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Le blog de Xiu
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13 mai 2009

Les capitales chinoises de la céramique De haut

Les capitales chinoises
de la céramique

De_haut_en_bas
De haut en bas : Zhejiang, Jiangxi et Guangdong

Un itinéraire pour découvrir ce qui a émerveillé les caravaniers de la route de la Soie.

EN 851, décrivant à ses compatriotes un superbe objet chinois qu’il avait eu l’occasion de contempler, un commerçant arabe déclara : « C’est un vase à fleurs appelé “porcelaine”. Il est aussi transparent que le verre, de sorte que, de l’extérieur, on peut voir l’eau qu’il contient. Pourtant, il est fait à base de terre. »

Émerveillés par la technologie porcelainière de la Chine, depuis très longtemps, les commerçants arabes importaient en grande quantité ses objets d’artisanat de haute qualité. Un grand nombre de porcelaines s’ajoutaient au thé et à la soie qui circulaient sur la célèbre route de la Soie reliant la Chine aux régions arabes et européennes. Vers le XIVe siècle, les porce-laines chinoises étaient vendues en Afrique, en Europe et au Proche-Orient.

Cependant, en raison du long trajet à parcourir, l’offre était bien loin de satisfaire l’énorme demande. Les pays européens ont donc commencé à étudier les secrets de la cuisson des porcelaines chinoises. En 1712, le missionnaire français François Xavier d’Entrecolles est venu à Jingdezhen (province du Jiang-xi), lieu célèbre de production des porcelaines de Chine. Il y a vécu sept ans avant d’exporter en Europe les technologies porcelainières qu’il avait apprises, y compris la fabrication de la poterie non cuite, l’émaillage et la cuisson. De nos jours, l’industrie de la céramique étant prospère, ces capitales célèbres de la céramique jouissent toujours d’un énorme prestige.

Le_12_juillet_2005

Le 12 juillet 2005, dans la salle des ventes de Christie’s à Londres, un vase Guiguxiashan en porcelaine bleu et blanc de la dynastie des Yuan (1271-1368) a été vendu pour 15,688 millions de livres sterling. Ce prix a battu le record mondial de vente d’œuvres chinoises.

Peindre_sur_la_poterie

Peindre sur la poterie crue s’appelle aussi « peindre le bleu et blanc ». On peint et on écrit avec des pigments bleus et blancs, avant d’émailler et de faire cuire.

Jingdezhen, un nom
conféré par l’empereur

Située dans le nord-est de la province du Jiangxi, sur la rive sud du Yangtsé, Jingdezhen (autrefois appelée Changnanzhen) a une histoire deux fois millénaire. C’est à partir de la dynastie des Tang (618-907) que cet endroit a commencé à produire des porcelaines qu’on offrait en tribut à la cour impériale. En 1004, première année du règne de l’empereur Jingde des Song (960-1279), ce dernier donna son nom de règne (Jingde) à Changnanzhen, d’où le nom de Jingdezhen.

Sous la dynastie des Ming (1368-1644), Jingdezhen connut une période florissante de production porcelainière. Des fonds importants furent investis par l’État dans la fabrication d’objets sacrificiels et d’usage courant pour la famille de l’empereur et celles des ministres. Sous le règne de l’empereur Chenghua (1465-1487), les porcelaines peintes produites à Jingdezhen atteignirent la perfection. La coupe décorée de poule et de poulets était l’objet le plus représentatif. De nos jours, le prix d’une coupe de ce genre s’élève à 30 millions de yuans. Selon les collectionneurs, ce type de coupe possède deux caractéristiques rares : d’une part, elle est aussi mince que le papier et aussi transparente que le verre; d’autre part, ses cinq couleurs sont éclatantes. Le bleu, le rouge, le jaune, le vert et le pourpre forment un beau contraste. Durant toute la période des Ming, Jingdezhen a abrité non seulement des fours officiels utilisés pour la cour impériale, mais également des fours populaires, ce qui permettait de satisfaire les nombreuses demandes provenant des marchés intérieurs et du marché international.

Jingdezhen
À Jingdezhen, des voyageurs assistent à la présentation des techniques traditionnelles manuelles de fabrication de la céramique.

À son arrivée à Jingdezhen, pour ses amis, François Xavier d’Entrecolles a décrit cette capitale porcelainière de l’Orient dans les termes suivants : « Elle est située sur une plaine entourée de petites collines. Cette plaine est arrosée par deux rivières qui coulent des montagnes du voisinage et qui se rejoignent pour former un port de 1 km. En entrant dans le port, on aperçoit d’abord la silhouette d’une ville de flammes et de fumées. Dans la nuit, elle semble être entourée de flammes. » Encore de nos jours, la porcelaine demeure une production importante de Jingdezhen, et les vestiges anciens de la fabrication porcelainière font l’objet de protection.

Dans la ville, la zone d’exposition des anciennes céramiques mérite d’être visitée. Grâce à cette exposition, la zone reproduit de manière vivante l’histoire de Jingdezhen durant les XVe et XVIe siècles. Cette zone comprend trois parties : l’Atelier des porcelaines anciennes; les bâtiments populaires des dynasties des Ming et des Qing; et le Musée d’histoire de la céramique.

L’Atelier des porcelaines anciennes permet de découvrir le processus complet de fabrication de l’ancienne céramique à Jingdezhen. Les six complexes d’anciens bâtiments en briques crues sont considérés comme des exemples précieux d’une ancienne construction industrielle en Chine. Chaque complexe est constitué de trois ou quatre bâtiments disposés autour d’une cour carrée et ouverts sur cette cour. Dans ces bâtiments, des artisans fabriquent la porcelaine à la façon traditionnelle. On y trouve encore un haut four rudimentaire du style des Ming qui est alimenté au bois de pin. Long de 18 m, ce four ressemble à un œuf d’oie ovale, l’avant étant plus grand que l’arrière. Dans la partie arrière se dresse une cheminée à paroi mince, haute de 21 m. Malgré sa structure simple, ce four peut, simultanément, cuire plusieurs dizaines de sortes de porcelaines à différentes températures, ce qui est impossible dans un four moderne.

Situé à une heure de voiture de Jing-dezhen, le bourg ancien de Yaoli est également un site historique important. Le caractère yao de Yaoli se prononce de la même façon que le caractère pour le mot four. En tant que berceau de la céramique de Jingdezhen, Yaoli a fait briller la flamme de ses fours de la période des Royaumes combattants (475 – 221 av. J.-C.) jusqu’à la dynastie des Ming. Au début des Ming, avec l’établissement des fours officiels à Jingdezhen, les fours de Yaoli ont été déménagés, et Jingdezhen a pris sa place. Cependant, Yaoli a toujours été le centre de fabrication de la glaçure, la matière première utilisée pour émailler la porcelaine de Jingdezhen. Aujourd’hui, un grand nombre d’ateliers anciens s’y dressent encore. À Raonan, dans le parc thématique de la céramique, des vestiges de la production de céramique ont été restaurés, notamment l’atelier artisanal de youguo (une sorte de pierre destinée à la fabrication de l’émail), l’atelier artisanal de céramique, les vestiges des fours Longyao, dont la forme ressemble à un dragon, ainsi que la noria.

Les fours pluricentenaires de Yixing

Règle générale, les Chinois qui sont de vrais amateurs de thé préfèrent la théière de Yixing, parce qu’elle permet de révéler la saveur particulière de cette boisson. Située dans la province orientale du Jiangsu, Yixing est connue comme l’une des capitales célèbres de la poterie de Chine. Cette ville est également connue pour la fabrication des théières en grès pourpre.

Grand_bol

Grand bol en porcelaine dite coquille d’œuf fabriqué à Jingdezhen

Liu_Qiaorong
Liu Qiaorong (à g.), un maître potier, en train de fabriquer une théière en grès pourpre.

L’histoire de la poterie de Yixing peut remonter à il y a 5 000 ans. Sous la dynastie des Han de l’Est (25-220), Yixing était un des centres de la poterie de la région du Sud du Yangtsé. Après le Xe siècle, la poterie à base de grès pourpre s’est développée progressivement, et au début du XXe siècle, sa production a pris nettement de l’envergure. À la fin des années 1950, Yixing était reconnue comme la « capitale de la poterie ».

À Yixing, en plus de découvrir la fabrication des théières en grès pourpre, les fours Longyao valent également la peine d’être visités. C’est une création exceptionnelle réalisée par les potiers de la Chine antique.

De nos jours, un four Longyao en bon état se trouve toujours dans le village de Qianshu du bourg de Dingshu. Construit à l’époque des Ming, il est le seul four Longyao de Yixing à fabriquer encore de la céramique de manière traditionnelle. On l’appelle le « dernier four Longyao en opération » de Yixing. En Chine, il est également l’un des deux fours des Ming à produire encore de la céramique. L’autre four se trouve dans le bourg de Shiwan de Foshan (province du Guangdong) et est appelé Nanfeng Guzao.

Niché dans le village de Qianshu, ce four Longyao ressemble, vu de loin, à un dragon imposant qui ondule. Avec sa tête, au nord, et sa queue, au sud, ce vieux four mesure environ 50 m de long. La paroi intérieure en voûte est bâtie en briques réfractaires, et l’extérieur est recouvert de blocs de pierre et de terre blanche des bords du lac Taihu. Les 42 paires d’orifices creusés des côtés est et ouest du four servent à mettre le combustible et à observer la température du feu. La poterie en grès pourpre y est cuite à 1 150 °C. Dans le côté ouest du four, il y a cinq autres ouvertures permettant aux potiers d’y mettre ou d’y prendre les produits. Au-dessus du four, on peut voir des abris, soutenus par des colonnes de granit et recouverts de poutres de bois et de petites tuiles. Le combustible utilisé est principalement le charbon, le bois de pin et le bambou.

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Des récipients en grès pourpre

« Le four Longyao de Qianshu est le plus ancien pour ce qui est de la fabrication des ustensiles à base de grès pourpre. Maintenant, on y fabrique surtout des articles d’usage courant tels que des théières, des cuvettes, des jarres et autres pots. La pente de 32 degrés de ce four permet de monter naturellement la température du feu et contribue à économiser l’énergie. Le feu brûle à l’arrière, alors que les produits finis sortent à l’avant. Les nouveaux produits semi-finis sont placés dans un espace libre, avant d’être séchés et cuits par la chaleur qui reste », nous a informé un potier local.

De nos jours, les fours Longyao sont peu à peu remplacés par des fours de nouveau type ayant le charbon, le gazole et l’électricité pour combustible. La qualité des produits finis est meilleure que ceux cuits au bois de pin. De plus, la durée de cuisson est également raccourcie à quelques heures seulement. Selon des habitants locaux, il y a encore quelques dizaines d’années, Yixing abritait une trentaine de fours Longyao. Inutilisés depuis longtemps, la majorité de ces fours se sont toutefois effondrés. Il reste seulement celui de Qianshu. En 2006, la ville de Yixing l’a fait restaurer pour bien le préserver.

La céramique artistique de Shiwan

Situé dans la ville de Foshan (province du Guangdong), le bourg de Shiwan est connu pour la fabrication de céramiques artistiques et d’usage courant. Si Shiwan est connu, c’est qu’il est un important centre moderne de production de céramique. En effet, 40 % des produits céramiques dans le monde en proviennent, et le septième des maîtres artisans chinois dans le domaine s’y trouve. Dans l’Antiquité, Shiwan était aussi un important centre de fabrication. La céramique artistique de Shiwan regroupe cinq genres principaux : statuettes de personnages, statuettes d’animaux, récipients, petites sculptures et faîteaux.

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Faîteaux en céramique de Shiwan du temple ancestral de la famille Chen de Guangzhou (Guangdong)

D’après des documents historiques conservés au Musée de la céramique artistique de Shiwan, l’art céramique de Shiwan remonte aux dynasties des Tang et des Song et a prospéré à l’époque des Ming et des Qing (1644-1911). À son apogée, le bourg de Shiwan abritait 107 fours à céramique et employait 60 000 personnes. En plus de la céramique d’usage courant, la céramique artistique produite comprenait des objets décoratifs, des statuettes de bouddhas et d’Immortels, des ornements de jardin, du matériel du cabinet du lettré, des personnages, des fleurs, des oiseaux, des insectes et des poissons. Ces produits étaient non seulement vendus dans les marchés du pays, mais également dans ceux d’Asie du Sud-Est, d’Europe et d’Amérique. Shiwan est ainsi devenu un important centre de production de céramique; ses techniques de production et son économie étaient avancées. Le bourg était aussi célèbre que Jing-dezhen.

De nos jours, Shiwan abrite des vestiges en bon état de la fabrication de poterie: le four Nanfeng Guzao. Dans le monde, ce dernier est l’un des plus anciens fours en forme de dragon bien préservés et utilisés sans interruption jusqu’à nos jours. Inscrit au Guinness des records du monde, il est surnommé « monument vivant de 500 ans » et « trésor national inamovible ». Shiwan conserve non seulement ses vestiges intacts, mais également ses us et coutumes liés à la fabrication de la céramique. À côté de ce four se dresse une statue du dieu du Feu, haute de plus de 3 m. « Afin de fabriquer les meilleurs produits, toutes les personnes qui participaient à la fabrication de la céramique devaient se prosterner devant le dieu du Feu avant de commencer à travailler. Il s’agit d’une règle transmise par les anciens artisans », disent des gens de l’endroit.

figurine_de_Shiwan
La « figurine de Shiwan » est le nom populaire de la céramique artistique de Shiwan.

Le temple Zumiao est un autre lieu à visiter pour découvrir le charme de la céramique de Shiwan. Les artisans locaux se réunissent régulièrement dans ce « temple ancestral des maîtres de la céramique ». Selon de vieux artisans, le temple Zumiao a été construit à l’époque des Song du Sud (1127-1279), mais il a été détruit durant des guerres. Dans ce temple, on collectionnait, à l’époque, les meilleurs produits céramiques de Shiwan, et même de Foshan. En termes d’envergure architecturale et de conception raffinée, c’est le plus grand et le plus beau des temples ancestraux commémorant le souvenir des maîtres artisans de Foshan.

Dans la petite cour de la salle antérieure du temple Zumiao, on peut, en levant la tête, admirer des faîteaux vivants et expressifs. Comme les fresques, ces sculptures en céramique semblent raconter des contes légendaires et des scènes du théâtre classique. Sur la corniche de la troisième porte de la salle antérieure, il y a 152 personnages en terre cuite vus de face, et 149 vus de dos. Dans l’antiquité, les faîteaux en céramique artistique étaient destinés à décorer les logements; on les appelle « faîteau de Shiwan ». Dans cette région, c’est l’une des caractéristiques de l’architecture ancienne.

Le temple Zumiao est décoré de six faîteaux de Shiwan. Celui au-dessus de la troisième porte est le plus grand, avec 32,03 m de long et 2,10 m de haut. Dans le musée du temple Zumiao sont exposés des faîteaux qui ont été fournis par la population. Ils valent la peine d’être admirés.

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