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Le blog de Xiu
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18 janvier 2008

Trois piliers de l’éducation traditionnelle de base

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Par cette classe de musique, ces enfants de Shenzhen font l’expérience de ce qu’étudiaient leurs pairs, il y a des siècles, et de la manière dont ces derniers étudiaient. -------------China Foto Press

Le peuple chinois a toujours accordé beaucoup d’importance à l’éducation de base. Il y a des siècles, des garçons de 5 ou 6 ans entamaient leur instruction par des cours sur l’éthique, et ces cours étaient destinés à guider ces jeunes sur la voie qui allait en faire des citoyens de haute moralité.

Une sagesse précoce

Tous les Chinois connaissent l’histoire de Kong Rong, un descendant de Confucius (son nom de famille était Kong ), qui a vécu vers la fin de la dynastie de Han de l’Est (25-220). Kong Rong était le sixième de sept fils. Un jour, alors qu’il était enfant, sa mère déposa sept poires sur la table à l’intention de ses enfants. Kong Rong choisit la plus petite. Heureux, mais perplexe, son père lui demanda pourquoi il avait agi ainsi. L’enfant de 4 ans lui répondit : « Je suis jeune et je dois laisser les plus grosses poires à mes frères aînés. Mais puisque j’ai également un frère cadet, je dois lui laisser une plus grosse poire. » Cette histoire est citée dans le San Zi Jing, un classique de l’Antiquité sur l’éducation de base.

Les éducateurs de l’Antiquité ont également écrit ou compilé le Qian Jia Shi (Collection de poésies populaires anciennes), imprimé il y a un siècle.

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Une école privée, vers la fin de la dynastie des Qing (1644-1911)

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Une partie du texte du Qian Zi Wen, retranscrite par le moine Zhiyong, à la fin du VIIe siècle.

Dans la culture confucéenne antique, la morale et l’éthique étaient deux des aspects prédominants de l’éducation chinoise.

Cette prédominance a donné lieu à la maxime bien connue : « Le potentiel d’un enfant en tant qu’adulte est apparent quand il a 3 ans; ce qu’il sera réellement est évident à 7 ans ». Ce dicton a alerté bien des parents sur la nécessité de cultiver les traits de personnalité de leur enfant, dès son tout jeune âge, en récompensant les bons comportements et en décourageant les tendances antisociales. Si des problèmes comportementaux persistent quand un enfant a atteint 7 ans, ils se manifesteront durant toute sa vie. La psychologie moderne reconnaît la validité scientifique de cette théorie. Étant donné que la réussite d’une personne dans la vie dépend en grande partie de sa conduite dans son environnement social, il est certain que l’éducation de base façonne la totalité de sa vie.

Le San Zi Jing : la « bible » de l’éducation de base

On a peine à imaginer que, jusqu’à l’arrivée de l’éducation moderne et des écoles publiques (dans la deuxième moitié du XIXe siècle), le matériel didactique de base en Chine n’avait pas changé depuis des milliers d’années. Parmi les premiers manuels, citons le San Zi Jing, le Qian Zi Wen (Classique des mille caractères) et le Bai Jia Xing (Livre des cent noms de famille). Les autres manuels fréquemment utilisés étaient le Qian Jia Shi (Collection de poèmes populaires antiques), le Dizi Gui (Code de conduite pour les élèves), et le Ming Xian Ji (Livre sur les célébrités et les hommes de vertu).

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Mettre un point rouge sur le front des enfants d’âge scolaire était une pratique populaire dans la Chine antique. Celle-ci marquait le début de l’instruction des enfants. Le point rouge symbolise l’œil de l’intelligence.-------------------------- China Foto Press

Cependant, de tous les manuels utilisés à l’école primaire, le San Zi Jing était le plus courant, et par conséquent, le plus influent. Il a été introduit au Japon et en Corée, il y a des siècles. Il a d’ailleurs été traduit en russe en 1727, et plus tard en anglais et en français. À l’automne de 1990, l’Unesco a inclus ce livre dans sa série sur l’éducation morale des enfants. Depuis lors, il a été publié dans le monde entier.

Le San Zi Jing a été écrit par Wang Yinglin (un érudit confucéen et éducateur réputé du XIIIe siècle), à l’intention des enfants de son clan. Il se compose de strophes rimées à trois caractères, et quatre strophes composent une phrase. Les 1 415 caractères du San Zi Jing énoncent succinctement l’essence du système de valeurs et le code d’éthique chinois. Ce chef-d’œuvre a toujours été considéré comme une encyclopédie des sciences humaines pour enfants, une aide pédagogique systématique pour les professeurs et une lecture indispensable pour les parents.

En citant en exemple une histoire sur Mencius, le texte débute par l’importance de l’éducation. Alors qu’il avait 2 ans Mencius a perdu son père. Veuve, sa mère a essayé de joindre les deux bouts en vendant de l’étoffe qu’elle avait tissée. Toutefois, quelles que soient les difficultés de la vie, elle prenait toujours le temps de créer les meilleures conditions possibles pour l’éducation de son fils. Mencius était un garçon intelligent, mais espiègle. Dans son enfance, lui et sa mère vivaient près d’un cimetière. Mencius est alors rapidement devenu familier avec les rituels des cérémonies funèbres. Croyant que cet environnement morbide pouvait être particulièrement malsain pour son fils, la mère a décidé de déménager en ville, près d’un marché. Peu de temps après, Mencius a commencé à se comporter comme un commerçant astucieux. Cherchant à freiner cette tendance, sa mère a déménagé de nouveau la famille, cette fois, dans un logement situé tout près d’une école. Comme prévu, le jeune Mencius s’est avéré être un écolier intelligent et semblait avoir un grand potentiel pour la recherche. Toutefois, puisqu’il terminait généralement ses travaux scolaires bien avant les autres, il s’esquivait de la salle de classe pour aller flâner.

Un jour qu’il était resté trop longtemps éloigné, son professeur s’est rendu chez lui pour aller le chercher. À la nouvelle de l’absentéisme de Mencius, la mère a réagi en coupant tous les fils sur son métier à tisser et en disant à son fils de les raccorder. Mencius se montra incapable de remettre en ordre cette masse empêtrée de fils coupés. C’est la manière que sa mère avait choisie de lui montrer que l’étude est comparable au tissage, en lui prouvant que les lignes complexes du savoir sont semblables aux fils sur un métier à tisser: une fois brisés, ils ne peuvent plus être raccordés. Dès lors, Mencius a étudié très fort et est devenu un sage confucéen respecté et vénéré.

Le Qian Zi Wen

Le Qian Zi Wen est un manuel aussi important que le San Zi Jing dans l'éducation de base. Zhou Xingsi, son auteur, a vécu au début du VIe siècle.

Ce dernier était renommé pour ses vastes connaissances, son esprit vif et sa verve littéraire. Grâce à sa réputation, il a été nommé secrétaire personnel de l’empereur Wudi de la dynastie des Liang (502-557). L’empereur l’a alors chargé de compiler ce manuel au profit de ses fils et neveux. Il lui a ordonné de choisir 1 000 caractères des calligraphies de Wang Xizhi et d’en faire un traité en vers. Zhou Xingsi en a fait un chef-d’œuvre littéraire qui a plu à l’empereur.

Le Qian Zi Wen était à l’usage exclusif de la famille impériale. C’est grâce au moine Zhiyong, qui a vécu à la fin du VIIe siècle, que les gens ordinaires ont pu y avoir accès.

La vaste gamme des sujets couverts par Zhou Xingsi dans les 1 000 caractères comprend l’astronomie, la géographie, l’histoire, la politique, les affaires militaires, la culture, la littérature, les arts, la vie sociale, l’éthique, ainsi que les saints et les sages de l’Antiquité.

Règle générale, on considère que le Qian Zi Wen est une épopée poétique encore plus vaste que le San Zi Jing, car il est imprégné d’une beauté et d’une poésie encore plus profondes.

Le Bai Jia Xing

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Mencius (à g.) est vénéré aux côtés de Confucius, au temple portant son nom, à Qufu. Huo Jianying

Le Bai Jia Xing constitue la composante finale de cette trilogie de manuels antiques. Son but est d'aider les enfants à apprendre les caractères chinois en mémorisant les cent noms de famille chinois les plus courants. Il examine les origines de ces noms de famille et donne des détails sur les personnages célèbres au sein de divers clans, de même que sur leurs vertus et leurs mérites. Ces personnages modèles tirent leurs forces dans l’éthique. L’étude de ces trois livres demandait généralement un an et demi pendant lequel les élèves devaient maîtriser plus de 1 000 caractères de l’écriture chinoise. C’est plus que ce à quoi l’on s'attend de la part d’un élève de deuxième année dans une école d’aujourd’hui.

Ces trois piliers de la sagesse pédagogique ont peut-être été remplacés par des théories plus modernes sur l’éducation, mais leur influence se continue, car ils ont laissé une marque indélébile dans la conscience collective des Chinois.

Big-bisous à toutes et à tous. @+Domi&Xiu.ReporterchineXiu

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