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Le blog de Xiu
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27 août 2007

Combien de temps encore avant que la Chine effectue un vol habité sur la Lune?

Chang’e I, le premier orbiteur lunaire de la Chine, sera lancé d’ici la fin de l’année, et le sujet de l’atterrissage des Chinois sur le sol lunaire fait de nouveau la manchette.


Affiche de vulgarisation scientifique sur l'exploration lunaire, dans le métro de Beijing
p11nDans un reportage du magazine anglais The Economist, on peut lire : « Bien que ce soit encore une chose lointaine de parler de station spatiale et de voyage intersidéral pour la Chine, un pays encore relativement pauvre, il est possible que la prochaine personne à se promener sur la Lune soit un Chinois, puisque ce peuple nourrit souvent de nobles idéaux. »

Depuis 2003, année où la Chine a réussi le vol Shenzhou (vaisseau divin) V, son premier vaisseau spatial habité, on entend fréquemment ce genre de propos : après les États-Unis et l’ex-Union soviétique, la Chine pourrait devenir le troisième pays à réaliser l’atterrissage sur le sol lunaire. En 2004, la Chine a annoncé le Programme d’exploration lunaire Chang’e. En 2006, elle a publié un Livre blanc intitulé Les activités spatiales de la Chine en 2006. C’est ainsi que son programme d’atterrissage sur le sol lunaire a refait surface. Le rêve des Chinois se concrétise peu à peu.

Pourquoi l’atterrissage sur le sol lunaire?

Depuis toujours, la Lune fait rêver l’humanité. Chang’e, le nom de l’orbiteur du Programme chinois d’exploration lunaire, tire son origine d’un mythe chinois sur la Lune. Selon la légende, Chang’e était l’épouse de Houyi, un tireur d’élite. Ayant pris en cachette un remède de longévité que son mari avait demandé à la reine mère de l’Occident, elle s’est envolée en solitaire et s’est installée sur la Lune. Les gens ont toujours témoigné une grande sympathie envers sa vie solitaire sur la Lune. Ainsi, dans la nuit du quinzième jour du huitième mois du calendrier lunaire, ils commémorent le souvenir de cette héroïne. C’est la fête de la Lune, une fête de réunion familiale.

 
L'académicien Ouyang Ziyuan, de l'Académie des sciences de Chine, et scientifique en chef du Programme d'exploration lunaire

p11p10Chang'e M. Luan Enjie, commandant en chef du Programme d'exploration lunaire Chang'e                  =>

Aujourd’hui, les Chinois sont toujours aussi curieux envers cet astre. Une enquête a révélé que 85 % des personnes interrogées s’intéressaient au programme d’atterrissage sur le sol lunaire et que la plupart favorisaient l’exploration scientifique de la Lune, plutôt que son aspect culturel, comme les Anciens. Dans sa jeunesse, l’académicien Ouyang Ziyuan-- le scientifique qui est actuellement responsable du Programme d’exploration lunaire Chang’e -- savait que la Lune était un monde de mort et de grande cruauté. « Pourtant, dit-il, cela a suscité encore davantage mon intérêt, parce que je désirais faire des recherches pour découvrir pourquoi la Lune n’est pas comme la Terre : pleine de vitalité, colorée et couverte de beaucoup de végétation. »

Toutefois, il y a aussi des savants qui s’inquiètent du programme de l’orbiteur lunaire et de l’atterrissage sur le sol lunaire. Certains le remettent même en question, compte tenu des frais; d’autres estiment qu’étant donné que les États-Unis et l’ex-Union soviétique ont déjà réalisé l’atterrissage sur le sol lunaire, est-il encore nécessaire pour la Chine de le faire? Selon eux, en sciences de base, il n’y a que des premiers, pas de seconds.

Selon certains reportages, le Programme d’exploration lunaire Chang’e I représente des investissements totalisant 1,36 milliard de yuans. Selon M. Ouyang, pour la Chine, ce n’est pas une somme exagérée. Comme cette somme ne représente qu’une faible part du revenu national, elle ne peut pas exercer une influence adverse sur l’économie. Dans les années 1960, le programme Apollo a coûté 25,6 milliards $US, soit presque 60 % du budget de la NASA dans ces années-là. En outre, les travaux liés à la conquête de l’espace demandent des technologies de pointe, et ils engendrent inévitablement la mise au point de nouvelles technologies du même genre et cela contribue à la croissance économique.

Le vice-ministre de la Commission scientifique, technologique et industrielle pour la Défense nationale (Administration nationale de l’aérospatiale), M. Luan Enjie, qui est également commandant en chef du programme d’exploration lunaire, a déclaré : « Pour ce qui est de l’objectif d’exploration lunaire de la Chine, il faut bien tenir compte des particularités du pays. Ainsi, d’une part, le pays doit parer à ses faiblesses en exploration lunaire. D’autre part, il doit ajouter de nouveaux fondements scientifiques pour que l’Humanité crée une base lunaire et éviter le plus possible de répéter ce qu’ont fait d’autres pays, dont les États-Unis et l’ex-URSS. »

Selon M. Ouyang, l’orbiteur lunaire est un ouvrage incontournable, parce qu’il constitue un maillon important pour expliquer à la fois le système Terre-Lune et le système solaire, de même que l’origine et l’évolution de la vie. D’ailleurs, il permet aussi d’ajouter de nouveaux domaines à explorer par l’être humain et de trouver éventuellement de nouvelles zones habitables. Pour M. Ouyang, un orbiteur lunaire montre la puissance globale d’un pays et est un symbole du progrès des technologies de pointe de ce pays. Dans le cas de la Chine, il est d’une grande importance pour augmenter la réputation internationale du pays et renforcer la cohésion nationale.

Il est bon de mentionner aussi que de se préparer à trouver des sources d’énergie pour la Terre constitue un autre des objectifs principaux de ces travaux en Chine. M. Ye Peijian, chef ingénieur de l’orbiteur lunaire et directeur général du programme d’exploration lunaire, a révélé : « La Lune recèle une centaine de matières minérales, dont cinq sont introuvables sur Terre. Par exemple, selon les estimations les plus conservatrices, étant donné que le développement des énergies futures se basera sur les énergies solaire et nucléaire, si l’hélium 3 de la Lune était mis en valeur, il pourrait fournir à la Terre l’approvisionnement électrique pour 500 ans. »

Le Programme d’exploration lunaire Chang’e

Le Programme d’exploration lunaire Chang’e de la Chine se divise en trois phases. Le lancement d’un orbiteur pour la Lune a constitué la première phase qui s’achève (2004-2007). La seconde phase (2007-2012) verra l’atterrissage en douceur sur la surface lunaire et l’exploration de cette surface par des robots et des sondes. Pour ce qui est de la troisième phase (2012-2017), en plus de l’atterrissage, elle verra le retour sur Terre de véhicules lunaires rapportant des échantillons. De 2020 à 2025, on prévoit que la Chine sera en mesure de réaliser un vol habité sur la Lune. Ensuite, elle entrera dans l’étape de présence à long terme sur cet astre pour y installer une base.

Selon M. Zhang Yunchuan, ministre de la Commission scientifique, technologique et industrielle pour la Défense nationale, en tant que phase initiale du Programme d’exploration lunaire Chang’e I, le lancement de cet orbiteur Chang’e I pourra être réalisé en septembre de cette année. Le choix du moment du lancement est délicat. En effet, pour entrer sans encombre sur l’orbite lunaire, il faut trouver le moment où la Terre, la Lune et le Soleil sont dans le meilleur angle.

Selon M. Sun Laiyan, directeur de l’Administration nationale de l’aérospatiale, on prévoit que Chang’e I réalisera quatre objectifs scientifiques : prendre des images 3D de la surface lunaire; analyser la teneur en éléments chimiques de la surface lunaire et la répartition des matériaux sur cette surface; sonder le sol lunaire; et sonder l’environnement spatial entre la Terre et la Lune.

« Nous avons mis au point absolument toutes les pièces du Chang’e 1, rien n’a été introduit de l’étranger », déclare M. Ouyang Ziyuan. Et M. Luan Enjie de renchérir : « Environ 10 000 personnes ont participé à ce programme. La Chine est partie de zéro et a passé trois ans à développer elle-même l’orbiteur lunaire Chang’e I et l’ensemble des éléments requis pour son exploitation.»

Combien de temps encore?

Au début de cette année, une nouvelle a attiré l’attention dans le monde. Selon celle-ci, la Chine établira une nouvelle base de lancement de satellites à Hainan, et cette base sera mise en service d’ici 2010. Selon les estimations d’Étatsuniens, experts en lancement de satellites, après l’achèvement de cette base, la force propulsive des fusées de la série changzheng (Longue Marche) et des nouveaux lanceurs à forte propulsion sera augmentée de 10 %. Dans le futur programme chinois d’atterrissage sur le sol lunaire, avec les fusées porteuses Longue Marche, il sera facile d’envoyer un vaisseau habité vers la Lune pour y installer une base lunaire ou même d’envoyer un tel vaisseau dans l’espace pour y établir une station permanente.p13n


Schéma du Programme d'exploration lunaire Chang'e
Par conséquent, si les vols non habités des trois phases du Programme d’exploration lunaire Chang’e s’avèrent un succès, cela signifiera-t-il que les astronautes chinois pourront atterrir sans problème sur le sol lunaire?

Selon les experts de l’exploration spatiale, pour réaliser l’atterrissage d’un vol habité sur le sol lunaire, la Chine doit posséder l’expertise dans deux domaines : l’un concerne le vol habité lui-même et l’autre, la sonde lunaire. Pour ce qui est de réaliser le vol habité, la Chine en a déjà la capacité. Dans le deuxième cas, un programme est en cours pour acquérir cette expertise. « Les Chinois ont réalisé leur rêve de vol lunaire avec leur propre vaisseau, mais il leur reste encore de nombreux “échelons difficiles” à gravir, avant de mettre le pied sur la Lune; cet objectif est encore loin d’être atteint », explique M. Ouyang. D’après lui, avant de prendre en considération le vol habité, le programme chinois d’atterrissage d’un vol habité sur le sol lunaire doit passer par les trois phases de vols non habités. C’est une préparation absolument nécessaire pour garantir la sécurité des astronautes.

Pour que le vaisseau spatial puisse faire un aller-retour totalisant près de 800 000 km, la Chine doit aussi mettre au point des lanceurs porteurs à grande force de propulsion et à allumages multiples. Dans sept à huit ans, la Chine aura la changzheng V, une fusée porteuse de nouvelle génération et d’envergure. Elle servira au lancement de la station spatiale. Comme les cosmonautes doivent sortir des cabines, le sas et la combinaison constituent deux éléments techniques qu’il est très important de maîtriser. Sur la Lune, il existe un écart de température de plus de 300 °C, et la radiation est forte. La combinaison que portent actuellement les astronautes chinois ne peut pas satisfaire aux besoins sur la surface lunaire. Selon l’explication de M. Liang Xingang, professeur de l’université Qinghua, bien plus que le sas, la combinaison est une question cruciale. « Comme l’espace se trouve dans une situation de vide, pour bien jouer son rôle lorsque les astronautes sortent des cabines, la combinaison doit posséder une capacité élevée de contrôle de l’environnement ambiant, notamment de la température, et être en mesure de supporter une certaine pression pour éviter les fuites. »

« Dans des conditions idéales -- l’arrivée des capitaux là où ils sont nécessaires et le démarrage à temps des projets --, la Chine sera parfaitement capable d’envoyer un vaisseau habité sur la Lune d’ici 15 ans », déclare M. Huang Chunping, chef du groupe des conseillers du programme des lanceurs porteurs pour vol habité de Chine.

