Tang bi dang che La faible mante religieuse C’est

Tang bi dang che

La faible mante religieuse

C’est une situation toujours tragique lorsque quelqu’un se surestime et tente en vain de freiner une force extraordinairement supérieure. En Chine, pour décrire une telle conduite, les gens utilisent souvent l’expression Tang bi dang che (une mante religieuse essayant d’arrêter un chariot), tirée d’une anecdote qu’a vécue Yan He, un célèbre érudit chinois de la période des Printemps et Automnes (770 – 476 av. J.-C.).

Un jour, Yan He se rendit dans l’État de Wei et fut reçu chaleureusement par le duc Weiling qui lui demanda d’être le tuteur de son fils Kuai Kui. Sachant que Kuai était une canaille qui traitait tout être humain comme s’il ne valait pas plus qu’un brin de paille, Yan hésitait à accepter la demande du duc. Il alla donc discuter de cette affaire avec son ami Qu Boyu, lui aussi un érudit très respecté.

Yan confia à son ami qu’il était enclin à accepter cette offre afin d’aider à changer la conduite du jeune homme et ainsi l’empêcher de faire du mal au pays et à son peuple. « Cependant, si je le forçais maintenant à cesser ses outrages, il pourrait m’enlever la vie. Que dois-je faire? », demanda Yan.

Qu ne lui donna pas une réponse directe, mais lui raconta plutôt l’histoire qui suit.

« Un jour que je me trouvais en chariot à la campagne, je vis deux mantes religieuses sauter en plein milieu de la route. Brandissant leurs deux “couteaux”, les insectes semblaient vouloir arrêter le chariot. Or, quelques minutes plus tard, ces mantes furent écrasées sous les roues du chariot. Bien évidemment, ces faibles insectes ne pouvaient pas arrêter l’engin. À mes yeux, tu es comme ces mantes. Tu te surestimes quand tu crois pouvoir changer la conduite du fils du duc. Tu pourrais être condamné à mort par ce jeune vaurien avant de pouvoir faire quoi que ce soit pour le transformer en homme de cœur. »

Après avoir écouté cette histoire, Yan He décida de suivre les conseils de son ami et déclina l’offre du duc. Plusieurs années plus tard, il apprit que le fils du duc avait commis quantité de crimes et était détesté par à peu près tout le monde dans le pays. Finalement, ce truand fut assassiné.