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Le blog de Xiu
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26 août 2007

La Chine rêvée, la Chine vécue

M. Olivier Guyonvarch est conseiller de presse et porte-parole de l’ambassade de France en Chine. Notre conversation avec cet homme très distingué nous a révélé à quel point il aime son métier, la Chine et sa culture.

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M. Olivier Guyonvarch
« Si mes deux filles maîtrisent le chinois, cela leur ouvrira sûrement des débouchés.»

Notre conversation a débuté par l’affinité qu’a développée M. Guyonvarch avec la Chine et la langue chinoise. Si cet homme aime la langue et la culture chinoise, c’est beaucoup à cause de sa famille. Sa région natale, située dans l’ouest de la France, est à proximité de la mer. Son arrière-grand-père et son grand-père étaient tous deux marins. À la fin du XIXe siècle et au début du XXe, le premier était venu en Asie, entre autres en Chine et au Vietnam, et il en avait rapporté divers objets, notamment des peintures et des calligraphies. En les admirant, le jeune Olivier trouvait les caractères chinois fort mystérieux et espérait avoir un jour l’occasion de visiter cette Chine impénétrable et de découvrir sa culture.

C’était devenu l’un de ses rêves d’enfant. À 20 ans, même s’il était convaincu de ne pas pouvoir apprendre une langue si difficile, il a tout de même décidé d’essayer. Il se disait que, s’il trouvait l’apprentissage vraiment trop difficile, il serait toujours temps d’abandonner. Or, dès le début de ses études, il a immédiatement été convaincu qu’il les poursuivrait. C’est donc en 1986 qu’il a commencé à étudier le chinois dans une université française. À l’été 1988, il est venu pour la première fois en Chine et il y est resté trois mois. Pendant cette période, il a visité Beijing, Harbin et Heihe (Heilongjiang), avant de se rendre à Chongqing et à Shanghai. Comme il voyageait alors surtout en train, il a eu beaucoup d’occasions d’entrer en contact avec des Chinois.

À cette époque-là, ce qui l’impressionnait le plus, c’était l’ouverture des gens. Il n’aurait jamais imaginé que les Chinois aient pu être aussi ouverts aux étrangers et si sympathiques avec eux! Comme il voyageait seul, les occasions de bavarder avec eux ont été nombreuses. En 1988, il y avait peu d’étrangers en Chine, et encore moins qui savaient parler un peu le chinois. Quand il disait nihao (bonjour, en chinois), les gens étaient très étonnés et le complimentaient. Beaucoup lui posaient des questions.

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Conférence de presse sur l’Année de la France en Chine
En 1991, après avoir terminé ses études, M. Guyonvarch est allé travailler dans une compagnie taïwanaise et a effectué des missions dans la partie continentale du pays. Plus tard, il est entré au ministère français des Affaires étrangères. De 1998 à 2001, il a occupé le poste de vice-consul au consulat général de France à Wuhan (Hubei). Puis, auprès de la direction d’Asie du ministère, il a été chargé d’analyser les renseignements et les informations politiques relatifs à l’Asie du Sud-Est et à la Chine. C’est à l’été 2005 qu’il a pris ses fonctions actuelles de conseiller de presse et porte-parole de l’ambassade de France en Chine. Il habite en Chine depuis.

Parlant de ses regrets, M. Guyonvarch confie que le plus grand est de ne pas avoir fait ses études en Chine. Selon lui, bien qu’il y vive et qu’il puisse continuer d’apprendre le chinois au travail, il n’a pas le temps de déchiffrer tout le sens de chaque mot nouveau. Selon lui, son niveau de chinois n’est pas idéal. Pour parer à cette situation, il s’efforce de lire des romans chinois, notamment des romans contemporains qui l’intéressent beaucoup. Cependant, ses préférences vont aux poèmes des Tang (618-907) et aux vers des Song (960-1279). Il peut réciter certains poèmes simples des Tang, et, lors de notre conversation, il a déclamé très facilement le poème intitulé Pensée de nuit, de Li Bai, un célèbre poète des Tang.

Ce qui le réjouit, c’est que sous son influence, ses deux filles apprennent le chinois. L’aînée, 14 ans, étudie au Lycée français de Pékin et sa première langue étrangère est le chinois. Quant à la cadette, elle a 10 ans et étudie dans une école primaire chinoise de Beijing. Selon M. Guyonvarch, cette dernière parle un chinois plus pur que lui. Il est convaincu que la Chine sera un pays de plus en plus important dans l’avenir, et que si ses deux filles maîtrisent le chinois, cela leur ouvrira certainement des débouchés.

« Les porte-parole chinois sont très professionnels »

Être conseiller de presse pour une ambassade est un travail assez exigeant, de sorte que M. Guyonvarch n’a pas autant de temps qu’au ministère des Affaires étrangères pour analyser les dossiers en détail, puisqu’il doit toujours être en relation avec les médias de tous les pays et être au service des journalistes. Parallèlement, en tant que porte-parole de l’ambassade de France en Chine, il doit accorder des interviews aux médias chinois et à ceux des autres pays ayant des représentations en Chine. Pendant l’Année croisée Chine-France, avec son équipe, il a préparé plusieurs conférences de presse organisées par l’ambassade au Centre culturel français.

Pour faciliter le reportage des journalistes invités, l’édition électronique en chinois des informations à diffuser est toujours à leur disposition. Selon M. Guyonvarch, le contact avec les médias chinois ne pose pas de problèmes, mais devant les médias des autres pays, y compris ceux de la France, il lui faut user de prudence quand il parle. Dans le cas des sujets sensibles ou complexes, il préfère dire qu’il n’a pas les informations sur place, et qu’après avoir recherché l’information exacte, il donne la réponse. Ce qui est important, c’est de ne pas dire des choses dont on n’est pas certain, parce qu’une fois qu’elles ont été prononcées à tort, les paroles ne peuvent plus être retirées.