Le Programme Kuafu

Le Programme Kuafu et le Programme d'exploration lunaire Chang'e
p14nEn 2005, le programme International Living with a Star (ILWS) a fait faire une évaluation qualitative anonyme du Programme Kuafu par des experts internationaux en recherche spatiale. Les mentions qui ont été attribuées dans la conclusion ont été « super » et « très bien ». D’après M. William Liu, membre de l’ILWS, dans quelques années, le Programme Kuafu sera le plus ambitieux de la Chine en matière de recherche spatiale, et il intègre beaucoup de techniques chinoises originales. Une fois que ce programme aura réussi, la place qu’occupera la Chine dans le milieu de la recherche spatiale internationale se sera considérablement élevée.

En fait, le programme porte le nom d’un héros légendaire : Kuafu. Cet homme courait sans arrêt après le Soleil pour l’attraper. Ce programme comprend un système complet d’observation, composé du satellite Kuafu A - situé à L1 (le premier point de Lagrange) - et de deux autres satellites – Kuafu B1 et Kuafu B2 qui sont côte à côte en orbite polaire. Ce système a pour objectif de détecter, dans l’environnement spatial de notre Planète, les changements généraux causés par les mouvements du Soleil.

Le Programme Kuafu A suscité une grande attention dans toute la communauté internationale. En effet, en fonction sur L1, il n’y a que le satellite SOHO, lancé conjointement par l’Europe et les États-Unis – il a pour mission d’observer la structure du Soleil par la formation d’images – et le satellite ACE des États-Unis - il échantillonne entre autres des particules d’énergie d’origine solaire et galactique. Or, le satellite Kuafu A combine les fonctions de ces deux satellites, et avec Kuafu B1 et B2 en complément, le Programme Kuafu peut constituer un système complet et indépendant de surveillance spatiale.

Le scientifique allemand R. Schwenn, une autorité européenne en matière de météorologie spatiale, a déclaré : « On a déjà prolongé la durée de la mission de SOHO et d’ACE. Dans ce contexte, le Programme Kuafu Apparaît extrêmement important. Si, dans quelques années, on n’a pas trouvé de bonnes solutions pour l’observation des rayons solaires, les orages magnétiques observés sur la Terre pourraient compromettre les activités humaines, un peu comme les cyclones et les ouragans actuellement. »

Le prochain pic d’activité du Soleil se produira en 2012. Selon des experts en recherche spatiale, si le Programme Kuafu peut être achevé d’ici 2012, avec les 18 autres satellites internationaux, il constituera un système d’observation d’ensemble, mais il sera considéré comme le cœur de ce système. D’après certains scientifiques chinois qui jouent un rôle important dans ce domaine, le Programme Kuafu Avance de façon satisfaisante. Jusqu’à maintenant, 56 scientifiques de 14 pays ont participé à la recherche scientifique.

Les experts admettent toutefois que ce programme doit aussi surmonter trois grands défis scientifiques. Premièrement, le satellite Kuafu A est situé à L1, c.-à-d. à 1,5 million de kilomètres de la Terre; or, jusqu'aujourd’hui, la Chine n’a jamais réussi à lancer des satellites à une distance aussi éloignée. Deuxièmement, les techniciens sur la Terre doivent ajuster le positionnement de Kuafu A et recevoir les faibles signaux qu’il émet; en réalité, étant donné que le point L1 se situe à une distance tellement grande, un élément clé pour le succès du Programme Kuafu réside dans la manière de contrôler efficACEment le satellite et de communiquer avec un point aussi éloigné. Troisièmement, la capacité de charge des sondes du satellite reste à améliorer.

Partir vers d’autres planètes


Le processus de travail de la première sonde d’exploration de Mars
M. Ye Peijian est directeur général du programme d'exploration lunaire. Selon lui, dans trente ans, la Chine pourra sonder Mars et Vénus. p15n

L’exploration de Mars par la Chine commencera en 2009. Le travail de détection sur Mars sera fait en collaboration avec la Russie. « Mars est probablement une planète où la vie existe et, dans 200 ou 300 ans, au lieu de la Lune, elle sera peut-être la planète vers laquelle se précipiteront les "immigrants" de la Terre », a exprimé M. Ouyang Ziyuan, de l’Académie des sciences de Chine et principal scientifique du Programme d’exploration lunaire. « Pour détecter la possibilité d’une présence de la vie sur Mars, il faut tout d’abord chercher des preuves directes de l’existence de l’eau sur cette planète. » D’après lui, après sa deuxième exploration de la Lune, la Chine lancera une sonde sur Mars, mais cela ne se réalisera qu’après 2010. De plus, l’exploration de Mars est encore à l’étape conceptuelle, parce qu’elle est beaucoup plus complexe que l’exploration lunaire, étant donné la plus grande distance entre Mars et la Terre.

M. Liang Xingang, professeur à l’université Qinghua, confie : « Il faut au moins six mois pour se rendre sur Mars. En outre, des recherches à long terme sont nécessaires pour résoudre, entre autres, les problèmes du lancement de la sonde et des télécommunications. »

Au niveau de la coopération, en plus de celle entre la Chine et la Russie pour l’exploration de Mars, l’Europe invitera probablement la Chine à participer à Aurora, son programme d’exploration spatiale, y compris la mise au point d’un vaisseau spatial habité pour sonder Mars.


L’exploration spatiale en Chine


Avec la fusée porteuse Changzheng 3-A, à 0 h 8, le 1er juin 2007, la Chine a réussi à lancer le satellite Sino Sat-3 à partir de la base de Xichang. p16
Le programme d’exploration spatiale se divise en trois étapes : le lancement de satellites, l’aller-retour d’un vaisseau spatial habité et l’exploration de la Lune. Après plus de 50 ans d’efforts, en comptant sur ses propres forces, la Chine est devenue la troisième puissance mondiale en aérospatiale et elle a obtenu des résultats prometteurs dans ce domaine.

De l’envol raté de Wan Hu aux fusées Changzheng

Le 1er juin 2007, la fusée porteuse Changzheng (Longue Marche) 3-A a réussi à placer le satellite Sino Sat-3 sur orbite, marquant le 100e vol de la série de lanceurs Changzheng. Après les États-Unis, la Russie et l’Europe, la Chine était ainsi le quatrième pays à réaliser le 100e lancement spatial.

Bon nombre de gens savent que la Chine est le berceau des fusées et des cerfs-volants, mais peu savent que le premier homme à avoir eu recours aux fusées lors d’un vol était un Chinois : Wan Hu. Cet homme, né à la fin du XIVe siècle, avait conçu un lanceur, peut-être le plus grand d’alors, en attachant 47 petites fusées à l’arrière d’une chaise. Il s’était assis sur cette chaise, et tenant fermement un énorme cerf-volant, il avait alors ordonné à ses valets d’allumer les fusées pour qu’il puisse s’envoler par la force de leur propulsion et se maintenir dans les airs grâce au cerf-volant. Bien sûr, sa tentative d’envol a été un échec, mais il a donné un bel exemple d’audace dans l’exploration spatiale. C’est dans son ouvrage Rockets and Jets que le scientifique étatsunien Herbert Zim, spécialiste des fusées, a présenté pour la première fois cette histoire aux lecteurs du monde entier. Les scientifiques étatsuniens ont même nommé un cratère lunaire à la mémoire de ce courageux précurseur.

L’aire de lancement de Jiuquan, destinée au lancement du vaisseau spatial habité

p17Vers le Ier siècle, les Chinois ont inventé la poudre noire (explosive), et au IXe siècle, ils étaient capables de produire des pétards avec une telle poudre. Ce fut le prélude des fusées à la poudre noire. Dans les documents historiques du Xe siècle, on parle déjà de l’utilisation de fusées comme arme ayant une propulsion par réaction. Du temps de Wan Hu – c’était à l’époque des Ming (1368-1644) –, un livre militaire intitulé Wubei Zhi (Armes) décrivait des dizaines d’espèces de fusées et leur méthode de fabrication. C’est au XIIIe siècle que la technique de la fusée chinoise a été introduite en Europe et en Amérique via l’Inde et les pays arabes.

« La fusée est une échelle pour monter dans le ciel, et la réussite du projet de vol spatial habité dépend avant tout du progrès technique accompli en matière de fusées », a déclaré M. Huang Chunping, ancien responsable du système de fusées porteuses des ouvrages spatiaux de Chine et chef du groupe des conseillers du programme des lanceurs porteurs pour vol habité. Le développement des fusées porteuses chinoises est directement lié à M. Qian Xuesen, le père des missiles chinois. En 1955, cet expert en technologie spatiale est finalement revenu en Chine, en dépit des autorités des États-Unis qui tentaient de l’en empêcher. À partir de 1956, sous la direction de M. Qian, la Chine a commencé à faire de la recherche sur les fusées de l’époque moderne. Le 24 avril 1970, la fusée porteuse Changzheng 1 était au point, et avec celle-ci, la Chine allait réussir à lancer son premier satellite, le Dongfanghong 1 (Orient rouge).

En une cinquantaine d’années, grâce aux efforts inlassables de plusieurs générations de chercheurs chinois en aérospatiale, la série de fusées porteuses Changzheng a beaucoup évolué sur le plan technique : la propulsion sous température ambiante a été remplacée par la propulsion sous basse température; les fusées sont plus puissantes grâce à l’attache de propulseurs d’appoint; et les fusées peuvent placer plusieurs satellites en orbite en une fois et lancer un vaisseau spatial habité. Les fusées porteuses Changzheng sont en mesure de lancer divers types de satellites en les plaçant en orbite proche de la Terre, en orbite héliosynchrone et en orbite géostationnaire.

La Chine effectue actuellement des recherches sur les lanceurs de nouvelle génération. Ceux-ci seront non toxiques, non polluants, de haute performance et à moindre coût. Ils auront une plus grande capacité de propulsion et pourront transporter jusqu’à 25 tonnes sur basse orbite terrestre et 14 tonnes sur orbite géostationnaire.

Depuis 2000, dans la famille des fusées porteuses Changzheng, la fusée 2-F - la plus connue - est celle qui a lancé le vaisseau habité Shenzhou. Ce type de fusées utilise 55 nouvelles technologies et a surmonté des difficultés du même type que de grands constructeurs mondiaux ont dû affronter. Selon M. Luan Enjie, vice-ministre de la Commission scientifique, technologique et industrielle pour la Défense nationale, et commandant en chef du programme d’exploration lunaire, la fusée porteuse Changzheng 3-A - chargée de porter dans l’espace l’orbiteur Chang’e I- et la fusée porteuse Changzheng 2-F - destinée à mettre en orbite le vaisseau spatial habité Shenzhou VII - sont à la phase d’essais et de réglages au niveau de la qualité.

Dans les sept à huit années à venir, la Chine va fabriquer une nouvelle génération de fusées porteuses de grande taille : les Changzheng 5. Ces fusées auront pour tâche de transporter la station spatiale dans l’espace. Leur capacité de charge aura alors passé de 9 à 25 tonnes, un progrès technologique considérable. Pour M. Huang Chunping, la technologie chinoise des fusées accuse actuellement un retard de 15 ans par rapport à celle de la Russie et des États-Unis. Mais avec des efforts inlassables, ce retard pourra être comblé en moins de 15 ans.

En 1985, la Chine a participé à une Foire mondiale des sciences et technologies qui s’était tenue au Japon. Les visiteurs y ont découvert, non sans surprise, que la Chine possédait déjà ses propres fusées porteuses et satellites. La même année, le gouvernement chinois a déclaré que la série de fusées porteuses Changzheng commencerait à fournir des lancements commerciaux dans le monde.

Le 1er novembre 1988, à Los Angeles, la Société industrielle générale Changcheng de Chine a conclu, avec la société Shuttle des États-Unis, un contrat selon lequel la fusée porteuse chinoise allait lancer deux satellites de communication pour le compte de l’Australie. C’était le premier contrat que la Chine signait avec un pays étranger. Par la suite, la Chine a réussi à lancer successivement 30 satellites appartenant, entre autres, aux pays suivants : Pakistan, Australie, Suède, États-Unis, Philippines et Brésil.

Satellites artificiels et vaisseaux spatiaux

Le 17 mai 1958, le président Mao a lancé un mot d’ordre : « Nous allons fabriquer des satellites. » Le 24 avril 1970, dans le désert du Gobi, en Chine du Nord-Ouest, le satellite Dongfanghong 1 prenait son envol dans un vrombissement infernal... Quinze minutes plus tard, le Bureau national de la radiodiffusion déclarait : « Nous avons reçu un signal fort et clair de la musique L’Orient est rouge transmise par le satellite Dongfanghong 1. » La Chine devenait ainsi le cinquième pays du monde à produire et lancer des satellites.

Le 17 août 2006, assemblage d’une fusée porteuse avec le satellite Shijian 8


p18À l’époque, les chercheurs et techniciens chinois s’étaient creusé la tête pour que les gens puissent voir le premier satellite chinois et entendre la musique qu’il émettait. Malgré la pénurie d’archives et de documents étrangers, le chercheur Shi Riyao avait réussi à fabriquer la « boule d’observation » du satellite, celle qui a permis au Dongfanghong 1 d’émettre de l’espace un clignotement observable de la Terre. Quant à M. Liu Chengxi, alors chercheur assistant de l’Académie des sciences de Chine, il s’était rendu dans à peu près tous les magasins d’instruments de musique de Beijing pour trouver le timbre sonore d’un instrument digne de ce satellite. Finalement, il avait choisi une exécution électronique de L’Orient est rouge. Les miracles se sont ensuite succédé. En 1975, la Chine a réussi à lancer son premier satellite récupérable, devenant le troisième pays du monde à maîtriser cette technique. En 1981, la Chine est devenue le quatrième pays du monde à pouvoir lancer une fusée portant plusieurs satellites... La Chine a déjà lancé une cinquantaine de satellites de 15 types.

D’après le livre blanc Activités spatiales de la Chine en 2006, publié par l’Office d’information du Conseil des affaires d’État, la Chine a, ces cinq dernières années, fabriqué et lancé de manière indépendante 22 satellites de types différents. Elle a porté de quatre à six les catégories de satellites qu’elle fabrique et lance : les satellites de télédétection récupérables; les satellites de communications et les satellites de radiodiffusion Dongfanghong; les satellites météorologiques Fengyun (Vent et Nuage); les satellites d’exploration scientifique et d’essai technique Shijian (Pratique); les satellites de détection des ressources Ziyuan (Ressources); et les satellites de navigation et de positionnement Beidou (Grande Ourse). De plus, des satellites maritimes pouvant livrer des fondements scientifiques , tant pour la mise en valeur des ressources que pour la protection de l'environnement et la gestion légale, seront prochainement en orbite. Tous ces types sont pour la plupart des satellites commerciaux. Fengyun I et II ont été mis en service pour la communauté internationale par l’Organisation météorologique mondiale.

Le vol réussi du vaisseau spatial habité Shenzhou VI, en 2005, montre que la Chine a déjà maîtrisé les principales techniques spatiales, occupant ainsi la position qui lui revient au niveau des technologies de pointe.

Selon l’écrivain de science-fiction Ye Yonglie, pendant les années 1970, la Chine a planifié à deux reprises le lancement d’un vaisseau spatial habité, mais ce plan n’a pas été exécuté pour diverses raisons. On a attendu jusqu’en 1986 avant d’avoir un projet sur les technologies nécessaires pour un vol habité. Six ans plus tard, la Chine a finalement pris la décision d’effectuer du travail sur celles-ci. Les 20 et 21 novembre 1999, la Chine a réussi à lancer et à récupérer son premier vaisseau spatial inhabité expérimental. Par la suite, elle a lancé avec succès trois vaisseaux spatiaux du même genre. Les 15 et 16 octobre 2003, la Chine a fait une percée considérable en astronautique en lançant et récupérant avec succès le Shenzhou V, le premier vaisseau spatial habité chinois. Elle est ainsi devenue le troisième pays du monde à mettre au point cette technologie de façon indépendante. Du 12 au 17 octobre 2005, le vaisseau spatial habité Shenzhou VI a effectué un vol de cinq jours avec deux astronautes à son bord. Pour la première fois, la Chine réalisait des activités expérimentales dans l’espace avec participation humaine.


Dans une rue de Fuzhou, des gens regardent sur grand écran l’émission sur le lancement du vaisseau spatial Shenzhou VI. Cette émission a été retransmise en direct à 9 h, le 12 septembre 2005.


p19M. Shang Zhi, directeur général des travaux sur les vaisseaux habités, déclare : « Il est certain que la Chine a commencé relativement tard des travaux relatifs aux vaisseaux habités, mais son développement est d’autant plus rapide qu’elle a accompli, en peu de temps, les travaux de recherches que les États-Unis et l’ex-URSS avaient mis 40 ans à réaliser. Youri Gagarine avait effectué seulement une orbite terrestre lors du premier vol habité de l’ex-URSS, alors que le taïkonauteYang Liwei est resté dans l’espace pendant toute une journée entière. Les vols étrangers ont d’abord utilisé des petits animaux en cabine pour tester la situation du contrôle de l’environnement et le système de protection de la vie. La Chine a utilisé un mannequin et des équipements modernes pour obtenir des résultats sur la consommation d’oxygène et le rejet de dioxyde de carbone par le taïkonaute durant le vol. Les technologies informatiques de pointe ont garanti un meilleur fonctionnement des vaisseaux habités chinois. »

En terme de taille, le vaisseau habité chinois Shenzhou est le plus grand de tous ceux utilisés jusqu’ici dans le monde. Le module orbital restera dans l’espace quelques mois, et des expériences scientifiques continueront d’être menées. Grâce à sa conception rationnelle, ce vaisseau peut accomplir plusieurs missions et faire économiser des sommes énormes en frais de lancement. Un seul lancement coûterait deux milliards de yuans.

En 2008, le vaisseau habité Shenzhou VII sera lancé. M. Qi Faren, concepteur en chef des vaisseaux Shenzhou, nous a révélé : « Il y aura trois spationautes dans le vaisseau et ceux-ci effectueront des sorties extravéhiculaires. Ce vol aura un but ultime : sa jonction avec le vaisseau Shenzhou IX pour la mise en orbite d’une station spatiale d’une certaine envergure permettant de procéder à des expérimentations et à l’observation de la Terre à partir de cette base. »

Les aires de lancement en Chine

En Chine, l’aire de lancement de Jiuquan est la plus ancienne et celle ayant réalisé le plus de lancements. Située au fin fond du désert du Gobi - en Chine du Nord-Ouest - et construite à partir de 1958, cette aire est le berceau du lancement des satellites sur orbite proche de la Terre.

Construite vers 1970, l’aire de lancement de Xichang est pour sa part la deuxième cité aérospatiale de Chine. Profitant d’une localisation avantageuse et se trouvant dans le département autonome Liangshan (province du Sichuan), cette aire est le lieu idéal de lancement de satellite à orbite géostationnaire. Elle est connue pour le lancement réussi de la fusée porteuse Changzheng III et de son satellite australien, ainsi que d’autres satellites internationaux.

Située sur le haut plateau qui se trouve au nord-est de la ville de Taiyuan (province du Shanxi) et entourée de montagnes, l’aire de lancement de Taiyuan est particulièrement propice au lancement des satellites à orbite héliosynchrone. Elle peut aussi servir pour des satellites de divers types.

Actuellement en construction, l’aire de lancement de Hainan sera opérationnelle d’ici 2010. Située à Wenchang (province du Hainan), elle a une superficie de 20 km2 et comprend un port de lancement, un parc aérospatial, une usine de montage de fusées et un centre de commandement. Cette aire sera destinée au lancement des fusées porteuses de nouvelle génération Changzheng V. Différente des trois aires de lancement de Jiuquan, Xichang et Taiyuan, toutes situées dans des zones enclavées et donc peu avantagées sur le plan des capacités de transport ferroviaire, celle de Hainan sera pour sa part en mesure de recevoir les grosses pièces aérospatiales par voie maritime. La vaste mer de Chine méridionale pourra aussi servir de lieu de récupération pour les débris de fusées.

Big-bisous à toutes et à tous. @+Domi&Xiu.report_v3Xiu

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