impression d'une peinture. On y a mis l'accent sur la possibilité de flâner dans un labyrinthe complexe réservant des surprises à chaque détour. À l'intérieur de ses limites, le jardin est si ingénieusement aménagé qu'il donne un effet d'infini, d'où la réputation de " vaste paysage condensé dans un petit jardin. " Cet effet tient pour beaucoup aux différents éléments qui le composent.

Les rochers. Dans les jardins de Suzhou, les rochers servent à exprimer le monde de l'esprit humain. Ils symbolisent la montagne et le principe de virilité, le courage et la force. Les amoncellements de roches (provenant surtout du lac Taihu, à quelque 30 km plus à l'ouest) y sont donc un paysage courant. Ces rochers doivent être sveltes, naturellement troués et ne pas retenir l'eau dans leurs cavités.

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Le jardin Wangshi (Maître des filets )

L'eau. Elle est un élément opposé, mais complémentaire au rocher. L'eau a une valeur esthétique et une personnalité. Elle donne de la vie au jardin et de la vigueur aux rochers. Puisque les jardins sont généralement petits, la localisation des plans d'eau est habituellement très bien pensée. Les étangs sont de forme irrégulière, parsemés d'îlots et reliés par des petits ponts pour que le regard embrasse un paysage varié. La source d'eau et la décharge sont habituellement bien cachées dans quelques baies, un peu comme pour faire appel à l'exploration.

Les plantes. La végétation donne au jardin une vie particulière, de la vigueur et de l'intérêt. Règle générale, les plantes révèlent la personnalité du propriétaire. Les fleurs non seulement agrémentent le paysage du jardin, mais elles le dotent en plus d'une certaine vertu. Les fleurs et autres plantes qu'on y trouve sont les suivantes : lotus, pommetier, pêcher, bananier, laurier, liane, prunier, orchidée, bambou, chrysanthème et pin.

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Le jardin Tuisi (Retraite et Méditation) Le jardin Canglangting (Pavillon des vagues) Le jardin Liuyuan (Attardez-vous)

L'architecture. Les jardins de Suzhou intègrent le paysage et les résidences, et les bâtiments sont habituellement les points clés du paysage. Pour mettre l'accent sur la beauté naturelle, les constructions semblent fusionner avec les rochers, l'eau et la végétation, comme pour former un tout. À la différence des bâtiments grandioses des jardins impériaux, les constructions des jardins de Suzhou ne sont pas disposées dans un ordre donné, mais leur décoration est tout aussi délicate et raffinée. Qu'ils soient grands ou petits, ces jardins sont tous centrés sur des salles, et celles-ci sont les sites principaux à la fois des activités quotidiennes et des divertissements. La plupart ont une véranda qui surplombe un plan d'eau ou qui est située près de la reproduction miniature d'une montagne. Dans les jardins, on trouve également des tours et des pavillons qui permettent de profiter du panorama, ainsi que des corridors longs et sinueux qui relient les différentes zones. Les motifs courants des éléments de décoration sont surtout des symboles de bon augure, de longévité ou de prospérité. Toutes les décorations ont une haute valeur artistique. Les piliers sont agrémentés d'inscriptions ou de sentences parallèles dont les textes consistent surtout en des citations de poèmes classiques ou d'anecdotes qui s'intègrent bien à la scène du jardin et illustrent son thème. Ces inscriptions et sentences donnent une touche poétique au paysage. En outre, les corridors sont habituellement décorés d'une série de fenêtres treillissées entre lesquelles sont incrustées des stèles reproduisant des calligraphies célèbres.

Les principaux sites

Le jardin Zhuozheng

Couvrant environ 5 ha et ayant été construit en 1509 pour le censeur général Wang Xianchen, ce jardin est le plus grand, le plus connu et le plus représentatif des jardins classiques de Suzhou. Alors qu'il est considéré comme la quintessence de tous les jardins de la Chine du Sud, sa renommée doit beaucoup au plan méticuleux et à la conception de Wen Zhengming, un grand peintre de l'École de Wu (durant la dynastie des Ming). Ce jardin comprend un plan d'eau qui occupe environ le tiers de sa superficie, et les principaux bâtiments se trouvent sur ses rives. Le jardin comme tel est divisé en trois zones : est, centre et ouest.
La zone centrale est la plus splendide, avec ses bâtiments qui se dressent élégamment le long de l'eau. La zone de l'ouest est séparée de la précédente par un mur orné de fenêtres treillissées. On y trouve le pavillon des Canards mandarins, placé sous le signe de l'harmonie conjugale et de la fidélité entre époux. Ce pavillon était un salon de musique. La zone de l'est autrefois offre un angle de vue large et un espace moins construit.

Le jardin Liuyuan

C'est un jardin de 2 ha construit de 1522 à 1566. Étant donné sa beauté et son classicisme, il est considéré comme un digne rival du jardin Zhuozheng. Il est composé de différentes parties reliées par des corridors sinueux qui ont plus de 700 m de long et qui sont ornés de plus de 300 stèles gravées de calligraphies célèbres. La partie centrale est organisée autour d'un lac, et c'est elle qui retient davantage l'attention. Le pavillon des Osmanthes est l'endroit idéal pour avoir une vue d'ensemble du jardin. La partie orientale se caractérise par ses bâtiments, dont le plus imposant est la salle des Immortels et des Cinq Sommets, avec ses ouvertures qui laissent voir un paysage naturel digne d'un rêve : rochers aux formes bizarres et profusion de bambous. Le bâtiment est entouré de plusieurs kiosques ayant des fonctions différentes : banquet, opéra et lecture. Les cours sont reliées par des corridors aux baies treillissées, des portes et des passages qui contrastent les uns avec les autres créent un complexe offrant une diversité d'aménagement. Pour sa part, la partie occidentale fournit un bon exemple des collines de terre parsemées de roches jaunes et couvertes d'érables.

Le jardin Wangshi

Ce jardin a été construit durant la dynastie des Qing par Song Zongyuan (un pêcheur) qui l'a nommé ainsi pour exprimer son intention de s'y retirer en délaissant la carrière politique. C'est l'un des plus petits jardins de Suzhou, car il occupe seulement 0,53 ha. Cependant, son arrangement compact et son élégance infinie en font le nec plus ultra des petits jardins, un modèle illustrant que " le moins " appelle " le plus ". L'est du jardin est réservé à la résidence et aux pavillons. Trois portes permettent d'accéder à la partie centrale où s'étend le jardin proprement dit et dont le centre est occupé par un plan d'eau propre et tranquille. L'aménagement du plan d'eau, de même que celui de sa source et de sa décharge, est un excellent exemple de l'art des jardins de Suzhou. Une galerie conduit vers le kiosque de la Brise et de la Lune. C'est le meilleur endroit pour admirer le clair de lune dans l'eau. Le jardin de la Fin du printemps, situé dans la partie ouest, est considéré comme un modèle de perfection et a été reproduit au Metropolitan Museum de New York.

Le jardin Huanxiushanzhuang

Ce jardin ne couvre qu'environ 0,16 ha. Son attrait principal est une montagne de calcaire qui a été conçue et entassée par le grand maître en montagnes artificielles Ge Yuliang (1764-1830). Le versant arrière de cette montagne est en pente douce, alors que le devant est un empilement de pierres qui imite des sommets élevés. Par ailleurs, à l'intérieur, on trouve des grottes qui zigzaguent dans un paysage des plus pittoresques. En face de la montagne se trouve une maison à deux cours, et à l'est, il y a un étang. Des petits sentiers sinueux relient le tout et réservent des surprises à chaque pas. C'est un chef-d'œuvre de paysagisme.

Le jardin Canglangting

C'est le plus ancien des jardins classiques de Suzhou, car il a été construit durant la période des Cinq Dynasties (907-960). Il occupe un peu plus d'un hectare, sans aucun mur pour l'entourer, une conception unique parmi les jardins de cette ville. Il est reconnu pour sa colline artificielle, le centre d'attraction du jardin, autour de laquelle sont aménagés divers pavillons et kiosques. À la cime de son plus haut sommet, on trouve le pavillon du même nom. C'est l'un des plus réputés en son genre dans la région du Sud du Yangtsé.

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Le jardin Shizilin (Forêt du lion) 
Le jardin Shizilin

Il a été aménagé en 1342 par un moine qui voulait ainsi honorer la mémoire de son maître, un ermite qui a vécu à la falaise du Lion et y a fondé l'École chan du bouddhisme. Ce jardin est renommé pour ses labyrinthes de rochers qui ont été formés par l'empilement de roches du lac Taihu. Ces rochers couvrent un septième du jardin. Les bâtiments sont répartis principalement dans l'est et le nord du jardin et sont reliés par des corridors. Dans leurs murs sont enchâssées plus de 70 stèles de calligraphies de grande valeur.

Le jardin Yipu

Ce jardin occupe moins d'un tiers d'hectare, mais son étang donne l'impression d'être très vaste. Dans sa partie nord, on trouve le pavillon de la Longévité, le plus grand pavillon de bord de l'eau des jardins de Suzhou, et encore au nord de celui-ci, c'est la salle de l'Érudition, là où le propriétaire et ses amis tenaient leur dégustation de thé.

Le jardin Ouyuan

C'était le jardin de Shen Bingcheng, un ancien gouverneur de la province de l'Anhui sous les Qing. Son nom lui vient du fait qu'il est constitué de deux jardins latéraux. Il occupe quelque 0,8 ha. Son jardin de l'Est a comme point principal une colline de rochers de pierres jaunes ayant des pics élevés et abrupts d'un côté et un versant en pente douce de l'autre. Cette colline est représentative de celles en pierres jaunes que l'on trouve dans la région du Sud du Yangtsé.

Le jardin Tuisi

Ce jardin a été construit en 1877 par Ren Lansheng, un gouverneur militaire de la dynastie des Qing. Par le nom du jardin, ce personnage a voulu exprimer sa " méditation sur ses fautes après avoir subi une rétrogradation ". Le jardin occupe 0,66 ha et l'espace est agencé de manière raffinée. La partie occidentale forme la zone résidentielle, alors que le centre est occupé par des cours flanquées de différents bâtiments tels que tours, pavillons et salles. Cette section compte également un bateau en pierre et des rochers parsemés de fleurs. La partie orientale, surnommée le " jardin dans le jardin ", offre un pavillon qui surplombe le plan d'eau, des corridors en zigzag et le bâtiment principal. Ce dernier est la salle de la Retraite et de la Méditation, d'une élégance toute simple.

Big-bisous à toutes et à tous. @+Domi&Xiu.ReporterchineXiu

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