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Le blog de Xiu
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28 janvier 2009

Le commerce florissant des antiquités au marché

Le commerce florissant des antiquités au marché de Panjiayuan

Les affaires prospèrent au marché aux antiquités de Panjiayuan, dans le sud-est de Beijing. Les touristes y viennent nombreux pour dénicher la perle rare. Mais l’objet authentique est de plus en plus difficile à trouver, perdu dans la masse des reproductions.

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Une femme examine soigneusement une porcelaine

TOUS les matins vers 9 h, Shu Jianjun se rend à sa boutique du marché aux antiquités de Panjiayuan. Il dispose toute une gamme de sceaux sur l’étal installé devant la vitrine de son magasin et attend les clients. M. Shu est particulièrement habile dans la gravure de portraits humains taillés dans de petites roches. Les artisans comme lui sont pléthore dans ce marché. L’incroyable variété des articles à vendre a de quoi donner le vertige aux visiteurs.

Les origines du marché

Le marché de Panjiayuan existait déjà sous une forme embryonnaire dans les années 1980. À cette époque, les collectionneurs d’antiquités et d’occasions s’y réunissaient pour négocier leur articles. Mais il faut attendre 1992 pour que le marché soit officiellement reconnu par les autorités. Aujourd’hui, il représente le plus gros marché aux antiquités de Chine.

En 1985, Shu Jianjun a commencé à être vendeur ambulant de sceaux, sillonnant les rues de Beijing. Quinze ans plus tard, il a ouvert un stand à Panjiayuan. La fabrication de sceaux chinois nécessite beaucoup de savoir-faire en matière de calligraphie et de gravure. Cet art remonte à la dynastie des Zhou (1046-771 av. J.-C.).

La Chine peut s’enorgueillir de posséder un patrimoine culturel riche sur son vaste territoire, mais ce dernier tend à disparaître avec la modernisation du pays. Depuis la politique de réforme et d’ouverture en 1978, l’économie chinoise a subi une profonde restructuration. Dans les années 1990, certains hommes d’affaires avisés ont estimé qu’un marché consacré aux reliques culturelles chinoises était une belle opportunité. Des meubles antiques et des articles de jade typiques, tout aussi bien que des objets artisanaux déterrés lors d’un chantier d’habitations ou d’infrastructures, étaient alors récupérés par des vendeurs ambulants et écoulés sur le marché de Panjiayuan. Zhou Wensheng, qui travaille dans une maison d’édition, se rend régulièrement à cet endroit. Selon lui, de nombreuses antiquités de grande valeur sont transformées en marchandises dès lors qu’elles sont vendues sur un marché.

D’après le directeur du Bureau administratif du marché de Panjiayuan, Wang Limei, le chiffre d’affaires annuel du marché est de 400 à 600 millions de yuans. Panjiayuan est divisé en quatre sections selon les articles vendus : meubles; porcelaines; textiles; calligraphies, peintures et jade. En outre, un large espace est mis à la disposition des vendeurs occasionnels pour y étaler leurs articles.

Le marché connaît ses pics de fréquentation le week-end, au moment où grouillent de nombreux vendeurs occasionnels. Ils sont assis par terre et la plupart d’entre eux sont des fermiers chinois, au teint basané et aux pieds nus enfouis dans de vieilles chaussures de cuir bon marché.

Shu Jianjun reconnaît que la plupart des sceaux de sa boutique sont de fabrication récente. « Un sceau précieux de l’ancienne époque pourrait valoir plus de 1 000 yuans », estime-t-il. Nombreux sont les artisans de Panjiayuan à posséder un savoir-faire. M. Shu, considéré comme le meilleur graveur, a été loué pour ses sceaux artistiques. Il fait payer 680 yuans la gravure d’une image, et 50 yuans celle d’un caractère.

« En 1985, pour moins de 100 yuans, on pouvait s’acheter une précieuse porcelaine bleue et blanche datant du règne de l’empereur Qianlong (1736-1795), sous la dynastie des Qing (1644-1911) », rappelle Zhou Wensheng. À ce moment-là, les articles en vente dans le marché étaient principalement des meubles en bois, des peintures et écrits de personnalités, des porcelaines et des objets décoratifs des dynasties des Ming (1368-1644) et des Qing. Avec le temps, les vendeurs sont venus de plus en plus nombreux sur le marché, tandis que les étrangers ont manifesté de plus en plus d’intérêt dans la collection d’œuvres folkloriques chinoises. « Ici, on peut trouver beaucoup de trésors, mais les reproductions sont aussi légion », affirme M. Zhou. Il arrive qu’un gros vase en porcelaine, qui affiche 380 yuans, soit vendu au rabais pour seulement 50 yuans.

Une culture en voie de disparition

Dans une certaine mesure, Shu Jianjun perpétue le savoir-faire artisanal traditionnel chinois. Selon lui, beaucoup de sceaux sont précieux, car ils sont associés à des événements historiques spécifiques. Mais il ajoute que peu de clients sont de vrais collectionneurs. La plupart les achètent en dilettante.

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Le marché aux antiquités de Panjiayuan

La majorité des articles vendus à Panjiayuan sont des reliques culturelles ou leurs reproductions. Les objets les plus populaires auprès des acheteurs sont reproduits en grande quantité. Zhou Wensheng se souvient qu’au début des années 1990, un ami a déboursé une somme considérable pour une porte gravée de la dynastie des Ming, car il voulait que cette œuvre ne soit pas perdue, en tombant entre les mains d’un collectionneur étranger. Mais peu de temps après, de nombreuses répliques de cet objet sont apparues sur le marché.

« Dès qu’il y a des acheteurs et des opportunités pour faire de l’argent, il devient difficile pour la famille de conserver son héritage », soupire Zhou Wensheng. Il pense que l’introduction sur le marché des anciens petits coffrets à bijoux témoigne de leur disparition progressive du quotidien des habitants, même dans les régions rurales. Il fait la même constatation pour les gravures sur bois du Nouvel An, dont l’apparition sur le marché indique leur disparition progressive dans les campagnes. « Le nombre de reliques authentiques est limité. Si un jour, on ne les trouve plus à Panjiayuan, cela signifiera que cette culture est en voie d’extinction », affirme M. Zhou.

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Deux visiteurs étrangers examinent une peinture sur rouleau. Lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Beijing, les peintures sur rouleau ont tellement impressionné le public qu’elles sont maintenant très populaires auprès des étrangers.

Wang Limei tient une position différente : « Le marché de Panjiayuan est pareil à un musée historique et culturel. Les objets qui y sont vendus révèlent la culture millénaire de la Chine. Les gens peuvent ici se remémorer leurs anciens souvenirs. Le marché joue un grand rôle dans la protection des reliques culturelles et des objets traditionnels. Si le marché n’existait pas, les gens auraient peu l’occasion de découvrir des objets anciens. »

Avec la montée en puissance de l’économie chinoise, de plus en plus d’étrangers manifestent leur intérêt pour la culture de l’empire du Milieu. Wang Limei affirme que, selon un comptage effectué à l’entrée du marché, pendant les Jeux olympiques de Beijing, trois à quatre touristes étrangers y ont pénétré toutes les minutes. Le président bulgare Georgi Parvanov a acheté une sculpture bouddhiste en bois de buis. L’ancien premier ministre français Jean-Pierre Raffarin a fait une bonne affaire en achetant un éventail 350 yuans au lieu de 1 000 yuans.

Un bon moyen de s’enrichir

À Panjiayuan, les rangées de boutiques se succèdent et les coins débordent de fatras d’objets. Les vendeurs se tiennent toujours avec indifférence, assis en retrait ou lisant des journaux, buvant du thé ou encore faisant leurs comptes. Parfois, il leur arrive de discuter en anglais avec un flâneur étranger. Ils semblent être assez informés du pouvoir d’achat des étrangers.

Parmi ces touristes, Mark, un Italien, a passé des années en Chine durant sa jeunesse et parle couramment chinois. Un jour, il a demandé à Shu Jianjun de lui graver son portrait et son nom sur une pierre. « De nombreux acheteurs reviennent ici. Je fais de très bonnes affaires », affirme M. Shu. Autrefois vivant à Shanghai et à Shenzhen, le graveur est aujourd’hui installé dans son propre appartement à Beijing.

En raison du flux continuel des visiteurs, les boutiques voient leurs affaires prospérer. Dans un magasin d’ameublement, un homme d’âge moyen vient d’acheter un ensemble de table et de chaises, reproduites dans les styles Ming et Qing. Selon le propriétaire de la boutique, les riches adorent les antiquités élégantes, mais les reproductions sont bien sûr moins chères que les œuvres originales. La croissance rapide de la Chine a non seulement augmenté l’achat des produits de luxe, mais aussi des curiosités et des antiquités. Les riches s’offrent des voitures haut de gamme, des sac Louis Vuitton et des meubles anciens. « Beaucoup de reliques culturelles peuvent être utilisées pour la décoration d’intérieur. Les articles ici sont plutôt bon marché. C’est une façon économique de faire preuve d’élégance », explique Zhou Wensheng.

Selon Wang Limei, certains collectionneurs s’enrichissent en recherchant des trésors. Mais trouver la bonne affaire parmi toutes les reproductions nécessite un bon flair. Par exemple, pour les sceaux, un collectionneur doit connaître leur histoire et leur évolution, car chaque sceau porte l’empreinte de son époque.

Un jour, Zhou Wensheng a acheté une assiette en porcelaine pour 300 yuans. Celle-ci s’est révélée être une porcelaine bleue et blanche authentique de la dynastie des Yuan (1271-1368), estimée au moins à 370 000 yuans.

Tandis que certains perdent leur argent en achetant des objets contrefaits à un prix élevé, d’autres s’enrichissent. Han Liguo, venu de la province du Hebei, vit de l’achat et de la revente des livres anciens depuis plus de dix ans. En 2003, il a loué une place à Panjiayuan pour 5 yuans la journée. Il a acheté ses livres dans un centre de recyclage pour 4 yuans le kilogramme. Aujourd’hui, il tient une boutique sur le marché aux antiquités et dispose de son propre appartement dans la banlieue de Beijing.

Dans un magasin de porcelaines, le propriétaire, un jeune homme de 20 ans, coiffé à la brosse et portant un jean peu seyant, ne s’étonne pas que le marché soit si prospère. « Vendre des antiquités rapporte de l’argent », résume-t-il.

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