Selon lui, les médias chinois sont relativement tolérants, et il leur arrive souvent de laisser les agents diplomatiques jeter un coup d’œil sur leurs articles avant qu’ils soient publiés. Par contre, certains médias français le rendent un peu anxieux. S’il y a une phrase prononcée à tort, ils la diffusent rapidement. À deux reprises, il a remarqué des inexactitudes dans des articles de journalistes français et il leur a fait savoir, mais les journalistes français supportent très mal ce genre de remarques, même si elles ont pour but de diffuser une meilleure information, et non de critiquer la presse.

Au sujet de ses collègues chinois, M. Guyonvarch signale : « Que ce soit en France ou en Chine, un porte-parole doit connaître beaucoup de choses. Je trouve que les porte-parole chinois sont très professionnels. » Lorsqu’il a entendu dire que l’Office d’information du Conseil des affaires d’État organisait des stages destinés aux porte-parole du gouvernement, il y a pris un grand intérêt et espère pouvoir un jour participer à un tel stage. Pour lui, les conférences de presse du gouvernement chinois sont bien organisées. Celles du ministère des Affaires étrangères lui sont les plus familières. L’Office d’information du Conseil des affaires d’État organise lui aussi des conférences de presse qui sont toutes diffusées par des sites Web, dont china.org.cn, ce qui permet à davantage de personnes de les suivre.

Le Yangtsé incarne l’image de la Chine

En tant que conseiller de presse, chaque jour, M. Guyonvarch compile et analyse les nouvelles des médias chinois. Ses principales sources d’informations sont, entre autres, Le Quotidien du peuple, le quotidien Guangming et le Global Times; des sites Web importants comme china.org.cn, xinhuanet.com, people.com.cn, sina.com et sohu.com; et des magazines chinois. Il aime lire certains magazines, notamment les China News Weekly, Nanfengchuang et Caijing (finance). Il lit chacun de leur numéro, cherche les informations pertinentes et rédige ensuite un résumé en français.

Compte tenu de son travail, M. Guyonvarch suit toujours de près les informations à contenu politique : l’orientation de la réforme économique et politique en Chine, par exemple. Il collecte également des informations à teneur sociale, puisque la société chinoise change beaucoup et que, grâce aux médias, il peut connaître les nouveaux phénomènes qu’apporte la réforme. Selon lui, The Beijing News et le China Youth Daily fournissent de bonnes informations dans ce domaine, notamment des reportages qui traitent de questions sensibles comme la pollution, la pauvreté, la scolarisation des enfants des paysans ouvriers, etc. Tout cela l’intéresse énormément. Prenant un China News Weekly, il dit justement trouver particulièrement intéressante l’enquête qui est rapportée dans ce numéro et qui traite du développement de la médecine traditionnelle chinoise.

M. Guyonvarch et des journalistes chinois, lors d’une séance d’informationp29

Les

photos non signées sont fournies par l’ambassade de France en Chine.

Selon lui, les médias étrangers ne peuvent pas faire un reportage aussi en profondeur, parce que les thèmes relatifs à la Chine qui les intéressent sont toujours les mêmes : liberté de la presse, droits de la personne, etc. Le problème, c’est que certains médias étrangers n’ont pas d’expériences de ce pays. De plus, de nombreux journalistes étrangers ne parlent pas le chinois, ne connaissent pas la Chine, et leurs écrits portent l’empreinte des pays occidentaux.

Par exemple, s’ils critiquent la liberté de la presse, c’est qu’ils n’ont pas réalisé à la fois l’écart qui existe entre la Chine et les pays développés, et que ce pays a déjà accompli de grands progrès, compte tenu de son point de départ dans ce domaine. Après la réforme et l’ouverture en 1978, une Chine stable a commencé à émerger, mais de nombreux étrangers ne le savent pas. Par conséquent, au moment où ils ont critiqué la Chine, ils ne l’ont pas fait à partir de la réalité du pays.

D’après M. Guyonvarch, à l’étranger, si on mentionne la Chine, les gens pensent tout de suite à la Grande Muraille. Il estime pourtant que la muraille n’est pas très appropriée en tant que symbole de la Chine. En effet, aux yeux des étrangers, elle symbolise le repli sur soi et la défense, alors qu’en réalité, la Chine est un pays ouvert.

Lorsque nous lui avons demandé ce qui, selon lui, pourrait le mieux représenter la Chine, M. Guyonvarch a réfléchi avant de dire que ce n’est pas une question très facile à répondre. Pour incarner la Chine moderne, il choisirait des images d’ouverture: par exemple, le fleuve Jaune ou le Yangtsé. Et il nous donne ses explications. Le Yangtsé prend sa source au Tibet, une région dont l’économie commence à se développer. Puis, il passe par Wuhan, symbole de l’industrialisation des années 1950 et 60. Finalement, il atteint la moderne Shanghai. Si on dit que le Yangtsé ressemble à un dragon, Shanghai est sa tête. De plus, Shanghai est la ville chinoise la plus influente dans le monde. Il justifie son choix en disant que la Grande Muraille est statique et fermée, alors que le Yangtsé est en mouvement, ce qui signifie que la Chine est ouverte au monde et à l’avenir.

Big-bisous à toutes et à tous.@+Domi&Xiu.report_v3Xiu

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