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Le blog de Xiu
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11 mai 2009

Tian Fengyin, l’âme chinoise aux couleurs

Tian Fengyin, l’âme chinoise
aux couleurs occidentales

Contrairement aux lavis à l’encre de Chine qui, pour beaucoup de gens, constituent la marque de la peinture chinoise, les peintures de Tian Fengyin nous replongent dans l’univers de la peinture à l’huile et de ses couleurs contrastées. Mais au-delà de la forme, la réalité qu’elles illustrent est totalement imprégnée du caractère typique de la vie de la Chine du Nord.

Tian_Fengyin
Tian Fengyin

«JE m’exprime en tentant de marier la peinture à grands traits – typique de la peinture traditionnelle chinoise – avec la peinture à l’huile, et je le fais en présentant la vie locale », confie Tian Fengyin. Elle sait bien que, pour certains peintres chinois, cette façon de faire peut sembler inacceptable, mais elle y tient. « J’aime la vivacité des couleurs et le relief que me permet l’huile. De plus, présenter mes impressions sur la vie en utilisant l’art traditionnel chinois, pour moi, ce serait difficile », ajoute-t-elle. D’emblée, Tian Fengyin exprime sa différence, et il semble bien que cette dernière ne l’empêche pas de séduire les collectionneurs de ses peintures, bien au contraire.

Le_beau_paysage
Le beau paysage ne se présente qu’ici, huile sur toile, 100 x 120 cm, 2008

« À dire vrai, la première fois que je vis un de ces tableaux, j’eus un coup de cœur, déclare l’écrivain Alfred Gilder, tant la toile que je découvrais montrait une technique accomplie, tant le tableau que je détaillai recelait de qualités, tant il traduisait un regard vivant, tant il déclenchait d’émotions bénéfiques. Comme devant une jolie femme, je fus aussitôt sous le charme. En regardant les tableaux de Tian Fengyin, j’entends la Symphonie pastorale de Beethoven, quand ce compositeur de génie exprime le retour bienfaisant du soleil après l’orage. Tian n’est pas une artiste tourmentée, torturée de douleur; c’est un peintre heureux de vivre : elle magnifie les joies de la nature dans sa symphonie picturale. »

Une enfance digne d’un conte de fées

Fille de paysans, Tian Fengyin a toutefois eu un parcours assez exceptionnel. « À ma naissance, confie-t-elle, ma famille était pauvre et comptait déjà cinq garçons et une fille. Mon père avait 50 ans et ma mère plus de 40. Ils se croyaient incapables de me nourrir et avaient promis à un couple sans enfant qu’ils leur donneraient le bébé en adoption. Pourtant, la nuit où elle a accouché, ma mère a rêvé qu’un phénix argenté entrait dans la maison par la fenêtre et qu’il éclairait toute la chambre, ce qui l’a réveillée. Je suis née quelques heures plus tard. Il y avait dans le village un homme âgé qui connaissait la médecine, et ma mère lui a raconté son rêve bizarre. Croyant que cette enfant ne serait pas comme les autres, cet homme leur a proposé de la garder et de l’appeler Fengyin (phénix argenté). Comme il le disait : “ Le Ciel offre un phénix argenté à la famille, pourquoi vouloir le laisser à quelqu’un d’autre? ” »

Chanson_pastorale
Chanson pastorale, huile sur toile, 100 x 180 cm, 2008

Dès l’âge de 2 ou 3 ans, les talents en dessin de Tian Fengyin se manifestaient déjà et elle s’amusait à dessiner partout; d’abord sur des pierres avec des petits cailloux, alors qu’elle gardait les moutons. Son premier vrai dessin a été réalisé un soir, à l’endos d’une estampe du Nouvel An qui avait décollé du mur; elle avait un peu moins de 6 ans et son dessin s’inspirait du film Baoliandeng (Lanterne du lotus miraculeux). C’était neuf fées aux vêtements colorés, mais chose surprenante pour une enfant de cet âge, le dessin mesurait 60x130 cm! Puis, un jour, un critique d’art est passé par la campagne de Huairou et lui a permis de se perfectionner. Sa véritable vie d’artiste allait commencer.

L’amour de la région natale

M_moire__ternelle

Mémoire éternelle, huile sur toile, 100 x 140 cm, 2005

Tian Fengyin est originaire du district de Huairou, en banlieue de Beijing. C’est une zone montagneuse aux paysages exceptionnels où serpente la célèbre Grande Muraille. La région est également renommée pour ses arbres fruitiers, dont le châtaignier, qui est le symbole du district. Ses sentiers sinueux, ses arbres séculaires, ses lacs calmes et ses rivières aux eaux claires se retrouvent sous le pinceau de Tian Fengyin, qui nous les dépeint sous différents angles. « Depuis toujours, mon pinceau illustre la beauté de ma région et note la vie et la mémoire de mon enfance. Je ne dessine pas pour la célébrité. J’aime enregistrer les belles images et les impressions marquantes de la vie, de sorte que ma création ne m’impose aucune pression; ma peinture est simple et naturelle », confie-t-elle. En somme, qu’une peinture soit chinoise ou occidentale, ne serait-ce pas le naturel et la simplicité qui lui permettent d’exalter les valeurs universelles? Tian Fengyin semble l’avoir bien compris.

Née en 1968 à Huairou, tout près de Beijing (capitale de la Chine), Tian Fengyin a obtenu son diplôme de la faculté des Beaux-Arts de l’Université normale de la capitale, en 1992. Trois ans plus tard, elle a commencé une formation plus poussée à l’Institut central des arts appliqués. Elle est maintenant membre de l’Association des peintres à l’huile de Beijing et de la section de Beijing de l’Association des artistes de Chine. Peintre professionnelle, elle assume la direction de la Galerie Baiyun de Beijing. Plusieurs de ses peintures ont été acquises par des entreprises et par des collectionneurs de l’intérieur du pays et de Hong Kong, ainsi que de France, de Grande-Bretagne et de Corée du Sud. Parmi ces œuvres, Le vieux châtaignier donne à nouveau des fleurs fait maintenant partie de la collection du Palais de la culture nationale de Chine et La pivoine au clair de lune a été acquise par la mairie du 13e arrondissement de Paris. à l’automne, plus de 70 de ses huiles seront exposées à Paris et à Oslo.

12 mai 2008, 14 h 28

Un moment gravé dans les mémoires

Esp_rance_en_un_paradis
Espérance en un paradis, huile sur toile, 80 x 200 cm, 19 mai 2008

Mes impressions sur la création de la peinture à l’huile
Espérance en un paradis

« Le séisme de magnitude 8 survenu dans le district de Wenchuan, province du Sichuan, a bouleversé les 1,3 milliard de Chinois. Comme tous mes compatriotes, j’ai éprouvé beaucoup de compassion pour les sinistrés. En même temps, la mort d’un grand nombre de ces derniers m’a beaucoup peinée; dans ces moments difficiles, alors qu’on ne peut plus rien pour eux, il ne me restait qu’à espérer que leurs âmes soient au paradis.

Le 19 mai 2008 à 14 h 28, au moment du début du deuil national, tout comme le reste de la population chinoise, j’ai observé, le cœur lourd, trois minutes de silence pour rendre un hommage ému. Dans cette situation particulière, j’ai pris la décision de créer immédiatement une œuvre à la mémoire des personnes qui venaient de nous quitter afin d’exprimer aux sinistrés mon affection sincère.

Sous la forme d’une peinture que j’ai intitulée Espérance en un paradis, cette œuvre était complétée trois heures plus tard. Espérer que les âmes des victimes du tremblement de terre soient au paradis après nous avoir quittés est une forme de consolation pour nous.

Cette peinture m’a apporté calme et soulagement. Malgré mes faibles moyens, j’avais apporté ma contribution à la population des régions sinistrées.» -- Tian Fengyin

Il y a un an, un puissant séisme causait mort et désolation dans la province du Sichuan. À la fois bouleversée et impuissante, Tian Fengyin n’a pu s’empêcher, au moment du deuil national, de prendre son pinceau pour rendre un dernier hommage aux nombreuses victimes. Voici la peinture qu’elle a faite à ce moment-là et les impressions que sa plume nous a laissées.

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