Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog de Xiu
Le blog de Xiu
Publicité
Le blog de Xiu
Archives
Derniers commentaires
27 novembre 2008

Pigeon vole

Pigeon_vole

DANS le vieux Beijing, les propriétaires de pigeons étaient nombreux. Il était donc commun de voir, au détour d’une allée, un certain nombre de foyers en compagnie de ces volatiles. Dresser des pigeons supposait de les soigner, de les entraîner à voler, à retrouver leur maison après un long vol et à savoir combattre. Dans le jargon des éleveurs de pigeons, « combattre » consistait à savoir « revenir ». « Revenir » voulait dire que le pigeon qui s’était trompé de foyer devait être renvoyé à son propriétaire, conformément à un accord passé entre ce dernier et les éleveurs de pigeons voisins. « Ne pas revenir » signifiait que le pigeon avait été capturé par un autre éleveur qui ne voulait pas le rendre. Le pigeon était alors considéré comme mort pour son ancien propriétaire.

Les dresseurs de pigeons consacraient beaucoup d’efforts à bien entraîner leurs oiseaux. Des pigeons bien dressés s’envolaient ou atterrissaient aux ordres de leur maître. Ils pouvaient voler loin ou décrire des cercles dans les environs. Lorsqu’une volée de pigeons apparaissait dans le ciel, un éleveur pouvait ordonner à ses oiseaux de voler et de se mélanger au groupe. Au bout d’un moment, alors que les deux volées étaient regroupées, le maître lançait le signal du retour à ses pigeons pour qu’ils « kidnappent » les autres pigeons. Si le nombre d’oiseaux était plus important à l’arrivée qu’au départ, le « kidnapping » avait réussi. L’éleveur ordonnait alors à ses pigeons d’atterrir, en ramenant les pigeons « volés » à la maison. Dans la plupart des cas, les pigeons « kidnappés » étaient de jeunes oiseaux qui ne savaient pas encore identifier leur propre maison. Lorsqu’ils étaient perdus, ils atterrissaient sur le toit d’une autre maison pour y être nourris et entrer dans le nid des autres pigeons. On les qualifiait de « prisonniers de guerre ». L’authentique propriétaire des pigeons « kidnappés » devait alors venir supplier l’autre éleveur pour espérer récupérer ses oiseaux. S’il se montrait courtois, les deux propriétaires s’arrangeaient amicalement.

Le dressage des pigeons était donc un loisir passionnant qui pouvait engendrer tout autant de la joie que de la tristesse. Pas étonnant que l’écrivain chinois Lao She ait fait dire à un des personnages de la pièce La Maison de Thé, la réplique suivante : « Ce ne sont pas des pigeons qui tournoient là-bas. Ce sont en fait des taels volant dans le ciel. »

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité