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Le blog de Xiu
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7 avril 2009

La maternité tardive,un choix réfléchi

La maternité tardive,
un choix réfléchi

Aujourd’hui, de plus en plus de citadines remettent à plus tard la naissance de leur premier enfant, et le phénomène commence à gagner aussi les campagnes. Qui sont ces femmes qui vont à l’encontre de la tradition? Doit-on s’inquiéter ou se réjouir de leur attitude? Des éléments de réponse.

__Beijing

À Beijing, une future mère se fait photographier pour graver le souvenir de cet heureux événement.

PAR maternité tardive, on entend le fait de devenir mère à 35 ans ou plus. Ces dernières années, ce phénomène gagne en popularité chez les citadines et fait l’objet de nombreuses discussions. « Dans les années 1990, ces maternités tardives représentaient en moyenne 2 % du total. Au XXIe siècle, cette proportion a grandement augmenté. Ainsi, fait surprenant, ce pourcentage a doublé en 2006 et a même atteint 7 % dans des villes comme Beijing, Shanghai et Shenzhen », déclare le Pr Wang Liang, directeur du département de gynécologie et d’obstétrique de l’Hôpital du peuple de la province du Zhejiang. Cet homme suit de près ce phénomène depuis longtemps.

Ces pourcentages inquiètent le milieu médical. Pourtant, selon des données récentes fournies par des scientifiques britanniques, pour la femme, 35 ans est le meilleur âge pour donner naissance à un premier enfant. Toutefois, le monde médical chinois insiste sur la conception traditionnelle : en raison de la constitution physique des Chinoises, 27 à 30 ans est sans contredit la meilleure tranche d’âge pour donner naissance à un premier enfant. Des établissements de santé ont également indiqué que la probabilité que l’accouchée ou son nouveau-né aient des problèmes de santé est plus élevée si la femme a plus de 35 ans.

Les citadines donnent le ton

Les femmes chinoises ne craignent pas d’accoucher à 35 ans ou plus. Selon une enquête effectuée par NetEase, l’un des sites Web les plus populaires en Chine, à la question « Si vous aviez 35 ans, envisageriez-vous encore d’avoir un enfant? », 39,7 % des femmes ont répondu « Oui »; 32 % ont dit « Non », et 28,3 % croyaient que l’âge n’était pas un problème. Cela signifie que plus de six femmes sur dix acceptent d’être mères à cette étape de leur vie.

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Pour certaines maladies, la probabilité que l’accouchée ou son nouveau-né aient des problèmes de santé est plus élevée si la femme a plus de 35 ans.

En réalité, ces dernières années, des célébrités ont eu une maternité tardive, ce qui a renforcé la confiance des femmes. Notons quelques exemples : la princesse héritière du Japon a donné naissance à une fille à 38 ans; la célèbre actrice de cinéma Lin Qingxia, de Taiwan, a eu son premier enfant à 42 ans; Wu Xiaoli, une présentatrice très connue de Hong Kong, a accouché pour la première fois à 35 ans; et la célèbre chanteuse de la partie continentale de Chine Mao Amin, à 41 ans. « Aujourd’hui, les gens font attention à leur santé et appliquent les connaissances scientifiques dans leur vie. Je crois que si les conditions économiques le permettent, qu’on a de bonnes habitudes de vie et qu’on accouche dans un bon hôpital où l’accouchée et le bébé reçoivent des soins attentifs, il n’y a pas de problème à avoir un premier enfant à 40 ans », affirme avec confiance Mme Cheng Ruhong, 33 ans. Responsable d’un projet à capitaux sino-étrangers, cette femme reporte sa maternité à cause de ce travail. « Je ne peux pas encore donner une vie stable à un enfant. Dans trois ans, une fois ce projet terminé, je vais y réfléchir. »

Ce sont les femmes ayant des niveau d’instruction, salaire et poste élevés qui représentent la majorité des femmes qui deviennent mère pour la première fois à 35 ans ou plus. La proportion est encore plus forte dans des zones où se concentrent des personnes hautement qualifiées et des cols blancs du secteur des technologies de l’information. Par exemple, dans l’arrondissement Haidian de Beijing qui rassemble beaucoup de jeunes intellectuels, la proportion des femmes qui ont 35 ans ou plus lorsqu’elles ont leur premier enfant atteint un pic. « Dans notre établissement, deux ou trois accouchées sur dix sont des mères de cette tranche d’âge », déclare le médecin Zhao Tianwei, directeur de l’Hôpital de gynécologie et d’obstétrique de Haidian, et responsable du service de consultation Kangya de Beijing.

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Concert pour les futures mères

Selon le démographe Zeng Yi, professeur à l’université de Beijing, le report de la maternité constitue l’une des conséquences de l’industrialisation. « En raison du démantèlement de l’économie familiale traditionnelle et du changement de modèle de production, la période des études s’allonge. Après les études, on doit commencer à travailler au bas de l’échelle pour assurer sa subsistance et accumuler le capital nécessaire pour avoir un enfant. Il y a aussi d’autres facteurs : le coût élevé de la maternité et de l’entretien d’un bébé, ainsi que la baisse de la valeur économique des enfants pour les parents (Dans les campagnes, l’enfant représente encore une force de travail. – NDLR) », explique M. Zeng.

Le Pr Tong Xin, du département de sociologie de l’université de Beijing, pense que la maternité tardive est étroitement liée à l’élévation du statut social des femmes. « Avec l’élévation de leur niveau d’instruction, les femmes ne sont plus une “machine à faire des enfants”, et elles n’ont plus besoin d’avoir un enfant pour acquérir un statut dans la famille. Elles sont donc de moins en moins soumises au concept traditionnel de “perpétuer la lignée”. Grâce à leur indépendance croissante et à leur mode de vie de plus en plus souple, les femmes ont un éventail de choix », analyse-t-il.

« Les gens d’aujourd’hui tendent à vivre pour eux-mêmes », confie Lu Di, employée dans une société étrangère. Devenue mère à 26 ans, cette femme regrette d’avoir eu son enfant si jeune. Elle envie les femmes qui ont eu une maternité tardive et qui ont pu travailler, réussir et jouir de la vie pendant qu’elles étaient encore jeunes.

Wang Liang n’est toutefois pas du même avis. « Si leur grossesse échoue, les femmes plus âgées ont moins le goût que les plus jeunes femmes de tenter à nouveau d’avoir un enfant », précise-t-elle.

L’influence du nombre croissant de primipares de 35 ans ou plus sur la structure démographique a suscité l’attention des démographes. « Le report de l’âge de la maternité entraîne une diminution du taux de natalité. Au temps de l’essor démographique, ce facteur était négligé, mais c’est différent maintenant », constate le démographe Zeng Yi. Son étude a démontré une baisse de 0,23 de la natalité dans la seule période allant de 1996 à 1999.

Les femmes rurales emboîtent le pas

Des changements se sont également produits à la campagne. D’après le démographe Zheng Zhenzhen, de l’Académie des sciences sociales de Chine, en raison de la forte augmentation du nombre de jeunes femmes et de jeunes hommes qui migrent pour aller travailler en ville, il est possible que ces conditions donnent aussi lieu à une diminution de la natalité à la campagne.

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Ces dernières années, de plus en plus de citadines deviennent mère à 35 ans ou plus.

Selon une récente enquête réalisée par le groupe de recherche de ce démographe, il existe des différences marquées entre les femmes rurales qui étaient parties travailler en ville et celles qui n’y sont jamais allées quant à leur conception du mariage et de la maternité et au comportement qu’elles ont adopté. À comparer aux femmes qui étaient toujours restées à la maison, les femmes migrantes étaient plus âgées à leur mariage et à leur première maternité, le nombre actuel de leurs enfants ou le nombre désiré était moins élevé, et l’intervalle entre deux maternités était plus long.

« En général, parmi les femmes ayant participé à l’enquête, travailler en ville a entraîné un report de l’âge du premier mariage et de l’âge de la première maternité. Les statistiques sur l’âge de l’enfantement chez les femmes qui sont parties travailler montrent que celles qui sont parties avant d’avoir un enfant sont relativement plus âgées quand elles ont leur premier enfant. Celles qui sont parties entre la première et la deuxième maternité sont également plus âgées que les autres femmes lors de la deuxième maternité. Finalement, l’intervalle entre le premier mariage et la première maternité et entre deux maternités est plus grand », constate M. Zheng.

Au cours de l’enquête, son groupe d’étude a également découvert que, par rapport aux femmes qui restent à la maison, il y a plus de possibilités que les travailleuses migrantes ne veuillent qu’un seul enfant. Dans des conditions similaires d’âge, de niveau d’instruction et de situation économique familiale, le déplacement agit sans contredit sur la réduction du nombre d’enfants souhaités.

Ainsi, à cause de l’industrialisation et de l’urbanisation rapides survenues en Chine ces dernières années, l’explosion démographique, qui avait été prévue au XXe siècle par certains démographes, ne s’est pas produite. L’approche des femmes envers la maternité se diversifie, et l’intérêt qu’on y porte va en diminuant dans une partie de la population.

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