Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog de Xiu
Le blog de Xiu
Publicité
Le blog de Xiu
Archives
Derniers commentaires
27 juillet 2007

Un éden dans les montagnes du Xinjiang

p68nLES plus éclatantes splendeurs de la nature sont souvent cachées dans les endroits les plus reculés. Cela est certainement vrai du lac Kanas, niché au creux des monts Altay, dans le nord de la région autonome ouïgoure du Xinjiang. Ce secteur d’une beauté naturelle sublime et qui est resté jusqu'ici non pollué est l’habitat de 2 000 personnes appartenant à l’ethnie minoritaire tuwa. On connaît peu les ancêtres de ces chasseurs-éleveurs. Certains anthropologues croient que ces derniers seraient des descendants des hordes mongoles de Gengis Khan qui ont déferlé sur l'Asie centrale et l'Europe au XIIIe siècle. Selon d’autres, ils seraient des descendants d’immigrants de la Sibérie et d’une lignée apparentée aux Tuvan de la Russie.

Un village tuwa (On se prépare à une bonne saison touristique)

p69

Une communauté tuwa de quelque 80 ménages se trouve dans une vallée étroite et peu profonde. Des maisons en bois rond avec des toits en pente abrupte sont dispersées entre des pins très hauts et des trembles argentés qui se balancent sous le soleil chaud régnant en maître dans le ciel d’azur. Le pic de l’Amitié, à la frontière sino-russe, se dresse à distance; les vents sibériens de l’Arctique qui y soufflent se réchauffent en descendant dans la vallée, créant un climat favorable aux forêts denses et aux pâturages luxuriants.

Puisque les Tuwa sont lamaïstes, chaque ménage a une niche dédiée au XIe panchen-lama. Celle-ci se trouve sur le mur nord de la pièce donnant à l’ouest. Autour de cette niche sont suspendues des peaux d'animaux en signe de bon augure. Les aînés et les femmes de la maison effectuent généralement les rituels. Étant donné que les premières générations de Tuwa pratiquaient le chamanisme, cette croyance païenne persiste toujours dans la communauté d’aujourd’hui. Des danses chamaniques sont généralement exécutées lors des fêtes importantes.

Tous les nouveaux venus dans la communauté reçoivent un accueil chaleureux, quelle que soit la famille dans laquelle ils vont. Immédiatement à l’arrivée, une variété de boissons et de casse-croûte typiques à la communauté sont présentés. Les visiteurs peuvent goûter chaque spécialité à leur gré; toutefois, boire deux tasses de thé au beurre est un rituel obligatoire. Du thé, du beurre et des tranches de fromage sont servis séparément et offerts au gré des invités. Dans le thé chaud, ce fromage coupé en tranches se ramollit, fond et donne un petit goût piquant.

Selon la coutume des Tuwa, quand la première tasse est vide, elle est immédiatement remplie. Cette pratique se base sur le raisonnement suivant : si le visiteur est entré dans la famille sur ses deux pieds, après avoir bu deux tasses de thé, il pourra en prendre congé de la même façon.


On se prépare à une bonne saison touristique.
Les Tuwa considèrent le chiffre deux comme sacré. Si deux Tuwa se livrent combat, les autres vont assister sans broncher et ne tenteront pas d'intervenir, quelle que soit la gravité des blessures que l’un des deux adversaires pourrait s’être vu infliger. Toute tentative de les séparer serait considérée comme une insulte. Un étranger bien intentionné qui essaierait de les décourager serait battu pour l’avoir fait. Un combat entre Tuwa ne prend fin que lorsque l'un des deux gît par terre, sans défense.

Deux est aussi le nombre de chevaux qu'un Tuwa peut posséder durant sa vie. À 20 ans, à son entrée officielle dans l’âge adulte, sa famille va lui donner un cheval qu'il va monter dans la chaîne des Altay. À 40 ans, il obtiendra son deuxième cheval et c’est celui-là qu’il pourra chevaucher jusqu'à sa mort.

Deux est également le nombre maximum de femmes à qui un homme peut faire la cour durant sa vie. Après deux tentatives, ceux qui ne trouvent pas une épouse demeurent célibataires pour le reste de leur vie. Ils ne se verront témoigner aucune sympathie de la part de leurs pairs, car l’acceptation de leur souffrance est basée sur la maxime suivante : « La chèvre la plus maigre se renforce après avoir traversé deux sommets; l'aigle le plus faible s’élève très haut après avoir volé au-dessus de deux montagnes; et, même l'homme le moins ingénieux apprend après deux essais. » Deux villageois, l’un âgé de 38 ans et l’autre de 46, ont été déshonorés en échouant à trouver une épouse après deux reprises. Selon les villageois, la mauvaise fortune de ces deux hommes est due au fait qu’ils se sont attiré la défaveur de Gengis Khan. Toutefois, d’une certaine manière, ces mêmes villageois leur sont reconnaissants d’avoir rempli le « quota » des deux célibataires qui sont requis pour le village.

Le lac Kanas (En mongol, Kanas signifie " lac dans la vallée ")

p72

Kanas est un mot mongol qui signifie beau, abondant et mystérieux. Le lac se trouve au creux de la forêt vierge des monts Altay, dans le district septentrional de Burqin. Ce lac de quelque 45 km2 se trouve à 1 374 m au-dessus du niveau de la mer et a une profondeur maximale de 180 m.

Ses eaux cristallines reflètent le ciel, avec les variations de couleurs des nuages, de même que les rochers, les arbres et la végétation qui l'entourent.

La réserve naturelle qui entoure le lac est la seule en Chine à se trouver en bordure de trois pays étrangers : la Russie, la Mongolie et le Kazakhstan. Le lac Kanas est la source de la rivière Burqin -- le plus grand affluent de l'Ertix, le seul fleuve chinois à couler vers l'océan Arctique. C'est également la seule région en Chine à posséder une flore et une faune de la Sibérie du Sud.

p71


Au Nouvel An, la lutte dans la neige est un sport traditionnel.
Parmi les nombreuses légendes qui circulent au sujet du lac Kanas, la plus intrigante est celle de son monstre chimérique. Depuis des générations, les Tuwa croient que le lac est l'habitat d'un béhémoth (un monstre mythique très puissant) qui souffle de la brume et des nuages servant à le camoufler lors de son incursion périodique pour attaquer le bétail local. Cette légende s’est avérée être un conte de vieilles femmes, après que, ces dernières années, des touristes et des scientifiques aient vu un banc de poissons énormes qui étaient alignés sur des dizaines de mètres de longueur.

Dans les années 1980, des membres d'une équipe scientifique d'exploration de l'université du Xinjiang avaient aussi repéré un banc de poissons énormes dans le lac Kanas. Deux jours plus tard, une expédition de l'Institut des sciences environnementales du Xinjiang y a aussi aperçu un phénomène semblable et ils ont pu l’enregistrer sur film et vidéo.

Les biologistes ont conclu que la créature est le saumon géant Hucho, un carnivore féroce qui peut vivre jusqu’à 200 ans, qui mesure de 2 à 3 m, peut peser des centaines de kilos et qui nage en bancs. Après avoir capturé un saumon géant de 6 kg, les biologistes ont constaté qu’il avait mangé deux canards sauvages.

Toutefois, les Tuwa ne sont pas convaincus. Le fait qu’ils croient à l’existence de ce poisson-monstre du lac les empêche d’y pêcher ou de faire pâturer leur bétail dans les environs.

La deuxième particularité du lac Kanas est sa digue naturelle en bois. À l’embouchure septentrionale du lac flotte une phalange d’arbres morts. Celle-ci mesure environ 100 m de large et 2 km de long. Elle semble être en place depuis toujours, résistant aux eaux qui coulent vers l’aval, parfois avec force. Ce qui semble bizarre à propos de ce barrage, c’est que si on enlève les pièces de bois, les transporte et les place dans le cours inférieur du lac, elles vont flotter de nouveau vers leur endroit de départ. Il y a cependant une explication scientifique à ce phénomène : les pièces de bois flottent vers le lac depuis les rivières en amont, mais ne peuvent pas descendre plus loin en raison des courants provoqués par des rafales détournées dans la vallée par les montagnes situées au sud du lac. Au cours des années, ces pièces de bois « prisonnières » se sont entassées et ont formé un spectaculaire barrage naturel.


En mongol, Kanas signifie " lac dans la vallée ".
La beauté du lac Kanas est magnifiée par le changement de sa couleur selon les saisons. Pendant le dégel, en mai, il est d’un bleu gris profond, qui en juin, tourne au bleu ciel, quand il reflète la verdure de la montagne de ce début d’été. Juillet est la saison des inondations, alors que les pluies torrentielles qui aboutissent dans le lac Blanc, en amont, transforment les eaux du lac Kanas en un blanc laiteux. En août, le taux élevé de précipitations approfondit sa couleur une fois de plus et la fait tourner au vert et à l’émeraude brillant durant les mois de septembre et d'octobre, plus secs.

Parmi les nombreux facteurs qui contribuent à ce phénomène, mentionnons : les divers minéraux qui sont charriés par les rivières situées en amont; la couleur changeante de la végétation des montagnes autour du lac; et l'angle variable de la lumière du soleil sur la surface de l'eau tout au long de l'année.

Toutefois, ces explications scientifiques sont la dernière chose que vous avez en tête quand vous êtes assez privilégiés pour être sur les rives du lac Kanas et admirer cette beauté de la nature qui semble être restée inchangée depuis des dizaines de milliers d'années.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité